Dans la série « polémiques autour d’un morceau de viande crue » : une autre lecture sur l’aspect sectaire, avec une pincée d’écologie.
« Bon mais ton truc paléo, ça veut dire que tu manges beaucoup de viande, et ça c’est mauvais pour la planète, non ? pas très écolo, ton histoire. Et puis ces chapelles, avec des mecs qui ont des idées bizarres, contraires aux recommandations diététiques (Cinq fruits et légumes par jour …) c’est pas très rassurant ».
C’est une bonne question, puisqu’on peut légitimement penser que le retour à une alimentation proche de celle de nos ancêtre relève d’une démarche écologique, mais en ce qui me concerne ce n’est pas ma préoccupation première – qui est plutôt de l’ordre de la bonne santé et d’éviter tant que faire se peut de s’empoisonner avec de la bouffe industrielle.
Mais on va voir qu’il y a des ponts subtils avec les préoccupations écologiques.
Alors …
Est-ce que je mange plus de viande qu’avant ? Est-ce que je pollue plus, avec mon alimentation ?
En fait, non. Plus de protéines, oui. Mais on trouve des protéines dans les laitages, et dans les oeufs (je mange beaucoup d’oeufs, source de protéines qui ne nécessite pas de massacre organisé, et qui plus est très bon marché). Je ne suis pas passé à un kilo de rumsteack par jour. Et toute la mouvance paléo insiste beaucoup sur le « grass fed beef » – donc justement pas nourri avec des céréales, avec une agriculture locale, et le fait de manger des bas morceaux et pas uniquement la viande maigre; j’ai fait mon premier bouillon de dinde il y a quelques jours, alors qu’avant je mettais tout à la poubelle après avoir mangé le blanc et les cuisses. Comme il semble qu’on mette à la poubelle plus de 30% de ce qu’on achète, pour le coup c’est assez écolo, et économique.
L' »intermittent fasting » est souvent recommandé dans le régime paléo. 24 heures sans manger, ça fait aussi des économies. Contrairement à la plupart de mes collègues, je saute souvent le repas de midi (ils mangent un hamburger ou un kebab dégoulinant de graisses trans).
Je ne mange plus de céréales. Je ne sais pas si il faut plus d’eau pour faire pousser un kilo de courgettes que de blé, mais je ne pense pas. Et là encore, le fait de ne pas avoir recours à des plats préparés (« eat real food ») permet de prendre de la distance par rapport à la bouffe industrielle, et je ne suis pas très loin de commander mon panier de légume à un paysan du coin, plutôt que d’acheter des tomates qui viennent de Hollande par camion. Là aussi, le fait de se responsabiliser par rapport à son alimentation (varier les légumes, acheter les légumes de saison) a un impact écologique indirect, bien que ce ne soit pas l’intention première.
Est-ce que je fais partie d’une secte de mangeurs de viande crue ?
Heu, pas vraiment. Ma démarche depuis quelques mois m’indique que les recommandations « mainstream », qui sont issues des gouvernements, des fabricants d’aliments industriels et des labos pharmaceutiques n’ont qu’un lointain rapport avec ma propre santé. Ca ne me choque pas plus que ça, si j’étais patron d’un labo pharmaceutique et mandaté par mes actionnaires pour faire du profit, j’essayerai de trouver le plus de débouchés possibles pour les molécules dont j’ai des brevets. Et si j’étais patron de Kraft Food, je ferais des pubs pour expliquer qu’il faut manger plein de glucides pour ne pas s’endormir le matin.
Nous sommes toujours soumis à des discours qui se revendiquent d’une expertise … « démontré par des études scientifiques » … financée par ceux qui y ont intérêt.
Lisant il y a deux ans quelques bouquins sur les aliments « anti-cancer », j’avait été frappé par le commentaire d’un chercheur qui disait qu’aucun labo n’allait s’intéresser aux effets bénéfiques de fraises ou du curcuma sur le cancer, puisque il n’y avait pas d’argent à gagner. C’est assez logique.
Après le danger c’est de tomber soit dans une logique conspirationniste (« le lobby crypto-judéo-maconnique nous empoisonne à notre insu ») ou paranoïaque. Et c’est vrai que dans le monde paléo, il y a aussi des gens qui ont des choses à vendre – qui un bouquin, qui un supplément alimentaire.
Donc au final, toutes les instances produisant un discours sur la santé et l’alimentation ont un intérêt à nous convaincre, c’est vrai. Pourquoi croire les uns plus que les autres ?
Parce qu’on peut essayer soi-même. On peut s’inspirer des centaines de témoignages de gens qui essayent et pour qui cela produit des résultants stupéfiants. C’est sans doute ce que j’ai appris de plus intéressant : je peux être mon propre objet d’expérimentation et donc tester moi même ce que les uns ou les autres recommandent. Si en arrêtant de bouffer du pain, du riz etc. je suis plus en forme et je perds 10 kilos, où est le problème ?
Après, est-ce que cette alimentation est possible pour 9 milliards de personnes, c’est un autre histoire. Mais notre alimentation actuelle ne l’est pas plus, et les gens « non paléo » n’y pensent pas plus que moi, , et ne cherchent pas à avoir ce recul critique sur « je suis ce que je mange ».
Bon, j’ai toujours mon Q5 mais je pense à aller au bureau à vélo. Pas pour moins polluer, mais pour faire plus de sport …