En discutant il y a quelques jours avec Nico, fervent lecteur :-), j’apprends qu’il fait des séances en utilisant un engin qui s’appelle Hypox et qui tout simplement réduit la quantité d’oxygène qu’il peut absorber. Etrange, mais pas idiot.
En recevant Zatopek dans ma boite aux lettres (oui, je lis parfois des vrais magazines, j’aime encore l’odeur de l’encre même si Apple vient de sortir une nouvelle tablette ce soir ! vous pouvez le feuilleter en ligne ici) je tombe sur deux articles qui traitent du sujet, suffisamment original et évident après lecture pour que je m’en fasse l’écho ici.
L’idée de l’hypoxie à l’entrainement est vieille comme le village olympique à Font-Romeu (je rappelle que je suis 50% catalan à défaut d’être champion olympique)
Une société, Simalti, propose des séances qui sont censées augmenter la quantité de globules rouges et donc le transport d’oxygène aux muscles, clé de l’efficacité aérobie. Bon, à 63 euros la séance, ça ne paye pas l’aller retour en haut du Mont-Blanc mais presque. On a aussi beaucoup parlé à une époque de la machine utilisée par Novak Djokovik, qui coute la modique somme de 75.000 dollars. Bon, pour lui, c’est pas grand chose par rapport à ce qui lui rapporte un tournoi du grand chelem, pour moi et mes médailles en chocolat sur les marathons, le retour sur investissement n’est pas garanti. Le divorce, par contre, oui.
Les articles de Zatopek amènent un éclairage sur deux aspects complémentaires.
La musculation de la cage thoracique.
Ben oui, quand on respire, il y a des muscles qui se contractent. On connait tous le diaphragme mais il y a aussi les muscles intercostaux (ou intercostauds pour les plus balèzes). Au plus fort de la respiration, proche d’un effort à VO2max, ils peuvent représenter jusqu’à 16% de l’énergie consommée à l’effort ! Un muscle entrainé étant plus efficace, il consomme moins d’énergie et donc il reste du glycogène en réserve pour nos précieux mollets. Autre avantage, des muscles plus puissants permettraient d’expirer plus efficacement et donc de mieux rejeter le CO2, responsable de l’acidification qui elle-meme envoie un signal de ralentissement de l’effort.
Au passage, on remarque que les alvéoles pulmonaires ont la surface d’un terrain de tennis, ce qui rappelle la structure fractale de notre organisme et sa capacité à mettre une grande surface d’échange dans un petit volume (c’est vrai aussi du système digestif et du cerveau) – ce qui nous différencie fortement des organisme mono-cellulaires où la relation surface d’échange / volume est purement mathématique et est donc un facteur limitant de la taille : une explication possible de la capacité des organismes pluri-cellulaires à « fabriquer » de la complexité et à avoir au final un métabolisme bien plus économe en énergie.
Donc, je vais m’acheter un Hypox ou assimilé et tester ça lors de mes séances d’endurance. Déjà que les gens que je croise dans le parc de Saint-Cloud le matin torse nu me prennent pour un dingue, là ils me prendront pour un dingue asthmatique ou échappé d’une partouze sado-maso. Mais la maison ne recule devant aucun sacrifice pour la performance 🙂
Le travail en apnée
Faisons la connaissance de Stéphane Mifsud, qui détient le record du monde d’apnée statique (11 minutes 35 secondes).
Il fait aussi le 10K en 38 minutes et un Ironman en 10 h 15. On se retrouve en terrain plus connu là …
L’apnée reste hallucinante : avec une capacité pulmonaire de 11,5 litres (plus que deux fois plus que la moyenne, il n’y a pas que pour le VO2Max qu’il y a beaucoup de variabilité …), en prenant de l’oxygène pur avant l’apnée il est capable de rester … 27 minutes sans respirer, avec un coeur qui descend à 16 puls par minutes. Moins bien qu’un dauphin toutefois qui lui descend à … 6 puls.
Vous entendez la musique du Grand Bleu là ?
Alors … si on revient sur terre, l’apnée augmente massivement la production d’acide lactique (je suppose que par manque d’oxygène la respiration cellulaire devient anaérobie et produit donc beaucoup plus de lactates) – 3 à 4 fois plus que pendant un effort d’endurance classique. Bonne manière d’adapter l’organisme au recyclage et à son utilisation comme carburant sans se démolir la caisse en courant au dessus de la VMA.
L’autre intérêt, qui semble aussi une adaptation logique, est d’augmenter la vascularisation : moins d’oxygène dans le sang, plus de vaisseaux pour l’amener là où il est nécessaire. A priori au cerveau, qui fonctionne de toute façon en permanence, mais si on fait un effort physique, aux muscles sollicités. C’est une des adaptations que l’on cherche en faisant de l’endurance … on peut aussi penser que cela a un effet sur la quantité de mitochondries.
Stéphane Mifsud recommande de s’entrainer dans une salle de gym ou dans une cage d’escalier : monter en retenant sa respiration pendant 20 secondes, redescendre en récupérant et recommencer 4 ou 5 fois.
Zatopek (le coureur, pas le magazine) a essayé l’hypoxie : il marchait en retenant sa respiration .. quitte à tomber dans les pommes à la fin : sans doute la volonté de fer inhérente aux grands champions.
Moi j’ai testé ce matin dans ma voiture en allant bosser. Après tout c’est un moyen de faire un peu de sport dans la voiture et de moins respirer l’air pollué par les autres voitures. Il faut que j’évite de faire comme Zatopek par contre !
Attention à la bave avec l’hypox, il parait qu’on en produit pas mal. Pour ma part, je test la technique du capuchon de stylo (style bic), moins chere; cela permettrait egalement de muscler le diaphragme (je »tente » de respirer à travers pendant 45min et cela 2 fois par semaine) , c’est une technique utlisée par patrick misumu, un apneiste français, http://www.youtube.com/watch?v=1BXXv3h8oIk
Et ça marche ? tu le fais en courant ou assis à ton bureau devant ton ordi ?
J’ai essayé de faire de l’apnée en courant aujourd’hui … c’est pas impossible. On peut aussi jouer sur le temps d’inspiration / expiration … il y a des choses à chercher de ce côté.
Côté bave, je connais le problème, j’ai fait un marathon entier avec un masque (voir le post souvenirs marathon 2011) et moi qui crache toutes les 3 foulées, c’était assez dur …
Merci pour le lien
ahhh je n’avais pas vu ce post, j’irais donc voir.
Plutot dangereux de courir avec un bouchon, risque de « derapage », je fais donc cela assis, tranquillement devant l’ordi. Il y a egalement la technique dite de la paille, en gros, il suffit d’inspirer par le nez et d’expirer le plus longtemps possible et cela durant un laps de temps assez consequent. J’ai egalement entendu parler du tuba de plonger, pour ne pas paraitre trop ridicule, il faut mieux pratiquer chez soi, je ferais peut etre cela dans un avenir proche lors de mes seances de velo d’appart. Certains pratiquant de mma utilise un masque de « combattant » qui repose sur le meme principe.Je me suis interessé au sujet que tu as soulevé , helas mes capacités linguistique m’empeche d’approfondir le sujet.
Ca tombe bien, j’ai encore du travail à faire … et une bière à finir … après je prends la paille !
Est-ce que tu as des résultats ?
Au debut j’arrive a tenir 30 min a travers le capuchon maintenant mes seances font 45 min, j’arrive meme a tenir 1h facilement, mon corps commence donc à s’adapter.En ce qui concerne les resultats sur le terrain, j’effectue cet exercice depuis a peu pres 1 mois et demi et avec mes capacites de grand amateur, j’ai l’impression que ma respiration est en peu plus profonde et mon expiration un peu plus forte lors d’effort mais peu etre est ce juste une impression (ma montre ne mesure pas le nombre d’inspirations par minutes 😉
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Bonsoir très bonne doc. Par contre étant apneiste je te déconseille de faire des apnée en voiture. Fais ça sur les escalier, vélo d’appartement, ou tapis de course en poumon plein et vide. Cordialement djamal 🤙