Le marathon de NY 2012 sera donc la course qui aurait du avoir lieu.
Alors évidemment c’est les boules quand on a prévu une semaine pour venir, qu’on s’est entrainé pendant 3 mois.Voyons voir ce que je pensais il y a 2 jours et que je voulais poster :
C’est toujours la galère les quelques jours pré-marathon. L’épreuve se rapproche et induit tout un tas de douleurs plus ou moins factices et d’interrogations plus ou moins ridicules.
Je fais un footing hier, je me sens lourd. Ça passe assez vite, mais du coup je me dis « et si c’est comme ça au marathon ?
Je ne sais pas si je mets mes anciennes chaussures ou les nouvelles : j’ai une petite ampoule douloureuse au petit orteil droit, et c’est une gène. Ca va faire quoi après 40 bornes en courant ? Mais les vieilles sont trouées, notamment au gros orteil gauche.
J’ai toujours une gène au niveau du soleus. J’ai fait mieux que d’habitude, mis de la glace tous les jours mais j’aurais pu me masser, et je ne l’ai pas fait. Ca a été sur ma sortie longue de 30 bornes mais sur 42 ?
Et je passe sur les désagréments du carbo-loading …
Qu’est ce qui se passe dans la tête d’un athlète qui veut gagner, c’est à dire être meilleur que tous les autres ? Mon seul enjeu réel, c’est de faire le temps que je voulais faire. Et donc me donner des « points de sagesse » vis à vis de moi-même : le renforcement de la perception que j’ai de pouvoir construire une stratégie rationnelle pour atteindre un objectif. Et de pouvoir partager mon expérience et échanger avec mon entourage qui a les mêmes préoccupations que moi.
Alors évidemment quand la course n’a pas lieu et qu’on relit ça, c’est un peu ridicule. On fait contre mauvaise fortune bon cœur et finalement on peut en tirer quelques leçons de vie positives quand même.
Dans la vie, on ne contrôle rien. Tout peut arriver n’importe quand et n’importe comment et même si ça nous plait pas, on peut toujours essayer de téléphoner à Bloomberg (ou à dieu) pour dire qu’on est pas d’accord mais ça ne change rien. Donc autant essayer d’en tirer parti d’une manière où d’une autre.
Moi, j’ai l’impression qu’on s’est fait avoir. Tout le monde est venu et a payé et est maintenant à NY et fait le touriste, donc c’est carton plein pour la ville. Ceci dit Bloomberg s’est fait déborder par d’autres politiciens qui lui étaient opposés et qui ont fait monter une mayonnaise sur le thème « c’est un scandale qu’on s’occupe de coureurs qui font ça pour le fun alors qu’il n’y pas d’eau/ d’électricité/de ramassage des ordures dans tel ou tel quartier ». Genre « soyons solidaires de la douleur et des difficultés des victimes de Sandy ». C’est un gros joke. Hier soir, il y avait un monde fou à Times Square, et les gens allaient au concert, voir le match de basket, au resto … pas vraiment une ambiance de deuil et de solidarité avec des personnes qui ont des problèmes à 20km de là (et on ne parle même pas des autres pays).
Le business tourne, et les lumières sont allumées. C’est pire de courir dans Brooklyn que d’aller au Madison Square Garden ? Nous étions dans Brooklyn hier, juste à côté de la route marathon, et là aussi les boutiques étaient ouvertes et tout tournait. Au final l’association des NYRR s’est faite épingler sur le thème « vous allez utiliser des générateurs pour mesurer le temps de passage des coureurs alors qu’ils pourraient servir à aider des familles en détresse », OK c’est vrai mais un peu hypocrite quand même. Personne n’est en danger de mort.
Ce matin nous sommes partis pour faire la deuxième partie du Marathon dans Manhattan, nous étions un groupe de 4 personnes et à moment donné nous nous retrouvons avec un papy, avec le t shirt marathon, qui commence à taper la discute. Il vient du New Jersey, il n’y a pas d’électricité ni d’eau courante dans sa maison, et il vient courir quand même tout seul. Accessoirement il a 64 piges et court à 13 à l’heure. Belle rencontre. Ensuite nous arrivons dans Central Park et là il y peut-être 10.000 personnes qui tournent sur les 2 ou 3 dernier miles du Marathon. C’est un peu ridicule, mais émouvant et sympathique quand même. Au lieu de faire la gueule, tout le monde est venu essayer d’en profiter un petit peu.
On se demande ce qu’il va advenir des médailles, et des vêtements millésimés 2012 ? CA va devenir des collectors ? Il y a eu une vente à 50% aujourd’hui au village marathon de vestes ASICS et on se dit « merde, on aurait du y aller » – juste pour faire une bonne affaire. Pourquoi on aime faire des bonnes affaires ? Pour se sentir plus malin que les autres qui ont payé plein pot ? C’est la seule explication que j’ai en stock.
Bon au final nous avons fait une course sympa (25 bornes dans Manhattan c’est pas tous les jours), l’annulation de l’événement est devenu un événement, je ne saurais jamais si j’aurais pu le faire en 3 :30 mais … il va y en avoir d’autres !