Restriction calorique, hormèse, et ce que cela nous apprend sur l’évolution.

Par Josh Mittledorf, traduit par Philippe Delanghe (original ici)

Si le vieillissement est provoqué par des dégâts moléculaires, alors les dégâts devraient accélérer le vieillissement. Si l’hormèse provoque des dégâts et ralentit le vieillissement alors c’est que le vieillissement n’est pas provoqué par des dégâts. Donc une explication logique est que le vieillissement n’est pas provoqué par l’accumulation de dégâts.

J’ai déjà écrit précédemment à propos de l’hormèse, l’étrange tendance des êtres vivants à se laisser aller quand les conditions sont idéales, et à mieux performer quand la vie est plus difficile. Les animaux de laboratoires vivent plus longtemps quand ils sont mal nourris, exposés à des toxines ou des radiations, des pathogènes ou des températures  trop hautes ou trop basses. Dans cet article j’en dirai plus par la suite à propos de la restriction calorique qui est l’exemple le plus simple d’hormèse. Ensuite j’essaierai d’étendre et de clarifier ma position à propos des implications de l’hormèse pour l’évolution et pour notre compréhension du vieillissement.

J’ai fait connaissance de l’hormèse quand j’ai commencé à m’intéresser au vieillissement même si à l’époque je ne connaissais pas le mot. En 1996, j’ai appris pour la première fois que de nombreux animaux vivaient plus longtemps quand ils étaient sous alimentés, et que leur longévité continue à augmenter avec la restriction de l’apport calorique jusqu’au seuil de la famine. Conclusion logique : il est étrange que des animaux soient capables de faire quelque chose quand ils sont affamés qu’ils ne sont plus capables de faire quand ils ont suffisamment à manger.

Si les animaux ont une durée de vie réduite quand ils ont toute la nourriture dont ils ont besoin cela signifie que leurs gènes n’ont pas « évolué » pour leur amener une longévité maximale.

Le vieillissement doit donc être « volontaire » dans le sens d’un programme génétique conçu par la sélection naturelle. Plus simplement : si les métabolismes animaux «essayaient» de vivre aussi longtemps que possible, alors le «aussi longtemps que possible» devait être plus long quand la nourriture abonde et quand ils n’y a pas à combattre des maladies, réparer les dommages cellulaires provoqués par les radiations ou des blessures – ou dépenser de d’énergie pour courir.

C’est cette analyse qui m’a convaincu que j’avais un rôle à jouer dans le champ de l’analyse évolutionnaire du vieillissement. Il y a 18 ans c’était une supposition reposant sur une seule information mais tout ce que j’ai appris depuis en étudiant intensivement le sujet a confirmé cette analyse : le vieillissement est programmé dans nos gènes.

Il y a de nombreuses autres formes d’hormèse, que j’ai présenté dans un billet précédent.

Une autre preuve est que la base génétique du vieillissement est très ancienne: les gènes qui régulent la durée de la vie sont extrêmement proches dans des espèces aussi variées que les vers, les souris, voire les levures, alors qu’elles font partie de branches de l’arbre de l’évolution qui ont divergé il y a plus d’un demi milliard d’années. Bien sûr nous partageons beaucoup d’autres gènes avec ces formes de vie primitive, mais ils sont tous impliqués dans les processus centraux du métabolisme cellulaire, comme la réplication, la transcription et la production d’énergie. Nous ne pouvons qu’en déduire que la nature a traité le vieillissement comme un processus central de la vie.

Plus nous en apprenons sur les mécanismes physiologiques du vieillissement, plus il apparaît que certains d’entre eux sont évitables et d’autres ressemblent carrément à de l’autodestruction délibérée. Par exemple en fin de vie les gènes codant les enzymes protecteurs comme l’ubiquinone ou le glutathion sont régulés à la baisse, alors que les signaux qui accroissent l’inflammation sont largement augmentés, jusqu’au point où elle devient un risque un facteur de risque majeur pour le cancer, les maladies coronariennes, et Alzheimer.

Expériences en restriction calorique

Le lien entre « moins de nourriture » et « vie plus longue » date d’avant les études scientifiques modernes. Hippocrate y fait allusion. Dans la Venise du XVe siècle, Luigi Cornaro a écrit un livre qui s’appelle « à propos de la vie tempérée » consignant ses expériences personnelles avec la restriction calorique … augmentée d’un demi litre de vin par jour. Cornaro a vécu jusqu’à 102 ans. Benjamin Franklin a écrit dans l‘almanach du pauvre Richard « pour allonger ta vie, réduis tes repas. » (1733).

Pendant la Grande Dépression de 1930 aux États-Unis le problème d’une malnutrition globale a été beaucoup discuté aux États-Unis. Comment la santé et la longévité des gens seraient-elles affectées si n’avaient pas assez  à manger ? Clive McKay était un jeune chercheur à l’université de Cornell quand il reçut une bourse pour étudier la relation entre les retards de croissance et la longévité chez les rats.

MacCay  ne raisonnait en terme d’hormèse et l’évolution était bien loin de ses pensées. En fait son raisonnement était basé sur la théorie du « rate of living », aujourd’hui discréditée. Il pensait que peut-être la croissance, le développement et le vieillissement étaient tous synchronisés sur une horloge commune et que donc si on retardait la croissance, alors peut-être on retarderait le vieillissement également.

MacKay  contrôlait l’alimentation de ses rats  en leur donnant juste suffisamment à manger pour ne pas qu’ils meurent sans leur permettre de prendre du poids. Ces expériences avec la sous-alimentation produirent des résultats impressionnants, mais leur importance ne fut pas reconnue, et il y eut très peu de suivi pendant à peu près un demi-siècle.

Le renouveau de la restriction calorique arriva quand Roy Walford travailla comme «docteur interne » dans l’expérience de la Biosphère II en Arizona de 1991 à 1993.

Biosphère II était un environnement hermétique dans lequel des bionautes cultivaient leur propre nourriture, recyclaient leur eau et même utilisaient la photosynthèse pour générer leur oxygène. Mais la productivité agricole fut bien au-dessous de ce qui était prévu, et du coup l’équipe n’eut pas assez à manger. Walford remarqua que la sous-alimentation des bionautes avait des résultats incroyables en termes de santé, tout en les rendant extrêmement irascibles.

Au fil des années, il y eut des expériences avec : des cellules de levure, des vers, des drosophiles et d’autres espèces d’insectes, des araignées, des crustacés, des poissons, différents types de rongeurs, des chiens, des chevaux, et des singes rhésus. Un projet de l’université de Washington a suivi le parcours de santé de personnes qui pratiquent la restriction calorique, bien que toutefois les comparaisons en termes de mortalité n’est pas été disponibles pendant longtemps. Les animaux à courte durée de vie ont tendance à montrer une extension de vie proportionnellement plus grande, mais les bénéfices en termes de santé et de longévité ont été identifiés y compris chez les singes qui ont une espérance de vie de 25 ans.

L’intuition de McKay a propos d’une horloge biologique et du ralentissement du développement s’avéra, au mieux, partiellement correcte. La restriction calorique fonctionne même quand elle commence chez des animaux adultes. L’augmentation de l’espérance de vie n’est pas aussi importante que quand la restriction calorique commence plus tôt mais, qualitativement, l’effet est le même.

La restriction calorique augmente à la fois l’espérance de vie moyenne et l’espérance de vie maximale. Il est beaucoup plus facile d’augmenter l’espérance de vie moyenne en prévenant la mort jeune qu’en réduisant réellement le vieillissement. La signature du ralentissement du vieillissement est souvent vue sur l’impact des derniers survivants parce que c’est là que ça se voit le plus. Parfois la différence est illustrée avec des courbes qui ressemblent à ces deux la :

curves

Le résultat de la restriction calorique ressemble typiquement comme le diagramme à droite qui est souvent appelé un « Real McKay ».

Les animaux simples à courte durée de vie ont tendance à montrer (proportionnellement) une meilleure réponse à la restriction calorique que les animaux qui ont une durée de vie plus longue. Les vers de laboratoires nourris correctement vivent uniquement 10 jours mais s’ils sont mis dans un état de famine tôt dans leur vie, ils se mettent dans un état suspendu appelé « dauer », qui est quelque chose entre l’hibernation et la spore. Les  dauers sont très résistants à la chaleur, au froid, à la déshydratation, et d’autres choses qui normalement tueraient un ver, et ils peuvent survivre jusqu’à quatre mois sans aucune nourriture. Un dauer est juste assez « vivant » pour détecter de la nourriture et de l’eau dans son environnement, et quand cela se produit, il « redevient » vivant et reprend sa croissance à partir de l’état où il était précédemment.

Les souris de laboratoire vivent normalement deux ans, et avec une alimentation sévèrement réduite en calories elles peuvent survivre jusqu’à trois ans. Les chiens vivent typiquement deux ans de plus sous restriction calorique. Plus la durée de vie est longue, moins il y a de gain proportionnel. Des articles dans la presse pourraient vous amener à penser que dans les expériences avec les singes rhésus il y avait pas ou peu de gain en longévité mais personnellement j’ai trouvé que les résultats étaient positifs, bien qu’il y ait tout un tas de complications intéressantes.

La restriction calorique pour les humains a généré beaucoup d’enthousiasme. C’est une pratique individuelle. Certaines personnes ont été en surpoids pendant la plus longue partie de leur vie, et essayent de contrôler leur poids ; d’autres sont très minces et pratiquent une discipline de fer pour être encore plus minces. Il y a beaucoup de différence entre les gens qui prennent beaucoup de compléments alimentaires et les gens qui veulent être « nature » ou « paleo ».

La plus grande variabilité est à propos du sport : certaines personnes en restriction calorique font également du sport à haute intensité. L’exercice physique augmente l’espérance de vie indépendamment de la restriction calorique, et a également des bénéfices immédiats pour la santé: le sport est l’antidépresseur le plus puissant, avec les effets à plus long terme, connu. Personnellement j’ai tendance à participer à cette école de pensée. D’autres qui évitent de faire du sport, parce que l’exercice consomme des calories, et cela implique nécessairement de manger plus. Ils comptent les calories plutôt que de suivre leur poids. Les gens dans cette ligne de pensée considère plutôt que le sport augmente l’espérance de vie moyenne mais pas l’espérance de vie maximale (voir les deux diagrammes plus hauts), donc en réalité il ne ralentit pas réellement le vieillissement. La réponse est de reformuler le problème : oui il y a 2 % de personnes chanceuses qui vivront longtemps qu’elle fasse du sort ou pas, mais il y a 50 % de gens qui s’illusionnent en pensant qu’ils font parti de ces 2 %. Lisez des histoires à ce sujet et faites-vous votre propre opinion à CRsociety.org.

Bien sûr il y a beaucoup d’autres gens qui ont décidé que l’inconfort et la discipline liés à   la restriction calorique ou au le sport soient un prix trop cher à payer pour la (substantielle) amélioration de la santé ou le (modeste) accroissement de l’espérance de vie.

Une conséquence importante des expériences en restriction calorique et que la durée de vie est étendue non pas à travers une action physiologique, mais à travers l’effet de signaux biologiques. Ceci est un message fondamental pour la compréhension de l’évolution. Le vieillissement n’est pas une simple accumulation de dégâts, parce que la dégradation peut être retardée par des signaux chimiques, ou des « instructions » au niveau du métabolisme.

Voici un échantillon de quelques études qui le démontrent.

Au laboratoire de Cynthia Kenyon à l’UCSF, des expériences ont montré que sentir, au sens propre et au sens figuré, de la nourriture sans réellement ingérer les calories était suffisant pour annuler certains des effets d’allongement de la vie provoqué par la restriction alimentaire chez les vers.

Dans le même laboratoire, on a découvert un des gènes qui opère dans la réponse à la restriction calorique : le DAF16. Des verts ont été génétiquement modifiés pour avoir le gène DAF16 uniquement dans les cellules de leurs muscles, ou uniquement dans les cellules leur système nerveux, ou uniquement dans les cellules leur tube digestif. Des expériences avec ces vers « mosaïque » ont montré que c’était le système nerveux qui contrôlait la durée de vie.

Dans des expériences avec des rongeurs, une alimentation un jour sur deux allonge la durée de vie, même si les animaux mangent tellement le jour où ils peuvent s’alimenter qu’ils ingèrent à peu près le même nombre de calories que des animaux qui sont nourris normalement.

Une théorie de la restriction calorique : ce qu’ils ont compris, et ce qu’ils ont raté

La première explication (aujourd’hui standard) reliant l’adaptation à la restriction calorique à l’évolution a été proposée par des généticiens spécialistes des souris, dans le laboratoire Jackson à Bar Harbor, où différentes espèces de souris sont élevées pour les laboratoires du monde entier. C’était en 1989 ! Pendant le premier demi-siècle dans l’histoire de la recherche en restriction calorique, personne n’avait eu l’idée de faire le lien entre cette réponse adaptative majeure et l’évolution.

Harrison et Archer proposèrent une théorie qui était que la réponse à la restriction calorique provenait d’une adaptation à la famine. Pendant une famine, c’est inutile pour un animal de se reproduire, parce que ses descendants mourront probablement de faim. Il vaut mieux conserver les ressources et essayer de survivre à la famine. De fait, les animaux qui arriveraient à survivre à la famine auraient une opportunité de mettre à bas leur petits dans un environnement où la nourriture serait de nouveau abondante et la compétition pour accéder à cette nourriture réduite à cause de la famine. Leurs gènes pourraient ensemencer une population renouvelée avec une plus grande probabilité de réussite.

De mon point de vue, c’est tout à fait exact. Mais ils n’ont pas exploré l’étape suivante avec la questions cruciale :  qu’est-ce qui permet à des animaux affamés de vivre plus longtemps? Cette idée vague de « préserver les ressources en ne se reproduisant pas » explique pourquoi les femelles ne se reproduisent pas quand elles sont affamées, mais peut-être que ceci ne nécessite pas réellement une explication.

En fait :

Les males conservent leur fertilité même quand ils sont sous restriction calorique, et les femelles qui ne se reproduisent pas ne vivent pas plus longtemps. En fait elles risquent de vivre moins longtemps. Ceci montre que l‘extension de la vie n’est pas provoquée par la limitation de la reproduction. Ce sont deux signaux indépendants :  l’un « éteint » la fertilité et l’autre « allume » la longévité. Voici mon article sur le sujet.

Une fois de plus, le message est que le vieillissement est contrôlé par des signaux, et que le signal pour le vieillissement n’est pas le même que le signal pour le contrôle de la reproduction. L’idée de « conserver les ressources » est une illusion, parce que le vieillissement n’est pas provoqué par une attrition des ressources.

Pourquoi tant de biologistes intelligents ont raté ce message ?

La plupart des biologistes ont été induits en erreur par la théorie de l’évolution. Ceci arrive à la fois directement (parce qu’ils comprennent le conflit fondamental entre les idées de la nature « évolutionnaire » de la vieillesse et le « gène égoïste ») ou indirectement (parce qu’ils sont immergés dans une culture qui révère la nature, et qu’ils pensent que la nature a fait chaque individu aussi fort et durable que possible).

La vision de Darwin de la sélection naturelle était : la règle du jeu est de gagner dans la compétition de l’évolution, pour survivre et pour laisser plus de descendants que vos compatriotes. Le vieillissement détruit notre compétitivité et réduit notre fertilité. Le vieillissement est le contraire de la forme (fitness), et l’idée que le vieillissement pourrait être « adaptatif » parait absurde.

Mais c’est ce que la nature nous dit, donc nous ferions mieux de trouver une manière de repenser nos théories pour les rendre conformes à la réalité.

Comme je l’ai mentionné la semaine dernière, les théories de Harrison et Archer à propos de la restriction calorique nous montrent bien où la théorie de l’évolution doit être corrigée. Les animaux ne sont pas simplement adaptés pour être des compétiteurs individuels, mais aussi pour être des membres d’un écosystème stable. La destruction d’un écosystème est un danger très réel. Il peut arriver au cours d’une seule génération, et il est probable que ce soit exactement ce qui s’est produit de nombreuses fois dans le passé. Résultat de la sélection naturelle au sein des écosystèmes, nous avons aujourd’hui un monde de relative stabilité et d’homéostasie. J’ai expliqué dans des posts précédents ma théorie du vieillissement démographique, et j’ai écrit quelques articles sur le sujet.

En résumé

La famine est par nature présente partout et particulièrement dangereuse pour la communauté. La famine arrive à tout le monde dans une espèce donnée : si je ne peux pas trouver à manger il y a une forte probabilité que tu ne puisses pas trouver à manger non plus. La sélection naturelle a répondu à cela en concevant des individus avec une mort individualisée, comme cela ils ne meurent pas tous en même temps. Et mieux, la sélection naturelle a fait en sorte de relâcher la pression quand il y a famine, parce que quand un groupe d’individus subit la famine, la dernière chose dont la communauté a besoin est qu’en plus ils meurent de vieillesse.

Article original ici (pour avoir notamment tous les liens)

Le site de Josh Mittledorf est ici.

Traduction quasiment à la volée en utilisant « Dragon Dictate ». Un sacré truc ! 

 

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22 commentaires pour Restriction calorique, hormèse, et ce que cela nous apprend sur l’évolution.

  1. Flo123 dit :

    Bonjour Philippe, une restriction calorique est comparable à un jeûne et peut-être que l’allongement de l’espérance de vie est un effet de la production de cétones. Je n’ai pas creusé la question davantage mais les bienfaits des métabolites sur l’organismes ne sont plus à démontrer.

  2. paleophil dit :

    Bonjour Florence, oui, en fait le jeûne, notamment intermittent, « mime » la restriction calorique. Dans l’article il y a l’exemple des rats qui mangent un jour sur deux, donc qui ne sont pas en RC « en moyenne » mais qui vivent plus longtemps que des rats qui mangent la même quantité mais tous les jours. L’organisme prend des raccourcis, et semble « croire » qu’il y a famine, et donc déclenche les processus idoines, à partir de 18 heures sans alimentation, ce qui est plutôt de la rigolade en terme de jeûne intermittent ! Les cétones sont à la fois un carburant et un signal et sont associées à tout un tas d’adaptations qui ont l’air très bénéfiques, pour la longévité et le reste. C’est quand même assez dingue, parce que cela va à l’encontre de beaucoup de choses que pensent les médecins modernes.

    • Flo123 dit :

      Et on peut voir ça aussi comme une alternative au régime LCHF, du moins pour ce qui est de profiter de l’effet des cétones sur l’organisme. Bon pour les carb c’est autre chose car ils seront nocifs même suivis d’un jeûne.

  3. Martin dit :

    Que se passerait-il si le vieillissement était supprimé, que l’on ne pouvait mourir que de maladie, de famine ou accident ? Imaginons-nous au premier temps de la vie, lorsque aucun mammifère n’existait mais que les premières sociétés animales commençaient à émerger. Est-ce qu’on ne verrait pas émerger une poignet d’individus qui, par le fait de leur grand longévité, auraient acquis une expérience telle qu’elle leur permette de dominer leurs congénères et ainsi s’assurer le monopole de la reproduction ?
    Que se passe t-il lorsque on se retrouve avec une population génétiquement très proche ? À la première nouvelle maladie pour laquelle ce pool génétique n’a pas d’arme, tous les individus meurs. Donc la lignée de ceux ne vieillissant pas s’éteint, et ne parvient pas jusqu’à nous.
    Simple hypothèse 🙂

    • paleophil dit :

      C’est pour cela que la reproduction sexuée est nettement supérieure à la division cellulaire, parce qu’elle génère de la diversité, bien qu’elle soit nettement plus coûteuse en énergie, et compliquée à mettre en oeuvre :-). Les premières sociétés dont tu parles sont en fait les colonies d’organismes monocellulaires. L’immortalité chez les humains, ou pour l’instant l’allongement de la durée de vie posent effectivement déjà des problèmes philosophiques et éthiques passionnants ! En quoi la limite temporelle influe t’elle sur le désir de vivre ? Comment on peut s’occuper pendant 1000 ans ? Qu’est-ce qu’on fait comme arbitrage entre rester en vie indéfiniment et se reproduire ? Sachant que tout notre câblage mental est génétique est toujours orienté survie/reproduction/décès…

  4. Mathieu dit :

    Vivre moins longtemps ou survivre plus longtemps?

  5. paleophil dit :

    Vivre plus longtemps sans survivre 🙂

    • Mathieu dit :

      Oui mais par principe en restriction calorique constante on est en mode survie.
      Et sans doute pas autant « efficace » qu en fournissant au corps l’énergie dont il a besoin. Je parle bien sûr d être à l équilibre calorique .
      Donc quel intérêt?

      • paleophil dit :

        Eh bien en fait, il semble que justement l’organisme soit plus efficace en mode survie comme tu dis. L’intérêt est de lui « faire croire » qu’il est en famine pour déclencher les voies métaboliques qui lui permettent de fonctionner plus longtemps.

  6. Sylvain dit :

    Sacré boulot, merci ! J’aurais aimé savoir le titrage en alcool du vin de Luigi Cornaro pour savoir si ça colle bien à ce que l’on sait sur l’alcool bénéfique à petite dose. (même si ce n’est pas le sujet central de l’article)

    • paleophil dit :

      Merci du commentaire – c’est effectivement du boulot et avec un peu d’entrainement je devrais pouvoir arriver à le faire plus vite. En ce qui concerne le vin, je pense qu’au Moyen Age le titrage en alcool était peu élevé, je dirais 8 à 10 degrés maxi ?

  7. paleophil dit :

    Oui mais c’est bon 🙂 C’est vrai que le « vin de soif » a disparu. En ce moment j’adore un espagnol (Solanera, région de Yecla) qui fait effectivement 14,5. Ca met d’équerre direct !

    • Sylvain dit :

      Ah oui niveau goût ça passe bien, j’ai goûté à certains Madiran ça le fait bien. Mais bon, ça plombe la productivité l’après-midi ou en soirée, ça donne envie de rejoindre Morphée, si tu vois ce que je veux dire. Sinon y a des boissons à base de vin, genre rosé pamplemousse, mais c’est pas terrible terrible.

  8. Anais dit :

    Waouh! Quel travail! Bravo! Je n’arrive pas à comprendre où vous trouvez le temps de faire tout ça… Vous m’épatez quand même…
    Une question: qu’en est-il des profils « d’hyper-métabolisme » dont je fais partie?
    Je n’arrive pas à savoir si une personne comme moi (qui peut engloutir tout ce qui passe sans prendre un gramme mais qui par contre maigrit en cas de restriction calorique) peut se « permettre » de manger des choses saines mais en très grande quantité sans mettre sa santé en péril… Et inversement, si la restriction calorique serait bénéfique ou délétère hormis la perte de poids qu’elle entrainerait inévitablement?
    Est-ce que manger en grande quantité des choses saines mais caloriques quand on ne grossit pas et qu’on est très actifs pourrait être néfaste pour la santé?
    Et est-ce que faire de la restriction calorique quand on a déjà un BMI très bas mais ce de façon constitutionnelle pourrait être délétère ou bénéfique?
    Personnellement, j’aimerais bien prendre du poids et j’ai besoin de beaucoup manger donc je ne me prive pas, je mange beaucoup mais de la nourriture paléo, pas de cochonneries. Imaginer sauter un repas me met dans un état de stress inimaginable! J’ai toujours été « obsédée » par la bouffe et depuis que je me suis mise au paléo et que j’ai arrêté les plâtrées de pasta, j’ai moins faim qu’avant et je n’ai plus de fringales.
    Enfin, tout ça pour dire… toutes ces études scientifiques ciblent un problème général dans nos sociétés: le surpoids (et les maladies de civilisations) et de fait, la restriction calorique semble judicieuse sans aller plus loin dans les mécanismes qui sont détaillés et qui sont super passionnants.
    Mais les gens comme moi ne peuvent pas se mettre au jeûne intermittent??
    Qu’en pensez-vous?

    • MARC dit :

      je me permets de vous répondre en tant que naturopathe:si vous avez un métabolisme très actif,peut-être devreiez-vous regardez du côté hormonal(thyroïde);Manger sain en grande quantité…oui mais tout dépend ce qui est « sain » Par ex,manquer de sucre pour un sport d’endurance est bien-sûr malsain,et manquer de sucre peut vous amener…à un stade pré-diabétique…une étude a montré(certes chez des ^personnes(jumeaux)non habitués à ce régime une perte de fonctions cognitives lors d’un régime paléo strict…Les fringales peuvent s’expliquer par un syndrome sérotoninergique ou par une hyperkinésie…si vous êtes sédentaire,vous brulerez moins de calories,mais si vous faites « trop » d’exercice,votre corps brûlera moins de calories…c’est pourquoi les culturistes par ex stagnent au bout de quelques temps…Je vous déconseillerais la restriction calorique et le jeûne intermittent(sauf si vous ne perdez pas de poids en pratiquant);il semble en tous ca s sur le rat que la RC fonctionne surtout sur les « gainers » qui ont tendance à prendre du poids et que les gens très minces naturellement vivraient moins longtemps -tout est relatif,pas de panique!-que ceux qui maigrissent suite à un régime (cité par le Dr Walford)Un régime adapté,prenant en compte l’aspect hormonal,pourrait vous aider.N’hésitez pas à me contacter pour tout conseil ou soutien.(P.S e-mail d’emprunt en cours de modification)

    • MARC dit :

      Je précise que j’ai toujours été dans le milieu médical mais que je vois bien(comme beaucoup)ses limites,surtout à l’heure actuelle(sans généraliser bien entendu)Un généraliste se fiera à quelques normes(basées sur des gens sensés être sains,jeunes,sans médication…)ce qui ne correspond en rien à un suivi personnalisé pragmatique…Par ex au niveau hormonal,les normes (T3,T4) varient…Un autre ex:un diurétique prescrit à une personne âgée dénutrie pour un érysipèle avec insuffisance veineuse et oedème)…qui n’épargne pas le potassium…d’où poussée hypertensive-sur traitement par coumadine…-et AVC intracrânien hémorragique dans la foulée…Tout ceci aurait PEUT-ETRE pu être évité (ou limité)par une sup adéquate en potassium,vitamine C et vit K…J’en ai parlé récemment à membre du conseil de l’ordre des médecins qui reconnaît (en privé…)le rôle complémentaire d’un naturopathe moderne et averti….je n’invente rien et je suis de nature sceptique (imitant Courteline comme disait Brassens)et fidèle aux combats…du Pr Escande parexemple;mais il serait temps que les thérapeutes s’entendent pour le bien-être de tous.

  9. paleophil dit :

    Merci Anais 🙂 ce soir je voulais faire une transcription d’un podcast sur la démarche scientifique complètement passionnant mais … je me suis laisser happer par des urgences (inutiles dans mon cas, personne ne meurt …)… c’est ainsi.
    Je ne me sens pas très légitime pour répondre à un médecin sur une question qui porte sur le métabolisme, mais je vais essayer quand même. Des études qui sont citées, il semble qu’on puisse « mimer » la restriction calorique par le jeune intermittent. Cf l’expérience avec les rats qui mangent un jour sur deux la même quantité de calories globales que ceux qui mangent tous les jours et qui vivent plus longtemps. Donc si vous ingérez en gros la même quantité de calories mais une une fois par jour au lieu de 3, vous devriez quand même déclencher les voies métaboliques qui vont bien par rapport à la longévité – et sans maigrir nécessairement. Ce qui est sur c’est que même mince, vous avez toujours deux ou trois kilos de gras qui trainent et qui suffisent amplement pour tenir 24 ou 48 heures sans manger, quitte à les reprendre ensuite. C’est plutôt l’idée de « décharger toute la batterie » pour qu’elle se recharge mieux ensuite. Post écrit après 24 heures de jeune et des excès alimentaires et alcooliques 4 jours de suite 🙂 Moi ce qui m’étonne c’est la variabilité immense de la volonté, qui fait que là je peux rester 48 heures sans rien bouffer alors qu’avec ma femme ou des amis dans les parages c’est quasi impossible (et je ne parle pas de l’alcool, qui est encore plus un composant « social »). C’est très difficile d’avoir une relation uniquement « utilitaire » avec l’alimentation. Et pas forcément souhaitable, vu le plaisir que cela procure …

    • Anais dit :

      Ah ça! La variabilité immense de la volonté, c’est un drôle de truc…
      Mais d’où vient la volonté, pourquoi certaines personnes en ont plus que d’autres?… Est-on génétiquement programmé pour avoir plus ou moins de volonté?
      Je pense que la prise de conscience précède la volonté ou en tous cas, elle aide à en avoir (l’orgueil doit jouer aussi pour certaines personnes?) et tout le monde n’a semble t’il pas la même capacité à prendre conscience des choses.
      Je m’observe souvent depuis que j’ai découvert le paléo, surtout quand je suis « border- line » et c’est vraiment marrant…
      Je passe en salle de pause au bloc, il y a toujours des tonnes de viennoiseries, nutella, jus de fruits bourrés de sucre, bref… tout le monde est affalé et s’empiffre… J’arrive quasiment tout le temps à ne pas craquer, je mange mes amandes, mon avocat et mon chocolat noir 90% et je suis fière de garder le contrôle! Ca ne me demande pas tant de volonté que ça mais un peu quand même, on va appeler ça de la discipline… Mais exceptionnellement, je vois un beau gâteau au chocolat ou une madeleine et je ne sais pas ce qu’il se passe dans mon cerveau, je bloque dessus, j’en ai terriblement envie, ça frôle la frustration… des fois, j’arrive à l’éviter, des fois je passe devant une fois, 2 fois, 3 fois, je teste ma volonté et pis à la 4ème fois, « oh et pis merde! », je le mange.
      Pour le sport, il arrive que la balance penche clairement vers le « j’ai pas du tout envie d’aller courir »… pour finalement bifurquer d’un coup vers le « allez, ça suffit, met tes chaussures et vas-y! »; ça m’étonne toujours cette ressource qu’on a en nous, la volonté a une puissance incroyable dans l’action!
      Le paléo m’a permis de redevenir actrice de ma vie et de réaliser vraiment les choses, on est obligés de tout reprendre depuis le début, observer ce qu’on mange, le nombre de sollicitations extérieurs en ce qui concerne la bouffe est hallucinant! On a le choix, c’est nous qui décidons de ce que nous mangeons, si on veut bouger ou rester affalé dans le canapé et je préfère cette vision des choses que de me mettre dans le rôle de la victime « c’est pas ma faute, j’y arrive pas ».
      La convivialité complique tout car les gens bousculent notre organisation intérieure!
      Mais je pense que si on a une tendance « addictive » (clopes, alcool, excès en tout genre…), c’est très dur de ne pas flancher. Ceci dit, pour avoir été longtemps excessive (surtout à l’heure de l’apéro…), j’arrive maintenant à me mettre des limites mais la grossesse plus un enfant en bas âge à gérer, ça aide!
      Pour le jeûne intermittent, manger autant de calories en une seule fois, c’est impossible! C’est clair que j’ai des réserves pour le faire mais je n’ai pas envie de maigrir et si je le fais je vais inéluctablement maigrir…
      Pour moi, ne pas manger pendant 48h, c’est de science-fiction…
      Je m’excuse car je suis une pipelette, je parle trop de moi…

      • CécileD dit :

        Je crois que ça ne dépend pas QUE de nous et de notre volonté : le sucre est une DROGUE DURE (dans ton exemple tu craques sur une madeleine, pas sur du camembert mais peut être qu’il n’y en a pas à dispo ! ) et en se sevrant (suppression totale du goût sucré, même « faux sucre ») on arrive beaucoup mieux à y résister.
        Pour moi aussi il y a 1 an c’était impensable de sauter un repas : migraine, mauvaise humeur, pensées obsessionnelles sur la bouffe etc.
        Aujourd’hui ça ne me pose plus aucun problème, mes compulsions alimentaires (genre en cas de déprime ou de grosse fatigue) ont complètement disparu et je résiste à toutes les viennoiseries/bonbons/gâteaux qui me passent quotidiennement sous le nez sans aucune frustration.
        Bon, d’un autre coté comme dit Phil j’ai quelques réserves…!
        Je pratique le jeûne intermittent de temps en temps quand ça me pète mais j’aimerais beaucoup tester l’expérience 1 semaine ou 15 jours de jeûne (genre séjour vacances/méditation/jeûne).
        De loin ça me semble reposant et ressourçant !

  10. Anais dit :

    Le sucre est une drogue dure, c’est certain, mais devant cette addiction au sucre ou à la bouffe industrielle en général, certaines personnes ont la volonté de dire stop, d’autres n’y arrivent pas ou n’y pensent même pas (ne surtout pas se priver du plaisir que cela procure). Et plus j’y pense, plus je me dis que ce qui change la donne, c’est la prise de conscience. C’est comme pour le tabac: tout le monde sait que c’est nocif à la santé, mais la prise de conscience, c’est une étape supérieure: intégrer réellement qu’il faut arrêter, pas juste savoir que c’est mauvais. Mon ami a arrêté de fumer le jour où il a bouché une artère iliaque, avant il savait, après, il avait intégré ce que cela représentait vraiment en terme de risque.
    Les gens ne voient généralement pas plus loin que le plaisir immédiat que l’alimentation procure, j’ai été comme ça pendant une grande partie de ma vie donc je le comprend bien…
    Mais tout le monde n’est pas égal face à l’addiction, ça change aussi la donne.
    Mon rapport à la nourriture est particulier car j’ai un métabolisme un peu « hors-norme ». Je ne pense pas pouvoir parler de compulsions alimentaires. Pour moi, sauter un repas = perte de poids et c’est la loose (un peu comme toi quand tu prends 3 Kg après le repas de noel!). Mon objectif a tjs été de prendre du poids, ça me met tjs en décalage dans les discussions sur l’alimentation car le but ultime est souvent « perdre du poids, brûler de la graisse! ».
    Je serais plutôt en surpoids, je pense que j’envisagerais les choses autrement côté jeûne intermittent!

  11. MARC dit :

    Je pense que de toute façon,il n’est pas de réponse qui ne demande de nouvelles questions,par définition.Pour l’hormèse,s’il est possible que des dégâts-stress-occasionnent un ralentissement du vieillissement,ça ne veut pas dire que tous les dégâts soient « en dehors » du vieillissement;Pour le vin,le resvératrol n’est pas LA molécule miracle malheureusement;les conditions de labo sont bien différentes de notre environnement déjà très agressif(rl,polluants,tabc,alcool;pesticides etc etc etc!)Une étude ancienne montrait déjà que les défenses contre les RL étaient AUGMENTEES chez les citadins…Ainsi les cyniques pourraient défendre l’idée que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort(sauf si on en meurt)et que la pollution,le stress..agissent comme un »vaccin »…Si vous consommez du sucre SEUL,la satiété viendra mieux qu’en y associant un corps gras et vice-versa.je crois ..je crois que les théories du vieillissement ne sauraient être réduites à une seule « clef » même si chacune est déjà très complexe-par celle des radicaux libres-en plus,onvieillit en détail disait Voltaire différemment selon les organes…L’Homme essaie de simplifier le complexe vivant,ce qui est normal,mais il retombe sans cesse dans l’entropie;on ne sait toujours pas (en tous cas on a mis très longtemps niveau MCV)proposer le dosage idéal d’aspirine pour traiter ou prévenir telle maladie…et à quelle heure la prendre…gardons l’espoir mais restons humbles..

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