Gratitude et vieillissement

WordPress m’annonce que j’ai 50 followers officiels et me décerne une petite médaille. Wow. 50 personnes qui ont fait l’effort de cliquer pour avoir ma prose qui arrive dans leur boite mail quand je publie un post.

Ca a l’air idiot, mais comme le dit la groupie du pianiste, mais pour moi ça veut dire beaucoup. Surtout que je ne t’aide pas beaucoup, ami lecteur. Mes marottes ont quand même pas mal évolué. Depuis le moine soldat paléo qui note ses entrainements à la seconde près et se régale de décrire ses sensations kilomètre par kilomètre dans des courses qui sont des challenges personnels mais dont personne n’a rien à branler (bon, OK, si, l’inspiration peut-être. Ou l’expiration. 🙂 °) .

Jusqu’aux préoccupations actuelles, nettement plus vastes sans pour autant être plus pertinentes. Société, politique, technologie, me rattrapent. Faut dire que je ne cours plus aussi vite, ou que je m’en fous de courir plus vite. Ou que je cours après autre chose. 

En fait ma vie a complètement changé cette année. Du confort tranquille du salarié cadre dirigeant, codir & co, sympa sur la carte de visite (oui moâ je suis directeur avec un D majuscule, et vous, cher ami ?) je suis devenu consultant indépendant. Situation où, si tu ne te bouges pas le fion toi même personnellement, rien ne se passe.  Ca complique un peu la routine des entrainements 🙂

Tu quitte ton job et on se jure qu’on va se revoir, promis juré, et on va te filer du boulot parce que t’es quand même super bon, c’est d’ailleurs pour ça qu’on t’a lourdé (cherchez l’erreur !)  et puis évidemment le téléphone ne sonne pas, les emails s’arrêtent et t’es comme un con.

Bon en fait … c’est plutôt une bonne nouvelle quand tu sors d’une entreprise malade et pathologique. Tu respires un grand coup, mais ça te fait pas gagner de pognon.

Et puis … j’ai réalisé que je venais de passer une décennie dans des entreprises malades. Une entreprise, c’est comme un humain. Ca peut être malade, mais s’accrocher aux branches, survivre comme ça peut,  même en prenant l’eau, même avec une stratégie de merde, même avec des dirigeants tarés, même en rendant les salariés fous. A HEC, j’ai pris  des cours de stratégie, appris qu’il faut faire ceci ou cela, et puis dans la vraie vie, c’est des vrais humains qui dirigent les entreprises, et ma foi ils peuvent être aussi fous que votre voisin du dessus.

J’ai eu droit au CEO alcoolique : une fois raide bourré lors de la fête de l’entreprise avec tous les collaborateurs, il allait mettre des coups de boule aux commerciaux et expliquait que si ils faisaient pas leur quota, il allait leur envoyer les Hells Angels pour leur casser les doigts. Le lendemain il avait tout oublié, et on parlait de stratégie à 5 ans, ce qui était un peu compliqué.

Au maniaque qui gère sa boutique comme … une boutique (un sou est un sou et c’est mes sous putain de bordel de merde), mais aussi tétanisé et incapable de prendre une décision sans avoir tellement de données qu’elles deviennent impossible à interpréter. Mais c’est pas grave, on va passer 3 mois à faire des tableaux excel quand même et une fois qu’on aura toutes les données, elles ne serviront plus à rien parce que le monde aura changé. Ca m’a permis de me forger une de mes phrases favorites « si on pouvait prédire l’avenir, ça se saurait ».  Et aussi « Fuck micromanagement » – si on embauche de gens supposés compétents, c’est pour utiliser leurs compétences. Si c’est pour faire leur job à leur place ou leur expliquer comment le faire, autant prendre des stagiaires et faire des économies !

Et tout un tas d’autres caractériels incompétents, de « moi-mossieur-je-suis-un-vrai-dirigeant » dont un jour je ferai peut être une galerie de portraits si j’arrive à sentir que je peux le faire avec élégance et humour, ce qui n’est pas trivial vu le niveau de crétinerie abyssale et d’égos boursouflés que j’ai pu côtoyer.

Evidemment, quand on est salarié dirigeant, on critique, on fulmine, on commente, on fait des sourires, on complote, on courbe l’échine, on fait le grand écart pour expliquer aux collaborateurs que oui, le grand patron ressemble à un gros con, mais non, c’est pas un gros con, et oui, la stratégie semble pourrie, mais non, elle est pas pourrie et on va vous l’expliquer.

A des collaborateurs dévorés intérieurement par les dysfonctionnements de l’entreprise qui les rendaient malade – j’ai dit : « mais si t’es aussi mal, barre toi » ce à quoi m’a été répondu « ben oui mais je suis en train de divorcer et c’est pas le moment de me mettre en danger économiquement ».

Je comprends ça:  je suis sorti financièrement lessivé d’un divorce à 40 ans, c’est dur de se refaire et la loi protège les femmes, ce qui est bien. Mais quand on a trimé avec une femme qui avait un salaire faible et qu’après le divorce elle récupère tout, c’est pas très cool non plus  … Rester en poste parce qu’on est contraint économiquement, c’est horrible et pervers et ça fait des entreprises encore plus malades. Je persiste à penser (et à recommander) qu’il vaut mieux se barrer que de rester dans un environnement mortifère. Mais quand on a passé 25 ans dans une boite c’est dur d’imaginer qu’on peut aller mieux ailleurs. Comme dans un couple en fait !

Quand on est indépendant … tout cela s’évapore. C’est génial. Sauf que la contrepartie, c’est qu’il faut trouver du boulot … tout seul.

Et là on retrouve la même comédie humaine que dans l’entreprise, sauf que le salaire ne tombe pas à la fin du mois. Quand vous êtes indépendant avec une compétence, tout le monde est prêt à vous faire bosser … gratuitement.

Donc lors des 6 derniers mois, à la fois à mon propre compte et en travaillant avec des clients, j’ai appris beaucoup de choses.

Les gens n’aiment pas dire non. Ils préfèrent ne pas répondre au téléphone ou aux mails que dire « non ton idée est pourrie » ou « ton idée est bonne mais j’ai pas de pognon pour la payer ». C’est assez saisissant. Lors d’une de mes missions de leveur de fonds pour une startup, on voir des gens super motivés, et puis après trois appels, pouf, plus rien.

Au début, je me suis dit « merde il est mort le gars ». Et puis non. C’est juste plus facile de ne pas décrocher le téléphone que de dire non. Ca a l’air con … mais c’est comme ça.

Dans le business, en fait, les humains sont avec leur lot d’irrationnel comme dans la vie extra-professionnelle, avec leurs croyances, leur mythes, et toute la complexité des rapports de pouvoir.

Le but de ce post n’était pas d’être cathartique (même si il l’est un peu, peut être …),  mon idée initiale était plutôt d’être sur le versant de la gratitude.

Gratitude

J’ai plein de raisons d’avoir de la gratitude en ce week-end où j’ai fêté mes 56 ans.

C’est l’age où Steve Jobs est mort. Il a changé le monde plus que moi, mais moi je suis encore vivant et heureux de l’être. Je pourrais être mort et n’avoir rien changé au monde.

Ma curiosité intellectuelle est plutôt sur une courbe exponentielle (oui je me shoote à la loi de Moore) et récemment, cette année, j’ai trouvé des tas de livres et de penseurs qui à la fois bousculaient mon confort intellectuel et me poussaient sur une orbitale plus éloignée du noyau. Harari évidemment, Sam Harris qui continue à présenter des intellectuels qui challengent ma vision du monde (ah l’éthique athée …)  – et récemment Josh Mittledorf dont je suivais le blog depuis quelques années et qui vient de sortir un bouquin sur le vieillissement et l’épistémologie de la théorie darwinienne qui est absolument passionnant. Et puis il y a tout ce qui se passe dans le monde du business et l’accélération des changements technologiques. On vit une époque formidable, qui fait peur, mais formidable quand même.

J’ai envie de tester d’autres sports. La course c’est bien et c’est mon « home turf », mais j’aime de plus en plus le vélo et je vais finir par m’inscrire dans une salle de cross-fit pour vieillards. Faire travailler les membres inférieurs c’est bien … mais le reste ça compte aussi. Je suis allé tourner à Longchamps Samedi et je me suis bien mis dans le rouge et c’était trop bon !

Les réseaux sociaux fonctionnent plutôt bien pour moi. J’arrive à avoir mes cercles de relations et sentir les liens, à différents niveaux, qui fonctionnent et dans lequel il y a de l’échange de valeur. En vieillissant le lien social prend plus de poids (cf les blue zones) mais il faut qu’il y aie du sens. Les diners d’échange de banalités, ça n’a aucun interêt et un bon échange musclé sur Facebook m’apporte plus de satisfaction. Beaucoup de mes amis proches intellectuellement viennent des réseaux sociaux et je trouve ça super.

Les potes – comme le dit la chanson de Clapton « Nobody Loves You When You’re Down And Out ». Le changement de posture sociale permet de faire un tri très, très rapide dans les relations. Des ami(e)s de 30 ans m’ont ri au nez quand je leur ai dit que je pouvais faire des missions pour leur entreprise. D’autres m’ont appelé tous les 3 jours pour me demander comment j’allais et comment j’avançais dans mes projets. Beaucoup moins, mais des amis comme ça, il n’en faut pas beaucoup et après … c ‘est à la vie à la mort.  Ca permet de faire le tri dans son carnet d’adresses.

Mon goût pour l’écriture ne faiblit pas, au contraire. Plus j’écris, plus j’ai envie d’écrire, et si vous me lisez et en tirez quelque chose, c’est du pur bonheur pour moi. Nous sommes des machines à échanger de l’information, c’est cette capacité qui fait notre humanité, en grande partie. Si je peux fabriquer un peu d’information utile pour toi, ami lecteur, ma foi, je me sens utile. Et si ça peut être bien écrit, c’est encore mieux.  En plus, j’ai l’impression d’avoir du talent :-).

Je vais me (re) lancer dans des expérimentations sportivo-alimentaires avec LSee et ça, ça va beaucoup m’amuser, et j’espère, aussi générer de la valeur et de la réflexion pour les lecteurs. Pourfendre les mythes et amener un peu d’objectivité dans des domaines très irrationnels, comme l’alimentation ou le sport, j’adore (et je sais de quoi je parle !, j’ai donné) .

A propos de lien social – voir ses enfants et pouvoir discuter avec eux de toutes ces choses, c’est aussi important et ça permet de se dire que même si on a fait plein de conneries en tant que parent, on a quand même réussi à donner les moyens à sa progéniture de se démerder dans ce monde en mutation exponentielle. Ouf.

Bref – ma recette perso tient en peu de choses : 

Rester curieux: avoir toujours envie d’apprendre, d’acquérir des nouvelles compétences tout en cultivant celles que j’ai déjà.

Rester connecté avec le vaste monde, mais aussi le cercle proche de mes amis (que j’ai choisi, ou qui m’ont choisi) et ma famille et mes enfants.

Me bouger le cul physiquement et intellectuellement. En gardant à l’esprit  que tout ce je sais, ce sont principalement des croyances et qu’il faut les prendre comme telles, rester agile intellectuellement et connecté émotionnellement. 

Avoir une femme que j’aime et qui m’aime après 14 ans de mariage participe également à mon sentiment de gratitude, mais ça ne vous regarde pas  🙂

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17 commentaires pour Gratitude et vieillissement

  1. Marc dit :

    Je viens de lire ton billet .

    Juste merci, ton billet « me parle » .
    En d’autres termes, il m’est utile.

    Voilà

    Merci

    Hâte de te lire à nouveau dans la même « veine ».

    • paleophil dit :

      Merci Marc. Si ca parle, c’est l’essentiel. Surtout quand c’est super personnel comme ça, mais je suppose que ce qu’on prend pour des expériences personnelles uniques sont en fait bien plus partagées qu’on ne l’imagine ! Pour la même veine … ca dépend de l’inspiration. En tous cas, je vais me faire des trous dans les veines 🙂 pour mesurer mes cétones à partir de dans pas longtemps et ça va m’inspirer un moment je pense !

  2. Renaud dit :

    Merci Phil, j’ai trouvé ce post intéressant et sympa. Je confirme que tu as effectivement bien assez de talent pour que te lire soit un plaisir. Pas toujours d’accord, mais toujours intéressé (enfin, presque).

    Tes anecdotes sur les tarés qui nous dirigent me parlent bien, j’ai un peu de vécu là aussi, mais très loin du tien ! Tu verras, les clients souvent ça vaut bien les patrons 😉

    J’ai le sentiment que plus tu monte dans la hiérarchie sociale et plus tu trouves de sociopathes. Beaucoup de tordus. Certains tordus dans le bon sens, mais bien plus souvent dans le mauvais. La réussite dépend souvent d’une capacité à mépriser certains diktats de la société et il y a là des possibilités positives et constructives autant qu’un énorme potentiel de dévastation collatérale.

    Cela me rappelle un peu mon service militaire, aussi. J’y ai croisé de vrais tarés qui m’ont fait bénir l’existence de l’armée qui écarte ces malades de la société « normale ». J’y ai croisé aussi des humains admirables, des chevaliers au sens le plus noble du terme. Drôle de milieu.

    Tu dis que tu n’aides pas l’ami lecteur avec toutes tes mutations, mais dis toi que l’ami lecteur apprécie justement de te voir évoluer (Darwin, sors de ce corps !), et te questionner.

    La gratitude, c’est une de mes marottes, et c’est un truc souvent très mal compris. C’est une des choses les plus importantes pour une vie heureuse, et ça se travaille facilement. Pourtant, c’est quasiment ignoré. C’est tellement à contre-courant de cette culture du mérite qui prétend qu’on est seul artisans de notre situation, que l’on mérite ce que l’on a parce qu’on l’a gagné. Ceux d’en dessous sont forcément des déchets, car ils ne se sont pas donnés la peine de gagner leur place. Quel aveuglement ! Je clos rapidement ce chapitre, sinon je vais finir par évoquer la « vraie » spiritualité 😉

    Bon anniversaire, et merci encore.

  3. paleophil dit :

    Salut Renaud, content de voir un de tes commentaires ! Les clients, je connais, j’ai été commercial pendant des années. Le crétin qui ne sait pas ce qu’il veut et ne comprend rien à rien mais veut t’apprendre ton métier et te faire baisser ton froc, j’en ai pleuré des rivières !!! Ou quand tu fais du business dans un grand groupe et que lors de ta soutenance il y a 10 personnes autour de la table pour un projet à 20K et que tu calcules que le cout de leur prise de décision est supérieur au cout de ton projet, et qu’on te dit ensuite que tu es trop cher. Je pourrais faire un blog entier là dessus, mais c’est vrai que les réflexions récentes sont plus sur les dysfonctionnements des dirigeants que que j’ai cotoyés. L’entrepreneur est par définition un « contrarian » puisqu’il voit une opportunité là où les autres ne voient rien. Dans la hiérarchie de l’entreprise, plus tu montes, plus tu trouves des gens soit qui se sont battus pour monter (et donc avec un égo assez consistant; qui peut aller de pair avec une dimension sociopathe, comme en politique, utiliser les autres pour sa propre ascension sociale) soit, le pire, des qui ont eu de la chance et qui croient qu’ils ont du talent (fils à papa et autres détenteurs d’un gros capital social dont ils ont hérité). Trump regroupe les deux !
    La culture du mérite est un drôle de truc. Une nécessité sociale : que deviendrait la société si on disait que ceux qui réussissent ont le la chance et tant pis pour les autres. Et aussi une illusion, nous fonctionnons dans des écosystèmes complexes et notre maitrise en est faible (et notre libre-arbitre … passons) . J’ai mieux réussi socialement que untel ou untel de mes potes (ie j’ai gagné plus d’argent). Ca veut dire que je dois me glorifier d’avoir eu la volonté de bosser les maths et la physique comme un fou ? ou d’être plus intelligent ? j’y suis pour quoi d’être plus curieux que la moyenne ? Mes gènes ? La culture de mes parents ? Le dernier livre de Mittledorf, que ne j’ai pas encore digéré ni terminé, explique comme la théorie darwinienne a été utilisée par les puissants pour justifier leur supériorité sociale (ça m’énerve !) et qu’on a lui a tordu le coup pour la rendre plus individualiste – alors qu’il y a le problème de la gestion des populations, du vieillissement justement, que « le gène égoiste » ne prend pas en compte. Ecosystèmes nous sommes ! Mais se préoccuper de tout le monde, c’est aussi compliqué. Un philosophe dans un podcast récent de Sam Harris expliquant qu’il donnait tout l’argent qu’il gagnait au delà de 25K à des associations caritatives parce que sauver des vies était la meilleure chose qu’il pouvait faire de son argent. Je ne suis pas prêt pour ça !
    Quand à gratitude et spiritualité, si tu veux en parler, je suis toute ouïe 🙂

    • Renaud dit :

      « La culture du mérite est un drôle de truc. Une nécessité sociale : que deviendrait la société si on disait que ceux qui réussissent ont le la chance et tant pis pour les autres. »
      Çà me fait penser aux contre-arguments que Harris démolit à propos de sa conception (de l’inexistence) du libre-arbitre…

      C’est très délicat, c’est vrai, parce que ça semblerait devoir démotiver les gens à faire le moindre effort. Sauf que c’est comme le loto : tu ne gagne que par la chance, mais si tu ne te donne pas la peine d’acheter un ticket tu ne gagnera jamais.

      C’est là (entre autre) que l’on peut ressentir cette immense gratitude. La gratitude pour ce que l’on a, pour ce que l’on est, et pour les accomplissements qui ont pu découler (contre toute probabilité*) de nos choix et de nos actions.

      * : C’est là que dans l’équation on ne voit généralement pas l’inconnue : on ne mesure pas à quel point la chance d’avoir l’opportunité de choisir, de pouvoir agir, et d’obtenir le fruit voulu est ténue.

      C’est là qu’on mesure la sagesse et la spiritualité cachées dans la plupart des religions. Je suis libre d’exercer mon libre arbitre (qu’il soit réel ou illusoire), mais Dieu seul décide de ce qui arrive. Donc je m’en remets à Dieu, pas pour refuser d’agir, mais pour accepter que je ne suis pas maître de mon destin, que je ne peux que faire au mieux et être reconnaissant. C’est extraordinairement libérateur. Et ça marche sans avoir à croire à tout un échafaudage dogmatique plus ou moins puant (et dévoyé pour des raisons politiques et de domination). On peut même ne pas croire en Dieu du tout. Dieu est juste un concept commode pour désigner ce grand inconnu qui nous tient dans sa main, le destin, le hasard, peu importe ! C’est encore plus simple et efficace lorsqu’on conçoit ce Dieu comme étant d’une bienveillance absolue (sauf que ça devient compliqué si on en déduit que ça doit être de la bienveillance à « mon » égard…. non, non, non, Dieu voit bien plus loin que ça).

      Le problème avec l’évolution c’est que c’est vrai mais pas nécessairement toute l’histoire. Comme on préfère le simple au juste, et on tend à pousser sous le tapis les détails gênants quant on a une belle théorie. Le mécanisme supposé de l’évolution fonctionne parfaitement, c’est facile à prouver avec des simulations informatiques. Mais que des mutations aléatoires filtrées par une « fitness function » suffisent à produire de l’évolution ne dit pas que dans la nature toutes les mutations (ou expressions de gènes) se produisent purement par hasard…

      On peut faire le parallèle avec notre compréhension de l’ADN : longtemps ça a été un système fascinant mais plutôt basique et rudimentaire, jusqu’à ce qu’on commence à découvrir que tout n’est pas si simple, que ce n’est pas juste un code mécanique à la lecture immuable et linéaire…

      Bref, a un moment donné les détails gênants ressortent de sous le tapis. Ils ne vont pas détruite la théorie, mais aider à enrichir, a améliorer et affiner notre compréhension. On a vu la même chose au passage de Newton à Einstein…

  4. M dit :

    Pour ma part, je tire beaucoup de choses de tes écrits, quels qu’ils soient. Souvent ils éveillent ma curiosité sur tel ou tel sujet et/ou remettent en perspective des choses que je tenais pour acquises.
    Bref, continue comme ça 😛

    Il y a parfois quelque chose de l’ordre du désespoir de constater que l’incompétence semble être la norme et que le désir de bien faire son boulot est loin d’être partagé par tous. Et pourtant la société fonctionne ! Je crois que c’est ce qui m’épate le plus. Tout en songeant aux progrès fulgurants que nous pourrions faire si tout le même était de bonne volonté, que ça soit dans le boulot, comme en politique, ou dans la vie privé…
    Mais je me pose alors une question qui me donne un peu le vertige : sachant qu’en règle générale les incompétents n’ont pas conscience de leur incompétence, qui nous dit que nous même nous ne sommes pas, à certains égards tout au moins, des brèles qui s’ignorent ?
    Martin

    • paleophil dit :

      L’incompétence n’est pas la norme mais elle est répandue, plus qu’on ne l’imagine. Ce n’est pas surprenant en soi: des entreprises peuvent fonctionner avec des incompétents un peu partout, comme un citoyen lambda n’est pas un athlète et a 20 kilos de trop mais ça ne l’empêche pas de vivre sa vie. Certaines entreprises arrivent à un niveau d’excellence sur la durée, et elles sont rares. Et jamais à l’abri d’un faut pas non plus, le monde de la techno que je connais bien en regorge !
      Quand à l’incompétence non perçue, ça dépend. On peut facilement se rendre compte qu’on est une brèle dans tel ou tel domaine. Le sport, ou les stages de survie, difficile de se la raconter. Tu sais allumer un feu sans te trancher les tendons ou pas 🙂 Et une fois que tu t’es confronté à ça, et que tu comprends que ce n’est pas grave de ne pas être compétent sur tel ou tel domaine, et tu peux te poser honnêtement la question sur les autres sujets. Ceux qui croient tout savoir sont les plus fragiles, sinon ils accepteraient l’incertitude et la remise en question.

  5. Mathieu dit :

    Toujours un plaisir de te lire.

    http://lsee.com/ => Cela semble un peu attrape couillon / runner du dimanche non ? 😉

    Je ne sais pas si c’est toi qui en avait déjà parlé, mais je suis retombé sur ceci dernièrement: https://www.dnafit.com/

    Cela paraît plus pro. L’approche est intéressante, après à voir la pertinence du résultat et réelle utilité.

    • paleophil dit :

      Je travaille avec LSee de mon propre chef donc personnellement je ne pense pas que ce soit un attrape-couillon. La mesure de la consommation de gras en temps réel est toujours un truc que j’ai eu envie de faire, et la techno de LSee le permet. Et il me semble que c’est intéressant pour tous les gens qui veulent perdre du poids ou sécher. Sachant que la balance n’est pas fiable et l’impédancemétrie non plus. DNAFit j’ai vu : c’est pas la même approche, c’est une analyse ADN. Et vu l’influence de l’environnement et de l’alimentation sur l’expression des gènes, pour le coup ça me laisse très dubitatif 🙂

  6. Grégo dit :

    J’adore ! Et comme je te l’ai dit et aurai la chance de te le redire ce soir chez moi 🙂 ce que j’apprécie chez toi c’est cette authenticité, cette capacité à être sincère sans peur. C’est très rare. Nous sommes tous drapés d’inhibition, dans un rôle de composition avec sa cohorte de biais : volonté de montrer une « bonne image », ne pas se contredire, éviter les contradictions, ne pas reconnaître ses errements et erreurs, peur d’être pris en flagrant délit de contradiction. Pas toi. Quand tu écris cela sonne juste ! Et oui ça c’est du talent !

    • paleophil dit :

      Bon j’amène du champagne ce soir alors 🙂 Et compte tenu de mon penchant pour les jeux de mots de mauvaise qualité, je dirais que j’ai personnellement un rôle de décomposition ha ha ha ! et effectivement, j’ai dépassé la période où je me souciais de mon image, et ça facilité grandement la vie !

  7. En tout cas, c’est toujours un plaisir de te lire et pour te connaitre un peu mieux d’année en année je trouve ton dynamisme magnifique !

  8. richelieu37 dit :

    Le chemin parcouru depuis ton dernier job salarié est remarquable et tu t’en sors vraiment tres bien. Pour paraphraser Hergé dans le « Lotus bleu »: tu as trouvé ta voie (et peut être également ta voie)

  9. jpf30870 dit :

    Je rejoins les commentaires précédents sur le plaisir de te lire que l’on partage ou pas ton avis, que l’on soit intéressé par le sujet ou pas.

    Je me dis que dans quelques temps, j’aurais la satisfaction d’exhiber, à l’apéro, autour d’un verre de vin plutôt sud-ouest type Château de la Negly, un exemplaire papier de ton premier bouquin dédicacé pour les 50 premiers followers.

    Comment ne pas se (me?) retrouver dans ce texte ? 🙂
    Il y a aussi un peu du « tuer le pere » ou du « calife à la place du calife » derrière cette critique de ces dirigeants. Mais, oui, beaucoup de boîtes sont malades, avec des règles adoptées par peu, des comportements très variables et des objectifs personnels pas vraiment alignés. Cette hétérogénéité à la « magic quadrant » mériterait un post.
    Amicalement et bon test-drive sur i8

  10. Marc dit :

    Hier en lisant cette phrase de Cioran dans « être lyrique » :

    « Les expériences subjectives les plus profondes sont aussi les plus universelles en ce qu’elles rejoignent le fond originel de la vie. »

    Je me suis dit que cette phrase « collait » bien à ton post

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