I’m alive

I’m Aliiiiiiiiiiive ….

Sia pousse un hurlement calibré dans la chanson éponyme, avec juste ce qu’il faut de durée et de cassure finale à la fin pour me donner la chair de poule. Drôle d’expression pour le mammifère que je suis ! Capacité d’un artefact culturel, la musique, à toucher directement mes ganglions basaux et court-circuiter mon cortex. Grandeur et misère de Sapiens. Puisqu’on parle de poule, je vais quand même vous pondre un post assez conséquent (temps de lecture annoncé : 16 minutes).

Allez donc vous chercher un café.

La bonne nouvelle c’est que le post est lisible en pièces détachées.

Un bon titre pour un blog qui prend la poussière ! Tellement de changements lors des 12 derniers mois qui vont être la matière principale du post. Pas tant pour faire un Facebook bis, mais plutôt pour mettre ça à plat et partager ce que tout cela m’a fait apprendre et les réflexions que ça génère.

Saut dans le vide

Salarié depuis que j’ai commencé à travailler (je tairai la date par pudeur), mes derniers jobs, où j’avais le plus de responsabilités, ou plus exactement les titres les plus ronflants, ont été totalement surréalistes. Quelques trimestres dans un mélange aléatoire de Pagnol, Kafla et Ubu. Trahisons et mouvements de menton derrière chaque porte close. Plus le marigot est petit, et plus on passe de temps à se battre sans que ce soit réellement utile. Comme des rats trop nombreux dans une cage, qui ont besoin de trouver des boucs émissaires à massacrer pour éviter la dépression.

Il y aurait matière à roman … j’y ai pensé, humoristique et managérial, mais ça me ferait trop ressasser.J’ai quand même interagi avec un sacré paquet de cons, plus ou moins méchants, plus ou moins compétents.

J’ai pensé aussi à une chaine YouTube avec quelques parodies. J’aime l’humour comme modalité pédagogique et j’ai appris beaucoup de tous ces dysfonctionnements imposés. Ça pourrait être « Trucs et astuces pour foutre le bordel dans votre propre boite, démotiver vos salariés, et glisser donc lentement vers l’abime en regardant fièrement l’horizon lointain de la terre promise ».

La boite précédente était d’un autre tonneau … de whisky.  CEO alcoolique au bide parallélépipédique, cherchant la baston à la fin des soirées Corporate et menaçant d’envoyer les Hells Angels chez moi en cas de mauvais résultats financiers, en ayant évidemment tout oublié le (sur)lendemain. J’ai eu la faiblesse de croire sa promesse « J’ai déjà fait croitre des sociétés et gagné plein d’argent avec, fais-moi confiance, je sais faire » alors que mon instinct me disait que c’était un abruti (fort justement).

Ça m’a couté un paquet de blé en actions chèrement achetées et qui ne valent plus grand chose aujourd’hui. Il aura sans doute fait un infarctus ou une acidocétose alcoolique avant que le cours soit revenu au prix d’achat …

Se fier à son instinct, je vais revenir dessus parce que c’est une leçon que j’ai eue à réapprendre plusieurs fois ensuite.  Ne jamais faire confiance aux gens qui vous disent « fais-moi confiance ! »  …

Subitement je ne suis plus salarié. Diantre. Première option envisagée : me consacrer à mes nombreux loisirs, en mode pré-retraite. Ecartée très vite, il me faut de l’utilité, et il m’est conceptuellement impossible de ne pas gagner ma vie, quel qu’en soit le niveau. J’ai appris quelques bricoles que je dois être capable de monnayer … et pour le coup j’en ai ma claque d’être salarié et je veux pouvoir me déplacer librement.

Ces 12 mois d’agent économique indépendant et quasi-autosuffisant, m’ont appris un paquet de trucs. La réorganisation de la vie professionnelle a un effet déflagrateur sur tout le reste. Petit abécédaire, dans un désordre relatif.

Comédie humaine

Amis

Diplômé d’une grande école de commerce, une partie de mes amis est aussi du réseau, anciens copains de promo etc. J’ai cependant largement pratiqué la mixité sociale, et les rencontres alchimiques aléatoires et passionnelles (musique, sport, etc.) forment finalement la majorité de mes amis.

Ça commence comme ça, et ça fait assez mal les premières fois. Camarade de promo, copine de longue date qui éclate de rire quand je lui propose mes services payants, ça remet les pendules à l’heure vite fait.

Le pote plein de sollicitude surtout préoccupé de mettre en scène sa propre réussite. Un peu comme la jolie femme qui se fait accompagner d’un thon pour se valoriser. « Ah mon vieux ! Pas trop dur ? T’inquiète, je vais te filer un coup de main ! Au fait, tu as vu ma nouvelle GT3 et mon appart de ouf ? ». C’est tellement gros que c’est plutôt marrant, et ça permet de visiter l’appart de ouf en faisant des « oh » et des « ah ».

A contrario, d’autres vous appellent régulièrement pour vous demander où vous en êtes et comment ça avance. Juste comme ça. Incroyable comme ça fait du bien.

Le tri se fait en mode automatique, en fait, et ce qui devient structurant dans l’avenir des relations c’est l’attention authentique portée. Si vous voulez faire le ménage dans vos relations, dites à vos relations que vous avez un cancer ou que vous êtes dans la merde professionnellement et regardez qui vous rappelle. C’est vite vu.

Ex-collègues

Ca dégage pas mal là aussi mais c’est logique. Le lien du travail collectif peut donner lieu à de vraies amitiés qui survivent au changement de crèmerie (j’en ai) mais pour la plupart c’est juste ce qu’il faut pour se supporter au quotidien.

Et puis celui qui est parti, il est parti. Double effet kiss cool : tu n’es plus dans la tribu, tu as osé faire ce que je voudrais bien faire, ha si je pouvais … Et entendre en boucle les histoires sur l’inanité du boss (y’a pas de raison que ça change) ou autres plaintes répétitives, c’est totalement inintéressant. Des collègues avec qui j’adorais les échanges intellectuels ont disparu de mon radar … je ne les ai pas tellement rappelés non plus, il faut dire. Entre ex-collègues réussir à ne pas passer la moitié de l’échange sur ce qui se passe dans la société et cancaner sur tel ou tel c’est difficile ! Quand on y arrive ça signe une vraie relation qui peut se développer indépendamment de la référence à l’entreprise d’origine, mais c’est finalement rare.

Rêveurs

J’ai rencontré des doux dingues aussi. Ceux-là ils sont sympas, ils croient savoir où ils vont mais leur boussole est cassée ou indique juste la mauvaise direction. C’est difficile de se faire une opinion, des fois, entre le rêveur et le génie, quand on n’a pas l’habitude et qu’on a peur de se tromper. On a envie d’y croire à son rêve, comme lui. On peut changer le monde et gagner un peu d’argent, c’est cool non ? Finalement la meilleure méthode c’est un 50/50 de gut feel (je le sens ou je le sens pas ?) et de Warren Buffett 101: si je ne comprends pas, j’investis pas. Et c’est un ET, pas un OU. S’il n’y a pas les deux, feeling ET de plan clair et d’explication du pourquoi du comment, partez en courant à toutes jambes. La phrase « alerte rouge »  c’est « Non mais tu ne peux pas comprendre ».

Parasites

On peut se faire largement sucer la moelle. Filer un coup de main par ci, un coup de main par là en espérant un peu de réciprocité (une de mes marottes, la réciprocité). C’est subtil la réciprocité. Quand je file un coup de main à quelqu’un (c’est à dire que j’alloue gratuitement de mon temps pour résoudre un de ses problèmes) j’en attends d’autant plus de retour qu’il est loin de mon cercle intime. Pas tout de suite évidemment, mais dans le principe. Evidemment il y a des free-riders, le chimpanzé vagabond qui baise les femelles pendant que le mâle dominant a le dos tourné. Qui demandent, demandent, demandent, et le jour où vous avez besoin d’un truc ils sont trop occupés.

Ou des boites qui vous font bosser gratos en avant-vente en promettant monts et merveille ensuite mais qui ne prennent pas vos appels ensuite. J’ai passé quelques dizaines d’heures à fignoler des ppt pour une boite de conseil parisienne sans autre retour que de me rendre compte à quel point ils étaient nuls. Ce qui est toujours ça de pris, je vous l’accorde.

Belles personnes

Je viens de rajouter ce paragraphe en relisant le post, qui peut donner l’impression que j’ai rencontré que des tocards. Illusion d’optique, on ne parle que des trains qui n’arrivent pas à l’heure. J’ai fait un paquet de très belles rencontres personnelles et professionnelles, des gens éthiques, sensés et sympas … avec qui je travaille désormais évidemment. Si vous les cherchez, vous en trouverez.

Ethique

Help yourself

Aide-toi, le ciel t’aidera. Si, si, les préceptes religieux religieux ont leur place ici (surtout si c’est juste la reformulation d’une évidence en rajoutant notre ami imaginaire barbu favori !

Alors oui, plus salarié ça veut dire qu’il faut trouver du travail, pas un job.

Une fois qu’on a compris ça, on devient nettement plus mobile dans sa tête, et ça transforme le rapport au travail. En fait … je travaille plus qu’avant à l’insu de mon plein gré. Autrement dit : sans rechigner ni me plaindre ! L’impératif d’efficacité s’impose comme une évidence : si je ne fais rien, il ne se passe rien. Ça rebondit sur les autres compartiments de la vie et ça rend la procrastination plus difficile. Salarié, c’est différent. On peut être totalement inefficace, glander ou faire des trucs inutiles (genre des tableaux Excel 100×100 pour tenter de prévoir l’avenir, ha ha) , le salaire tombe toujours à la fin du mois.

La leçon, c’est : ne pas hésiter à demander et à proposer. Etre lucide sur ses capacités et ses compétences. Bilan de compétences quotidien ! Une bonne question à se poser c’est « Qu’est-ce que je sais faire, indépendamment de mes diplômes et ma formation ? ». On peut découvrir une propriété intellectuelle intéressante et monnayable. Il faut aussi être prêt à se prendre des portes dans la figure donc réussir à gérer à peu près son égo. Et se protéger des parasites (voir plus haut). Le temps, c’est une ressource qu’on ne retrouve jamais. La seule, en fait.

Humilité, lucidité

Je me suis engagé dans quelques aventures qui m’ont consommé beaucoup de temps et pas donné de résultat. J’en avais discuté avec un ami qui m’avait prévenu du côté casse-gueule du sujet et conseillé de passer mon chemin, sur des arguments fort rationnels. Je ne l’ai pas écouté. J’ai eu tort. Notre capacité à nous embarquer dans l’illusion est considérable, surtout si elle brille de mille feux. La seule manière que j’ai trouvé pour réduire ce risque c’est d’en discuter avec des proches et de leur demander de me donner tous les arguments contre. Inconfortable mais salutaire. L’égo nous pourrit la vie, rendons-lui la pareille :-).

Et de ne plus me lancer dans des sujets pour lesquels je n’ai aucune compétence sur la base de « je devrais y arriver ».  Même si ça me démange en ce moment :-), j’ai une féroce envie d’importer des véhicules improbables.

Liberté

Jamais autant été libre, et jamais autant travaillé. Le travail en liberté n’est pas le même que le travail en captivité. Filons cette métaphore animale sympatique ! Liberté, sentiment d’utilité, d’efficacité de production (parce que nécessité) et donc un cerveau qui carbure à plein parce que vous êtes responsables de votre futur, personne d’autre.

On est aussi au milieu de la savane à la merci des prédateurs alors il faut faire un peu gaffe à ses fesses et assurer ses arrières. Mais découvrir cette autonomie et ne supporter que les contraintes qu’on s’impose soi-même … c’est le pied. On pourrait aussi faire un parallèle avec le stress chronique (qui vous tue) ou intense (qui vous stimule et vous renforce).

Discipline

Parlons de contraintes, tiens. Moi qui n’avais pas fait une note de frais moi-même depuis quelques décennies, toujours à la bourre, toujours en retard, faisant tout à la dernière minute. Là j’ai dû checker quelques centaines d’items dans ma to do list avant de me mettre à écrire ce post. Sans que personne ne me force.

En fait, je pense de plus en plus que le secret de la réussite, ou au moins d’une vie où on minimise les frustrations, c’est la discipline et la régularité. Pas glamour du tout. Dans la vie moderne nous avons tellement de trucs à gérer, un tel niveau de complexité systémique qu’on ne peut pas s’en sortir sans discipline. Et la meilleure c’est celle qu’on s’impose à soi-même.

Comment on implémente? Je n’ai pas trouvé la recette complète. Disons que j’ai trouvé des recettes mais elles sont trop drastiques à mon goût (genre se lever à 4 :30 du matin et se coucher à 8 heures, et suivre une routine régulière de méditation et de sport).

Juste essayer de se lever tôt et de faire du sport avant de travailler. C’est vrai qu’on a cette impression de réappropriation du temps – je commence ma journée en prenant du temps pour moi, pour mon développement personnel. Ayant passé des décennies dans l’excès inverse, en retard du moment où je me lève jusqu’au moment où je me couche, la différence est flagrante. La discipline permet la maitrise. Et était sans aucun doute indispensable à nos ancêtres, parce qu’ils avaient zéro système de protection.

On peut l’appliquer partout : nutrition, sport, apprentissage de nouvelles compétences. Même si pour l’instant tout couvrir en même temps est difficile.

Nous avons une capacité de décision limitée. Plus on structure le quotidien et plus c’est facile.

La discipline c’est la capacité à troquer une satisfaction immédiate pour une satisfaction plus grande plus tard, et notre cerveau a un peu de mal avec ça. Certains sont plus gâtés par la nature que d’autres. On a pu faire des expériences avec des enfants sur le mode « tu as un bonbon tout de suite ou si tu attends 15 minutes tu en as deux » et tous n’y arrivent pas évidemment, et ceux qui arrivent réussissent mieux socialement quelques années plus tard (ce qui est injustement biologique).

Bon je fais le malin mais il m’arrive encore trop souvent de me retrouver à surfer sur des sites improbables et à me demander ce que je fous là, cortex débranché et en pilote automatique.

Regards et enseignements divers

Fragilité et nécessité de l’économie

Une des boites avec lesquelles j’ai travaillé a déposé le bilan. C’est affreux, voir une entreprise mourir. C’est con, y’a plus de pognon pour payer les salaires des collaborateurs et on est au max à la banque. Pas de deals qui peuvent rentrer à court terme pour amener du cash ? Hop, redressement, et comme c’est juste pas possible, ben l’aventure se termine.

Si on n’a jamais vécu ça, ça peut paraître abstrait. Mais c’est putain de réel, les gens perdent leur job, des actionnaires leur pognon, des prestataires leurs factures (…) et cette entreprise ne paiera plus de taxes ou d’impôts pour nourrir la collectivité.

Penser que la richesse se produit toute seule et qu’il suffit de faire payer plus d’impôts aux acteurs existants ou arroser de subventions pour réformer un pays, c’est de la couille en boite. La richesse se crée avec des gens qui bossent, et pas au noir si possible, et qui produisent de la transformation et de la valeur ajoutée.

Valeur travail et chômage

Celle-là est un peu plus compliquée. Je pense que beaucoup de métiers vont disparaître ou être totalement transformés par l’IA dans les 20 ans qui viennent. Alors comment on fait quand on a 20 millions de chômeurs en France ? Ça c’est le problème philosophique à moyen terme.

A court terme, mes amis dans des métiers manuels où on manque de bras (chauffagiste, plombier, … ) n’arrivent pas à embaucher … parce qu’il faut se lever tôt et être à 4 pattes dans une chaufferie … des fois. Une chargée de recrutement dans une grande société de transport ferroviaire n’arrive pas à trouver des ingénieurs de maintenance français … Elle embauche des Roumains et des Africains qui ont fait un DESS en France, dont on peut très bien comprendre qu’ils en soient ravis… parce qu’ils ont la dalle.

Le rapport au travail qui est cassé, par incompréhension totale de l’économie de base qui est qu’il faut travailler pour produire de la valeur et gagner de l’argent et impression que tout est du. Et après on va voter pour Le Pen qui leur dit que le système est pourri et qu’il faut le réformer !

Je ne sais pas quel niveau de violence sociale il faut pour remettre les gens au travail mais je trouve hallucinant qu’il y a aie des centaines de milliers de jobs pas pourvus en France actuellement.

Le travail salarié risque d’ailleurs fort de se réduire encore plus, avec l’apparition de plus en plus d’acteurs indépendants, ce que les américains appellent « la gig economy ». Typiquement ce que fait Uber, qui du coup remplace la « coercition managériale » par des méthode inspirées de la psychologie cognitive pour « motiver » les chauffeurs à travailler plus longtemps ou à aller dans des zones où il peut y avoir plus de clients.  Est-ce que c’est plus éthique de demander à quelqu’un de passer 3 heures dans des réunions inutiles parce qu’on a le pouvoir de l’imposer, ou de jouer sur des ressorts psychologiques inconscients à la Kahneman pour faire bosser les gens ? Sachant que la manipulation peut être arrêtée en « un simple clic » et qu’elle rend aussi service au chauffeur. Question compliquée.

Protection, plaintes et système

Un des points les plus marquants de ma nouvelle existence est de réaliser combien le travail salarié est confortable. Une société c’est un groupe humain structuré avec des règles (même si elles peuvent être débiles), de l’infrastructure, et une garantie de revenu, et ça facilite la vie.

Et pourtant … combien de salariés se plaignent, se sentent exploités, etc., etc.

Ça ne va pas ? Barrez-vous, les gars. Faites autre chose. « Ah oui mais j’ai un crédit sur la maison ». On peut comprendre ça. Alors dans ce cas, arrêtez de vous plaindre.

En ce moment c’est à la mode de vouer le système aux gémonies, partis politiques extrêmes en tête. Cette hypocrisie et cet aveuglement me saoulent, parce que c’est de la pure connerie. D’abord les politiciens qui s’en plaignent, Marine le Pen en tête, sont des experts en siphonage de pognon public et hacking du système, justement.

Comme Trump avec son « Drain the swamp » et qui a 3.000 procès au cul. Heureusement qu’il y a un système (judiciaire notamment) ! Dans les pays développés nous avons un rapport complètement irrationnel avec nos infrastructures, on les rend coupables de tout alors qu’on ne pas vivre sans et ça va s’amplifier dans le futur. Quelques ballades en Afrique et aussi au fin fond des US cette année remettent vite les pendules à l‘heure.

Moi qui maudit les réglementations anti-pollution vu ma passion pour une auto déraisonnablement puissante,  un jogging en bord de route à Abidjan m’a vite fait changer d’avis :  les nouveaux embouteillages provoqués par la fermeture des quais semblent l’air pur des montages à côté !

La fermeture des quais à Paris est une grosse connerie, et justement un message anti-travail, super pour les vacanciers mais pourrissant la vie des gens qui bossent … à moins de se déplacer à vélo ou en transports en communs, ce qui n’est pas toujours possible.

Nous n’avons pas de mémoire, c’est un défaut de notre cerveau qui a un focus sur un passé proche. Le fait qu’il n’y ait pas eu de guerre en Europe depuis 60 ans est un fait historique incroyable mais tout le monde s’en fout et préfère taper sur la Commission Européenne. Et on traite inconsciemment les Etats comme des figures qui nous doivent quelque chose et si on crie très fort on va nous le donner. Le peuple crie ! il a raison ! Toujours pris (en France du moins) dans des fantasmes révolutionnaires avec 1789 en référence absolue. Je dois dire que la lecture de Sapiens m’a un peu fait l’effet d’une douche froide mais revigorante (toute structure sociale humaine est une histoire imaginaire collective).

On veut à la fois être protégés par la structure sociale libres – ou ne pas accepter les règles qui ne nous vont pas. Le seul moyen d’y arriver c’est de vivre dans un jeu vidéo, ce qui pourrait bien se produire d’ici quelques décennies, je pense sérieusement qu’un scénario à la Matrix est possible (et Huval Harari aussi, ce qui me permet de me mettre sous son ombrelle intellectuelle).

Epilogue

Changement de priorités sportives (quand même)

Sorti d’un groupe (l’entreprise) et d’un autre (la course à pieds). Je ne sais pas s’il y a un lien de cause à effet, ou si c’est mon épine calcanéenne qui me pourrit suffisamment la vie pour que je n’ai plus aucune envie d’aller bouffer de la piste. Quand on sort du jeu, l’étrangeté de la chose vous saute aux yeux. La mystique du héros courant à l’infini se révèle pour ce qu’elle est – une histoire imaginaire, surtout si on n’est pas champion mais coureur du dimanche (Avec 50.000 inscrits au Marathon de Paris ça en fait !). Mais ça reste amusant à regarder et puis je ne peux qu’avoir de la tendresse pour cette tribu qui m’a mis le pied à l’étrier, si j’ose dire.

Comme c’est de l’imaginaire, ça peut se retourner du jour au lendemain – comme toutes les histoires d’amour. C’est super important, structurant pour l’identité et puis, pouf, c’est disparu… alors on cherche autre chose !

Je découvre à petits pas le CrossFit, qui me tentait depuis longtemps. Comme MovNat, mais en plus structuré. Là encore réapprendre plein de choses, avec nullité parfaitement assumée. Plus dans une démarche rationnelle : avoir un corps fonctionnel sur tous les aspects, pas juste être un super système cardiovasculaire. Mais le concept de WOD est sympa, et la tribu intéressante aussi …

C’est sans doute ça la leçon. S’aimer suffisamment pour être totalement indifférent à la peur qu’on a d’être ridicule ou toute autre forme de jugement négatif.

Ce qui souvent nous inhibe le plus c’est de penser qu’on va être jugé par autrui. Mais ça n’a aucun impact sur qui on est (sauf si c’est le jugement d’un supérieur ou d’un … juge) donc on s’en fout totalement et c’est très libérateur.

Gratitude finale

Rien ne nous est dû, ni par la nature ni par la société. Les systèmes que nous construisons ne sont que ça, des systèmes imaginaires –et peuvent s’écrouler du jour au lendemain.

Nous sommes là par hasard. Disparaître aussi vite que nous sommes apparus, d’ailleurs je suis dans un avion qui pourrait bien s’écraser au lieu de se poser. Dans ce cas personne ne lira ce post, donc si vous le lisez c’est qu’il s’est bien posé et qu’il ne m’est rien arrivé de dramatique entre maintenant et la publication 🙂

Ce n’est ni juste ni logique vu de nos consciences individuelles, mais c’est comme ça.

Alors chaque jour qui passe, je le savoure pour ce qu’il est. J’allais dire c’est une bénédiction, imbibé que je suis moi aussi de notre ami imaginaire barbu et de la difficulté à accepter notre total manque de maitrise sur nos vies.

Pour revenir au paradoxe de la discipline assumée qui libère, c’est l’absence absolue de sens de la vie qui me donne envie de construire, d’avancer et de m’améliorer… et surtout de l’apprécier.

 

PS – Pour ceux qui en sont familiers, vous aurez noté l’influence grandissante de Yuval Harari sur ma vision du monde actuelle et prospective. Et évidemment toujours Sam Harris, qui reste une grande source d’inspiration et de réflexion.

Cet article a été publié dans Petites histoires, Réflexions diverses, Société. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

2 commentaires pour I’m alive

  1. nfkb (@nfkb) dit :

    wow tout un post sans parler nutrition, que se passe-t-il ?

    En tout cas, c’est cool de te lire !

    – mon côté casse-couille pense qu’il est très peu probable que ton patron alcoolique fasse une acido-cétose car je suppute qu’il ne mange pas uniquement liquide contrairement aux personnes à qui ça arrive
    – je viens de me lever à 5:05 pour pédaler un peu avant le travail, je ne sais pas si je tiendrai longtemps avec ce genre de pratique, mais tant que mon sommeil est respecté j’aime bien l’idée. Jocko a un fort pouvoir sur mon imaginaire.
    – je cours moins bien qu’avant, je traîne une gêne que j’ai du mal à affronter en face et/ou à l’inverse à oublier complètement. Et je comprends carrément ton sentiment une fois sorti de la bulle. Sans objectif et ennuyé par qq chose, la motivation s’effrite, c’est aussi un argument pour ne pas compter sur elle 😉
    – et quant aux relations humaines, c’est ma révélation 2017 et je tends à l’accepter : « la connerie, l’égoïsme, sont endémiques. » Je veux juste trouver la force de maintenir ma barque à flot et contribuer à ce que j’estime être bien avec l’espoir que ça serve à quelque chose.

  2. Marc dit :

    Salut Phil

    Ton billet m’a ravi.

    Je suis absolument suffoqué, à chaque fois, que « quelque chose » qui m’est utile , « cela » arrive comme par hasard, au moment opportun.
    C’est souvent une lecture, qui tout d’un coup génère en moi un  » Et si c’était la piste à suivre? »  » Tiens c’est une idée, cela! »
    Par contre pour avoir cet effet « kiss cool » , il faut une chose absolument indispensable : être ouvert.
    Or je crois que peu de personnes sont ouvertes pour saisir ce que « la vie » nous « suggère ».
    Raison pour laquelle, la majorité des personnes restent enfermées là où elles sont, en souffrent parfois jusqu’au suicide, alors que « la porte est ouverte » mais ils ne la voient pas.

    Donc, merci pour ce partage d’expérience qui me parle, vraiment.

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