Après quasiment deux ans sans rien écrire ici subitement l’envie me revient.
Je ne sais pas où je vais trouver le temps de m’y remettre … peut-être en passant moins de temps à regarder CNN et les night-shows américains qui ne m’amusent plus vraiment.
La politique, qu’elle soit américaine ou française, fait partie des sujets où, qu’on soit informé ou non, ca ne change pas grand chose à nos vies. Sauf dans les diners entre potes où tout le monde commente sur l’ineptie de telle ou telle décision gouvernementale « ah non mais quand même cette incompétence c’est incroyable » mais le fait est qu’incroyable ou pas, le fait de l’énoncer ne sert pas à grand chose – sauf à monter une association ou un parti politique; mais ce n’est pas mon intention ni en général celui des commentateurs avisés ou indignés.
C’est comme quand on gère une entreprise, tout le monde a un avis mais quand on est à la barre c’est une autre histoire et la posture de commentateur est bien plus confortable. Etant dans un métier (le marketing) auquel personne ne comprend rien mais sur lequel tout le monde a un avis (« ouah attends j’ai une super idée créative de la mort qui tue ») je suis bien servi 🙂
Et en ce moment avec le COVID on est particulièrement gatés, tout un chacun ayant son idée sur la meilleure stratégie et s’offusquant soit de l’incompétence de nos élites soit de leur corruption.
J’ai passé ces dernières années choqué en permanence par Trump et ses horreurs, mais n’ayant pas le droit de vote aux US à part m’indigner de son cynisme et de la connerie de sa « base » et autres supporters de QAnon, ca ne me fait pas vraiment avancer – à part affiner ma grille d’analyse sur la bêtise humaine et les tours que nous jouent notre cerveau, ce qui est un plaisir narcissique et assez inutile, l’expérience me prouvant que cette acuité ne me protège pas tellement dans mon quotidien finalement, à part pour accepter de lâcher prise.
Donc écrire, oui, mais sur des sujets qui me touchent directement et qui peuvent aussi te toucher, ami lecteur lâchement abandonné en rase campagne. Donc revenir à des fondamentaux, le sport, l’alimentation, la navigation complexe entre notre cerveau de primate et le monde actuel – qui restent des sujets importants et où mettre mes idées à plat et écrire quelques lignes ici pourra peut-être faire bouger celles qui sont dans ta tête. Avec ma marque de fabrique qui est de connecter des choses improbables. Là on va avoir la muscu, Bezos, Dawkins, des spaghetti et des abdos. Hang in there.
Tournant toujours autour des questions de motivation par rapport aux efforts nécessaires à l’entretien de notre véhicule irremplaçable, au moins pour l’instant, j’ai lu récemment un petit bouquin, « the black book of exercice motivation », qui disait en substance – s’entrainer, c’est dur. Ce qui est simple, c’est de se laisser aller, c’est pour ca que la plupart des gens le font.
Étonnamment (ou pas) je suis tombé hier sur la même idée dans un contexte on ne peut différent : La lettre annuelle aux actionnaires de Jeff Bezos. Oui je lis ça aussi, en essayant d’éviter le vertige de « ah si j’avais acheté des actions Amazon en 1997 ». La dernière en date est remarquable, comme d’habitude (elle est ici ). Et elle se termine par une citation de Richard Dawkins, une de mes idoles intellectuelles et qui a largement contribué à façonner ma vision du monde depuis ma lecture du « gène égoiste ».
Là c’est un passage de « the blind watchmaker » – l’horloger aveugle – que je peux traduire approximativement comme suit:
« Repousser la mort demande du travail. Livré à lui-même – ce qui se passe après la mort – le corps a tendance à revenir à un état d’équilibre avec son environnement. Si vous mesurez des variables telles que la température, l’acidité, la teneur en eau ou le potentiel électrique dans un corps vivant, vous constaterez généralement qu’elles sont très différentes de la mesure correspondante dans l’environnement. Notre corps, par exemple, est généralement plus chaud que son environnement et, dans les climats froids, il doit travailler dur pour maintenir cette différence. Lorsque nous mourons, le travail s’arrête, la différence de température commence à disparaître et nous finissons par avoir la même température que notre environnement. Les « efforts » pour éviter d’être en équilibre avec la température ambiante varient selon les espèces, mais toutes font un travail comparable. Par exemple, dans un pays sec, les animaux et les plantes s’efforcent de maintenir la teneur en eau de leurs cellules, en s’opposant à la tendance naturelle de l’eau à s’écouler d’eux vers le monde extérieur sec. S’ils échouent, ils meurent. Plus généralement, si les êtres vivants ne s’efforcent pas activement de l’empêcher, ils finissent par se fondre dans leur environnement et cessent d’exister en tant qu’êtres autonomes. C’est ce qui se passe lorsqu’ils meurent.«
Donc pour vivre et se différencier de l’environnement, il faut produire des efforts qui consomment de l’énergie. On pourrait pousser la métaphore, comme le fait Bezos sur l’entreprise (se différencier des autres pour survivre dans l’écosystème économique) ou l’individu (cultiver ses différences pour avoir une valeur sociale).
Mais revenons à l’activité physique volontaire.
Lever de la fonte, aller courir, même si l’activité peut se révéler plaisante avec l’habitude, c’est toujours se faire violence d’une certaine manière au nom d’un objectif « lointain », que ce soit avoir un corps qui soit plus conforme à une image idéale, être en meilleure santé, ou vouloir s’aligner sur une compétition. Et c’est au final le degré de brutalité qu’on est capable de s’appliquer qui détermine l’efficacité de la démarche. No free lunch. Donc c’est toujours « quel plaisir instantané est tu prêt à sacrifier au nom de ton objectif à long terme » et notre cerveau est vraiment pas fait pour fonctionner comme ca dont il faut une sacrée dose de cortex pour y arriver.
Lire le livre ne permet pas magiquement de se lever à 6 heures du mat pour lever de la fonte pendant une heure mais me fait réfléchir à mes propres difficultés à sacrifier un plaisir gustatif, un temps perdu, pour atteindre un objectif précis.
Donc tout est arbitrage entre des objectifs en tension. Ce week-end lors d’un déjeuner arrosé avec les potes musiciens avec lesquels je joue, la conversation roule sur l’apparence physique et le batteur nous lâche « moi je voudrais un 6-pack pour me la péter sur la plage ». Etant moi-même actuellement dans les affres du bon gras qui recouvre les abdos je lui dis gentiment (en lui resservant une louche de riz en sauce) que la seule méthode c’est la restriction calorique et arriver à moins de 10% de masse grasse. Et donc, comme il est italien, je porte le coup de grâce en lui disant qu’il peut oublier les carbonara pendant quelques mois. Quoi ? Plus de pâtes ? Impossible ! Bon ben voilà. Pâtes ou 6-pack il faut choisir … qu’est qui amènera plus de bonheur sur la durée .. parader sur la plage ou manger des bonnes pâtes ? le débat est clairement posé, et une fois dit comme ca, permet de mieux savoir pourquoi on va consentir ou pas certains sacrifices.
En l’occurence mon objectif actuel est de revenir à un poids qui me convienne – ayant lâché la bride pendant le confinement et surtout abandonné les longues séances d’endurance qui était quasi quotidiennes il y quelques années. En 2014-2015, j’allais bosser à vélo et je faisais souvent une séance de course à pied le midi. Donc des semaines à 8-10 heures d’entrainement massivement bruleur de calories. Le passage au CrossFit, changement de mode de vie, et le dilemme « prise de masse musculaire = calories en excès et entrainement aérobie long = cortisol = catabolisme » a fait long feu chez moi.
La pensée magique qui me consume parfois (qui a dit « tout le temps » dans la salle ?) m’a laissé penser que mes habitudes keto/one meal a day et la dimension HIIT du CrossFit me protégeaient du stockage massif de calories mais force est de constater que nenni.
Rentrant d’un trip familial au brésil avec mon épouse (familial = nourriture en continu de 10 heures du matin au coucher, arrosée de litres de bière) j’ai le courage de monter sur la balance. Ouch. Bon en réalité il suffit de regarder une photo mais là encore le cerveau est trompeur. Ni rides, ni gras. La balance, non.
Et un soir je regarde une vidéo d’un culturiste qui dézingue toutes les « magic bullets » sur la perte de poids. Hint: il n’y a pas de magic bullet. Certes toutes les calories ne se valent pas mais la seule manière de perdre du poids est de se mettre en déficit calorique. C’est con, mais imparable.
Et augmenter la dépense, ben faut bouger plus, et longtemps. Marcher une heure va cramer 2 à 300 calories (note: un croissant fait 450 calories), courir, faire du vélo entre 600 et 800. Faire trois circuits de squats, push press etc, même avec des poids lourds et le coeur qui monte à 160 plus ne va pas faire maigrir (ou alors, 6 mois plus tard quand la masse musculaire aura augmenté).
Bon alors il va falloir que je refasse un peu d’endurance (et manger moins évidemment). Myfitnesspal est devenir mon meilleur ami ou ennemi, ca dépend des jours.
Il y aura des posts à suivre sur le sujet.
PS pas encore familier avec le nouvel éditeur WP, la galère pour mettre des intertitres ! Le prochain post sera plus lisible, promis 🙂
Ça me manquait, oui. Tu n’as pas perdu ton style
Merci JP je t’ai reconnu 🙂 et ca fait super plaisir que tu sentes que le « style » est toujours là, après deux ans passés à écrire et relire des textes qui doivent être optimisés pour faire plaisir à l’algo de Google et donner envie à des prospects de cliquer sur des titres pour qu’on puisse récupérer leurs coordonnées 🙂 … Ca motive pour en faire d’autres, et j’ai quelques idées dans mes tiroirs !
👍
Coooool te revoilà! Même constat de mon côté! Merci pour ce chouette article de reprise !
Apolline Boucq +32 496 088 278
>
J’aime beaucoup le concept de lutte ou d’adaptation contraint pour aboutir à l’homéostasie que requiert un métabolisme pour faire face à son environnement qui lui est, par nature, hostile. « Hostile la nature ! » comme le disait si bien P. Timsit.
Concernant la perte de poids plusieurs choses que je développerais si j’en ai le courage et le temps et l’énergie (donc c’est pas gagné !) sur mon blog. Mais en gros (sans jeux de mots) :
1/ Le probabilité que l’on maintienne LONGTEMPS (à minima 5 ans) le poids perdu lors d’un régime est inférieur à 5% (autrement dit : le succès c’est … 5%).
2/ Pourquoi ? Principalement : si l’on veut perdre du poids et s’y maintenir c’est à la condition exclusive que l’on a mis en place un nouveau mode ou cadre de vie (nutrition + activité physique) que l’on est capable de maintenir DEFINIVEMENT ad vitam aeternam.
Si on revient à l’ancien cadre de vie, alors la reprise du poids est garantie.
3/ Les très faibles chances de succès : oui cela existe quand même, et on s’aperçoit que ce sont des cas où il y a eu IMPERATIVEMENT un changement DEFINITIF dans la pratique de l’exercice physique pour compenser la baisse du métabolisme induite par un poids plus faible.
4/ Si les changements de diététique et d’activité physique sont temporaires alors la perte de poids sera elle aussi … temporaire. Alors tout de suite se poser la question de savoir si les mesures prises sont temporaires ou tenables ad vitam aeternam : si on répond par la négative…alors à quoi bon s’infliger ça ??? Autant ne pas commencer, on s’épargnera de la souffrance inutile.
5/ Si les changements de diététique et d’activité physique sont trop radicaux : alors tout de suite en conclure que cela n’est pas tenable ad vitam aeternam et tout de suite changer de fusil d’épaule et trouver des mesures beaucoup plus soutenables.
6/ Si on perd plusieurs kgs / mois =>> en conclure que les changements sont trop radicaux : autant abandonner, car cela n’est pas soutenable.
….
Bon tu as compris le concept. Et cela est vrai que ce n’est pas hyper encourageant mais mon propos était d’apporter un peu de lucidité et clairvoyance. Les faits sont les faits et ils sont têtus. La vérité n’est pas, très souvent, très engageante.
Après avoir lu tout cela et comme me le dit parfois mon fils : « est-ce que tu es toujours mon copain » ?
Je te bise.
Je suis toujours ton copain, Greg 🙂 Et je suis globalement d’accord avec toi, donc c’est pas difficile. Regarde mon post suivant et mon premier sujet est « la transformation, c’est accepter de se faire violence, et dans la durée ». Il faut donc être clair sur les sacrifices qu’on est prêt à faire pour obtenir son objectif, que ce soit de faire un back squat à 150 kilos, faire la Saintélyon ou perdre 10 kilos. Et donc que la satisfaction narcissique à long terme amène suffisamment de satisfaction pour compenser le deuil des bénéfices immédiats dont notre cerveau raffole (qui a dit dopamine dans la salle ?)
Bises
Philippe