Suis allé voir le concert de clapton au cinéma hier. Le concert est excellent, une partie blues, une partie acoustique, une partie rock. Clapton est toujours aussi volubile (thank you, good night) et aussi bon, surtout en acoustique où il déchire grave. Robert Johnson doit en avoir des frissons posthumes. Oui il a 70 balais, mais quel bonheur et quelle leçon de vie de voir un mec de 70 balais (avec la vie qu’il a eue) avec ce niveau d’énergie et d’envie. On voit les 70 piges au double menton et aux rides, mais pas sur les mains. Et des gros plans de mains, il y a en à l’envie. Et quelques solos qui donnent les larmes aux yeux, avec ce lyrisme et cette efficacité incroyable.
Les mauvaises langues diront que comme il fait les mêmes pentatoniques depuis, heu, 55 ans, ç’est normal qu’il les maitrise bien. On pourra leur répondre que l’alphabet n’a que 26 lettres et surtout que l’émotion véhiculée par l’art n’a rien à voir avec la complexité perçue par le spectateur. Dans ce cas, ce n’est plus de l’art, c’est du cirque, et c’est pas mal aussi, et il y a en a plein dans le monde de la musique.
On voit comme son setup est minimaliste … oui je sais j’ai un Axe-Fx vous avez le droit de vous foutre de moi :-). Il fait tout au volume. Rythmiques à 3, solo crunch à 7, et solo gras à donf. Même pas sur qu’il aie le TBX sur sa guitare de scène (une seule gratte pour tout le show, un modèle visiblement d’une seule pièce de bois). Etrangement il joue souvent sur le micro du milieu, que personnellement je n’utilise jamais ! Quelques solos sur le micro manche, et peu de positions intermédiaires. Un petit coup de Leslie de temps en temps, qui fonctionne aussi bien sur les sons clean que saturés. Oui, une vraie cabine Leslie avec des vrais morceaux de haut parleur dedans qui tournent, un bestiau qui doit peser 100 kilos !!!
Il arrive à sortir cette grosse disto très grasse, épaisse, grumeleuse (à défaut d’un autre qualificatif) qui roule comme un torrent de lave, et que je trouve très difficile à reproduire sans que ça bave dans les basses. Bon, il y a les doigts aussi. Quand on voit la dynamique qu’il a en acoustique, sans médiator, c’est évident qu’il peut avoir la même « accélération » de l’attaque en électrique.
Le son de la Strat reste magique …il avait un ampli inhabituel, une tête Cornford sur un vieux baffle tweed Fender. Comme un con je n’ai pas pris de photo de la tête pendant le film et je n’ai pas retrouvé la référence. En plus Cornford a fait faillite, dure la vie des fabricants d’amplis même utilisés par des stars !
A part ça, honte à UGC Vélizy qui font payer 18 balles une place « special event » où on aurait pu espérer avoir un son qui déchire, he bien espère camarade. Même pas les baffles sur les côtés ils ont mis en route ces branleurs.
Suzana me dit que je suis un maniaque mais quand même un concert au cinéma il faut que ça vous en mette plein les oreilles, non ? Du coup j’achèterai le DVD quand il va sortir. Et une Strat, et une Martin, et quelques vieux amplis …
En tout cas ça m’a donné envie de rebosser « tears in heaven », « layla » et quelques autres classiques. Un bon objectif pour le week-end :-). Et puis aussi de louer le Royal Albert Hall pour mes 70 ans 🙂