Moi, Devialet et Phantom : Part 2

En Janvier mon beau-fils Sergio va au CES et en revient en me disant “j’ai vu un truc incroyable, une enceinte amplifiée fabuleuse, c’est fait par des français, la société s’appelle Devialet”.

De Vialet est le nom d’un ami de Diderot, qui a participé à l’écriture de l’Encyclopédie. Siècles des lumières, me voilà !

Ayant acheté récemment un UE Boom à 200 dollars pour faire un peu plus de boucan avec mon Mac et en en étant assez content, je vais regarder.

Je vois une espèce de soucoupe volante musicale, plutot un oeuf de dinosaure qui déclare sortir 750 ou … 3000 watts dans quelques litres de volume et 12 kilos.

phantomus rex

phantomus rex

Moi qui en trimballe 50 à chaque fois que je répète …

50 kilos ... sans les guitares !

50 kilos … sans les guitares !

Je tombe en arrêt tel l’épagneul breton devant le terrier d’un renard. L’objet est très beau, disruptif et incongru, coute une blinde, mais m’intéresse fortement.

Et fait parler dans les chaumières audiophile et génère du débat !

En arrêt mais à l’écoute !

J’ai des fulgurances pour des objets parfois, et en général mon intuition m’emmène dans un endroit intéressant. Ca a été le cas pour l’Axe FX de Fractal Audio, acheté sur internet en 2008 juste après avoir vu une pub dans un canard de guitare US alors que j’étais à l’époque en plein trip “ampli à lampes pure classe A hand-wired” …

des lampes, du bois,  des potards, de la classe A !

Des lampes, du bois, des potards, de la classe A !

Déclic inconscient que je ne sais pas expliquer.

Des atomes aux octets :ça prend moins de place ...

Des atomes aux octets : ça prend moins de place …

Marketing de la rareté aidant, je reçois un “code secret” pour avoir l’honneur de pouvoir être candidat à l’achat du bestiau, privilégié puis envahi de pubs google dans les semaines qui suivent “Devialet implose Colette” et finit par craquer en me disant que je m’en servirai à la fois pour écouter de la zique et pour en jouer.

La bête arrive quelques mois plus tard (rareté, rareté) avec une lettre du PDG, Quentin Sannier, qui pour se faire pardonner de l’attente offre un boitier en plus, Dialog, qui permet de contrôler plein de Phantom en même temps (jusquà 24 !!!) , ce qui me parait superfétatoire par rapport à mon budget mais néanmoins sympathique !

Circulez, y’a rien à brancher !

L’objet sorti de la boite … les deux seules entrées sont une optique TosLink et … une prise internet RJ45. Cinch, anyone ? ben, non, c’est un autre siècle, ça, pépé. Pourtant connais le numérique avec mon Axe FX, j’ai géré des problème de synchro midi entre synthés en, heu, 1992 (synchro SMPTE sur un enregistreur cassette 8 piste, oui monsieur) et envoyé du numérique direct dans Pro-Tools en me bagarrant avec les problèmes de fréquence d’échantillonage, mais même les ZikMu Parrot ont une entrées audio. Ici, que nenni messire, on n’est pas chez les branleurs à la petite semaine, c’est de l’audiophile intransigeant mon gars. Des ondes, du numérique, ou rien. Et toc.

En fait le bestiau crée son propre wifi dédié, et sait communiquer aussi en CPL, ou en filaire internet. A la limite avec un cable optique TosLink, et à l’extrème limite avec un adaptateur bluetooth dessus (maintenant intégré directement semble t’il). En fait et avec un peu de recul, on trouve des convertisseurs de tout vers tout, et notamment de l’analogique vers du toslink optique pour moins d’une centaine d’euros, mais vous voyez l’idée.

Tout se pilote à partir d’une appli, Spark, qui fonctionne sur l’ordi ou le portable. L’appli, élégante et dénudée, a comme image de fond une vague genre tsunami. Attention les murs, ça va trembler, semble t’elle me dire. Il faut dire que le discours marketing insiste sur l' »implosion » et la densité des basses. Une des technos brevetées dans Phantom est « HBI », pour « Heart Bass Implosion ». Vu comme ça, ça sonne un peu too much, mais en lisant le White Paper (très bien fait) sur Phantom, ils expliquent que les boomers du commerce qu’ils utilisaient au début sur les prototypes avaient la membrane qui implosait (de manière fractale, tiens donc) tellement il y avait de pression sonore.  Ceci dit je me demande comment on pourrait traduire ça en français : Implosion grave du coeur ? Coeur à grave implosion  ? Graves au coeur de l’implosion  ?

Mais tout à configurer !

C’est beau et génial …si ça marche. Mais quand ça ne marche pas, c’est comme un Mac : on est comme un con et on ne sait pas quoi faire. Ce qui va être mon cas pendant un certain temps, jusqu’à ce qu’une sympathique personne du support de Devialet fasse le déplacement chez moi avec un Apple AirPort qui sera relié à ma Livebox et permettra de monter un réseau dédié, et un boitier BlueTooth qu’on peut brancher en TosLink.

Pourquoi ça ne marche pas mon propre AirPort: mystère et boule de gomme, mais qu’importe, les réseaux, c’est capricieux. Et je dis ça après avoir passé quelques heures à lire les best practices pour l’installation de tout ça et plongé dans les tréfonds de ma Livebox, ce qui est proche pour moi du record du monde de l’apnée, sans succès.

Marketing de la technologie, technologie du marketing.

Devialet est dans une posture intéressante. Leur communication produit renvoie sur deux, voire trois aspects contradictoires : organique, technologie, mystère, et je trouve ça tellement intéressant que je vais faire mon post suivant juste là dessus, mais en dire quelques mots ici quand même.

Organique : la forme du Phantom, oeuf de dinosaure qui se met à “respirer” quand on le met en route (en mettant sa main dessus et surtout pas en appuyant sur un bouton marche arrêt, si ça ne vous rappelle pas un certain Steve J. relisez votre petit Apple illustré :-)). Comme si les deux boomers protubérants latéraux étaient des branchies. Leds, vumètres, potentiomètres ? Que nenni, messire, quelle vulgarité ! Tout se fait avec Spark.

Avec un squelette ...

Avec un squelette …

L’ampli de la série “Expert” est une plaque de métal brillant, qui me fait furieusement penser au monolithe de 2001 l’odyssée de l’espace (qui faisait un drôle de bruit sur la fin du film d’ailleurs, si je me souviens bien).

Selfie à l'ampli

Selfie à l’ampli

Et par ailleurs c’est de la techno de ouf, avec un confondateur, Pierre-Emmanuel Calmel  qui a déposé plein de brevets (88 !!!) notamment sur les techniques d’amplification hybride analogique / numérique (classe A et classe D dans un même chip)  et d’asservissement, et cet ADN technologique est aussi fièrement revendiqué. Même si le show room et les images d’interface renvoient à tout autre chose :

Le cheval, comme le son, traverse les murs !

Le cheval, comme le son, traverse les murs !

Une technologie de pointe encapsulée dans des applis hyper-ergonomiques qui laissent à penser que tout est simple et coule de source : on ne peut pas ne pas penser à Apple, évidemment. Mais je vais en reparler.

Bon mais en vrai ça fait quoi ?

Comment dire ? Après avoir réussi à apprivoiser la bête (tout se mérite, quand on veut utiliser du haut de gamme), il s’est passé dans ma vie des choses assez étranges.

D’abord, la liberté incroyable procurée par un abonnement de streaming de qualité.

Tiens, et si j’écoutais … et hop, c’est là.

Des vieux Clapton, des vieux Stones, le dernier Maroon 5, et comme sur Amazon où on peut surfer de livre en livre à travers les commentaires clients, là c’est pareil. Mais je ne t’apprends rien, (jeune) ami lecteur. Tu utilises déjà Deezer, Spotify et tutti quanti.

Non. La magie est ailleurs. P’t’et bien dans l’implosion des basses !

Week-end avec des amis en Normandie, dans une bâtisse du XVème. À la dernière minute, j’emballe le Phantom, avec Dialog, AirPort, les câbles, le Mac, sous le regard mi condescendant, mi excédé de mon épouse : il m’est difficile de me déplacer sans un sac rempli de câbles divers et variés, quelques guitares et un Marshall 3 corps (et 12 paires de pompes de running). Pour le Marshall, je déconne, mais hélas le reste est vrai. Donc l’emballage du Phantom dans sa (jolie) boite d’origine génère un regard vers le ciel, mais rien de plus, on reste dans la psychopathologie de la vie quotidienne, comme dirait oncle Sigmund.

Samedi soir, tout est branché et fonctionne malgré un wifi un peu faiblard : les murs en pierre de 2 mètres d’épaisseur arrêtent les barbares et les ondes wifi, pareil.

On fait péter quelques play-lists, chacun y va de sa suggestion, d’Alya à Sticky Fingers remastérisé, et sans nous en rendre compte nous nous retrouvons à danser sur les canapés sous l’oeuil cyclopéen et placide de Phantom qui néanmoins agite ses branchies en signe d’approbation. Enfin c’est mon avis et comme il n’y a pas de voisins, personne ne peut me contredire. Ce qui est juste bizarre, c’est que cela ne nous est jamais arrivé alors que nous faisons la fête ensemble assez régulièrement !

Phantom médiéval !

Phantom médiéval !

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Effet Phantom 1

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Effet Phantom 2 (avec un zeste d’acro-yoga)

Le Vendredi suivant, des amis à la maison. Nous sommes tous des quinquas certes en forme, mais en général après un diner bien arrosé et quelques conversations sur la marche du monde et nos idées pour y remédier, tout le monde va se coucher avant qu’il ne faille aller chercher une pantoufle de vair.

Phantom est posé discrètement dans le salon. J’explique comment ça marche, un des amis s’en empare une fois que je lui ai dit qu’il pouvait jouer ses propres play-lists Deezer, et subitement il est 2 heures du matin et nous venons de passer 3 heures à danser dans la cuisine. Est-ce une faille spatio-temporelle, un trou noir qui s’est installé dans la cuisine ?

DJ improvisé ...

DJ improvisé …

Avec un zeste de Pat Cash !

Avec un zeste de Pat Cash ! et Phantom en arrière plan …

Deux fois de suite, c’est quand même surprenant.

La magie du sub 40 Hz ?

Devialet clame que Phantom est capable de produire des basses jusqu’à 16 Hertz, alors que l’oreille humaine avertie s’arrête à 40. Mais le son n’est pas perçu que par les oreilles : n’importe quelle personne qui a été écouter un concert le sait. Le son passe par les os aussi, le ventre, la peau. Est-ce la capacité de Phantom à produire ces sons que nous n’entendons pas qui fait que ça donne envie de danser, l’absence totale de distorsion même à un volume de boite de nuit, ou l’accès à de la musique dématérialisée, qui lui donne cette puissance conviviale ?

Je n’en sais rien, et puis on s’en fout un peu à vrai dire. Mais ce qui est sur, c’est que l’ensemble a un sacré “mojo”, comme disaient les bluesmen de Chicago.

Le créateur et son oeuf !

Pierre Emmanuel Calmel  et son oeuf ! Total respect !

Mojo, ça peut rimer avec techno, finalement.

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2 commentaires pour Moi, Devialet et Phantom : Part 2

  1. jpf30870 dit :

    Excuse-moi de faire dans le sobre, genre communication du support, mais si je résume l’œuf vaut largement son pesant de cacahuètes mais ça fait combien en € ?

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