On passe en mode introspection totale. Ami lecteur friand de théories déjantées et de commentaires sur le sens caché du monde passe ton chemin et retrouve moi au post suivant. Là ca va parler cadence, calories, composition des gels et autre sujets totalement chiants pour le non coureur mais dont je me délecte parfois.
L’essentiel quand même :
Baissez le périscope et partons en plongée.
Contexte
Ce marathon n’est pas évident pour plein de raisons. Les plus évidentes : je me suis chié (oui c’est pas français mais vous voyez le concept) sur les deux précédents et je suis mal préparé. La Rochelle : blessure et course sur une jambe pendant 18 bornes, pour un triste 3 :40. Chicago : un temps plus honorable juste en dessus des 3 :30 mais avec un premier semi en 1 :35 et un positive split de 17 minutes – on mesure l’étendue des dégâts ! Perte de confiance (cf. post précédent) alors que j’avais l’impression d’avoir trouvé un plan d’entrainement qui m’allait super bien. Remise des compteurs à zéro, semi de Boulogne où je n’arrive pas à battre mon RP. Blessures à suivre au Brésil, comme d’habitude, reprise timide en Janvier : une ordonnance pour des ondes de choc que je ne vais jamais prendre le temps de faire. Beaucoup de vélo, mais zéro plan. Juste Jean qui me fait faire des 400 variés le Samedi, des sorties longues, un semi en 1 :32 à Rueil, et puis le Marathon de Paris en mode sortie longue en 4 :35 mais que je termine quand même avec une FC à plus de 160.
Dissonance cognitive : je pensais me confirmer pouvoir courir en « fat burning mode » mais non. Qu’est ce qui s’est passé ? Je n’ai pas encore de réponse satisfaisante, je vais demander au cardiologue de Mon Stade ce qu’il pense de l’impact de l’absence d’ingestion de glucides sur une course longue, Rémi n’était pas convaincu non plus sur la corrélation, Jean et Nico me disent que c’est évident (OK mais pourquoi ???) .
Les dépliants du London Marathon insistent sur le fait de ne pas courir quand on eu une «flu», parlant de plusieurs semaines de récup. Hum, moi qui ai fait mon test de VO2max la semaine où j’étais cloué au lit … Peut être tout simplement que l’infection virale que j’ai eue et dont j’ai eu du mal à me remettre a fatigué mon vieux cœur ?
Pour couronner le tout un environnement super speed et stressant au boulot et je me retrouve le Samedi à me dire « mais merde, je fais un marathon demain ! ». Je n’ai même pas fait les calculs d’allure par rapport à un objectif, ce qui me vaudra de faillir me planter, d’ailleurs. Jean m’a dit de partir en 4 :40 et de voir si je peux accélérer ensuite mais on en rediscute et nous transigeons sur un 5 au kilo. Je décide sans avoir regardé mon tableau Excel que ça vaut un 3 :30 mais c’est une erreur !!!
Perception fractale de la distance
Les matheux dans l’assistance savent ce que c’est qu’un fractal. Pour les autres : c’est un espace de dimension non entière. Kesako ? Prenez un cube dans lequel on vous faites un trou cubique qui fait 1/9 de la surface de la face, dans chaque face, au centre de la face. Donc 6 trous (un sur chaque face). Répétez l’opération sur chaque face des 6 cubes en creux que vous venez de faire (un par face) et aussi sur les 8 carrés de chaque face autour du trou que vous avez fait. Donc 48 fois (8 trous sur 6 faces) plus 30 fois (5 faces pour les 6 cubes en creux). 78 trous. Recommencez l’opération sur chaque sous cube de sous face etc. Vous voyez que votre cube va être de plus en plus vide, et que sa surface va être de plus en plus grande. A la fin ce n’est plus vraiment un objet en 3D puisque son volume tend vers zéro et pas non plus un objet en 2D parce que sa surface tend vers l’infini. Il a donc une dimension entre 2 et 3 et je n’ai pas mon polytechnicien favori sous la main pour me donner le résultat :-). Fascinant non ?
Ce type d’algorithme est très fréquent dans la nature : le flocon de neige, le poumon, le système veineux, les convolutions du cerveau : astuces de la nature pour en mettre un max dans un volume réduit. Oui, ami lecteur, ton propre corps est bourré de structures fractales, espèce de Mandelbrot bipède !
Un autre exemple, plus proche de ce là où je veux en venir (oui je sais c’est long mais c’est un post sur le marathon, pas sur le 100 mètres, ça se mérite 🙂 ) c’est la définition de d’une côté maritime sur une carte. On mesure la côte sur la carte : on trouve une distance de X. Parcourant la côte en marchant on va trouver une valeur différente, plus grande : on va devoir escalader les rochers, etc. Pour une fourmi, la distance va être encore accrue. Si il y a des plages de galets, ca va multiplier la distance par un facteur énorme. Et je ne vous parle même pas des brins d’herbe à escalader. La distance dépend de la perspective et de la manière dont on mesure, ce qui est une idée assez peu intuitive quand on a appris que le mètre étalon est stocké sous une cloche de verre je ne sais pas où.
Application pratique
Un marathon mesure 42 kilomètres et 195 mètres. Mais que nenni ! Le coureur en fait toujours plus : on slalome, on prend les virages à l’extérieur pour ne pas se faire piétiner et on n’est pas toujours sur la ligne bleue. Sauf peut être les 4 kenyans qui se tirent la bourre en tête de course, mais pas moi ! Mes marathons mesurés au Garmin font en général 42, 8 et pas 42, 2. On pourrait penser que c’est une erreur de calcul du GPS qui n’est pas censé être fiable au micron près. Mais comme les distances mesurées sont systématiquement supérieures à la distance théorique, je ne pense pas que ce soit la raison.
600 mètres sur 42 bornes ? Que dalle me direz vous. Certes, exactement 1,54% de plus. Franchement, qu’est ce qu’on en a à faire ? Mais le marathonien, même modestement dans le first quartile, comme tout sportif, est dans le détail, le pouillème ! Et le symbole aussi !
600 mètres à 5 au kilo ça fait 3 minutes, la différence entre 3 :31 (loser) et 3 :28 (winner) : là le symbole rentre en ligne (d’arrivée). On aime bien les comptes ronds ; « j’ai fait moins de 3 :30 », c’est mieux que « j’ai fait moins de 3 :32 :56 ». Je suis « sub three » je jouis et j’en mets partout : certains coureurs un peu hypocondriaques se reconnaitront et diront que je suis jaloux, ce qui est parfaitement exact. Bref. Tout cela est ridicule mais extrêmement important 🙂
Et blague à part, pour les champions ça se joue vraiment à quelques secondes, voire dixièmes.
13 à la douzaine et 5 au kilo
Donc à 5 au kilo sur la distance théorique on termine le marathon en 3 :30 :58. Comme la distance réelle est en fait 42,800, le temps réel sera 3 :34. Mais je n’ai pas pensé à tout ça avant la course.
Lost in my thoughts
En fait je pense à plein d’autres choses. Le Vendredi soir je fais la connaissane de Rémi et de son épouse, Moment étrange de découvrir en vrai une personne avec laquelle les échanges et la proximité intellectuelle sont toujours passées par le truchement d’un clavier. Pas Meetic mais quand même, même si les bloggeurs de course à pied sont moins menteurs que ceux qui cherchent l’âme sœur ou un p’tit coup vite fait sur Internet.
Enfin, Rémi et moi, c’est sur … D’autres j’ai des doutes mais je ne vais pas balancer :-).
Super diner dans un resto « fusion » dont je vais acheter le livre de recette dès qu’il va sortir. Connivence réelle et immédiate, y compris avec et entre nos significant others, ce qui n’est jamais gagné d’avance.
Samedi matin j’hésite à faire ma sortie de mise en jambes et préfère filer au salon pour retirer mon dossard avant la foule. Je dresse mentalement une liste de tout ce qui ne va pas :
- J’ai encore les mollets durs de la sortie longue de dimanche ou, galvanisé par la présence de mon épouse à vélo, j’ai fait le paon et fini la sortie dans le rouge, sans autre tentative de récup qu’une séance de cryo mardi soir et zéro footing.
- J’ai une ampoule non résorbée au gros orteil du pied droit et un peu mal au niveau des ongles si les chaussures serrent un peu, et je vais courir avec des chaussettes avec des pompes que j’utilise toujours pieds nus.
- J’ai encore les marques de brulure autour de la cheville de la séance de cryo post marathon de Paris.
- Je vais courir avec les Sketchers GoMeb jamais utilisées sur marathon.
- J’ai mangé n’importe comment toute la semaine.
- Je me demande quel impact le marathon d’il y a 15 jours va avoir sur ma performance et les causes possibles d’explosion à partir du 30ème
- J’ai eu une semaine de merde au boulot et côté qualité du sommeil et zénitune, j’ai tout faux.
Je pourrai aussi avoir une jambe cassée, me direz vous. Et puis je peux aussi voir les choses positivement :
- Pas d’enjeu, pas trop de pression
- Pas de surcharge d’entrainement
- Des temps décents au semi
- Un bon travail de caisse quand même … j’ai fait 1500 kilomètres à vélo en 5 mois
- Pas de bobo tendineux (mon spectre)
- 67 kilos au dernier pesage
Faites entrer les invités dans le salon, Georges !
Arrivé au salon du marathon il y a l’effet ambiance : photos débiles avec les copains et visites de stands.
Marketing génial d’Adidas avec un graffiteur qui nous dessine de la boost en temps réel. Le jour où Adidas fera des pompes avec une toe-box dans laquelle je peux rentrer, je regarderai.
Même si je trouve les prix hallucinants (180 euros !!!). On est d’accord : le « boost », tant qu’il n’y a pas de source d’énergie dans la chaussure, ne permet pas d’aller plus vite ou de rebondir. Même si tout le marketing tend à faire croire le contraire. Greg, le pote de Rémi, reste un peu pris dans le discours « je suis lourd donc il me faut de l’amorti » alors qu’il sait très bien que ça repose sur des prémisses fausses.
Une machine qui permet de courir sans impact sur laquelle j’ai bien du mal à avoir une poulaine de qualité : j’en veux une ! Un stand ElliptiGO … Ca me tente vraiment, ça me permettrait de faire des entrainements sur route avec Carmen ou Momo : cool, non ?
Placebos divers et variés faciles à débusquer avec deux médecins passionnés de sport. Collants de compression ? Bof. Aucune étude qui prouve l’effet. Quand à ceux pour le haut du corps avec exo squelette en option, à part pour ressembler à Batman … Ceci dit conduire une Porsche fait fabriquer de la testostérone, alors, si ça permet de se sentir un super héros ou un mâle alpha … ça peut marcher à défaut de nous faire courir après des mirages. Pour la récup ? Le mieux c’est de marcher, justement. Pour les gels, pareil, même si nous allons nous en gaver histoire de sacrifier au rituel de la surcharge glucidique du n-1. On est tous d’accord sur l’aspect ergogénique de la caféine, le reste …
Beaucoup de stands aussi sur le mode « chaud froid » qui montrent que mon intérêt pour la cryogénie n’est pas très original.
Pas de stand Inov-8 pourtant une marque UK, ni Vibram. RIP minimalisme ?
Je m’arrête chez Sketchers. J’aime beaucoup la GoMeb3 achetée à Chicago sur un coup de tête, avec laquelle j’ai décidé de courir demain. Je manque acheter le nouveau modèle, et puis finalement je vais prendre le modèle « avec lequel Meb fait ses entrainements longs » qui ne vaut « que » 60 livres et a une mention « London Marathon 2015 ». Arbitrage réussi entre l’identification à un champion, l’envie de me comporter en adulte devant ma femme qui voit s’empiler les paires de pompes de course à la maison avec un air mi narquois mi réprobateur, et mon côté « gamin dans un magasin de bonbons » qui serait prêt à acheter tout le salon. Rémi me donne une bonne leçon de rationalité en passant 10 minutes à essayer des Saucony et en concluant « non merci, je les trouverai en soldes dans 3 mois sur i-run ». On rigole devant le stand Brooks et leurs stickers un peu décalés et marrants « you look hot when you sweat » qui me rappelle mes premières sorties en course et les séances d’abdos « mode karaté » avec Suzana il y a 15 ans.
You still look hot when you sweat, baby !
Après avoir pris plein de dépliants sur des courses qui font plus envie les unes que les autres (Islande ! Cercle polaire ! Kenya ! Budapest ! Norvège ! Alaska !!!) nous nous séparons pour aller vaquer.
Pour Suzana et moi gros déjeuner avec Sergio (guacamole, feijoada, frites de patates douce, smoothie tropical) dont je sors avec quelque culpabilité et un estomac qui pèse une tonne. Combien de temps va t’il me falloir pour que tout ce qui est entré ressorte ?
L’après midi j’essaye de comprendre la logistique pour le lendemain (bus à 7 heures du mat …) . J’apprécie l’effort de Greg M. qui vient de faire un trail de 105 bornes dans l’Aubrac. Wow, respect. Mon iPhone annonce 3 degrés le matin et de la pluie pendant la course. Je n’ai pas de gants, pas de sweat. On passe en vitesse chez Tesco acheter des sacs poubelles et je me fais un Gore maison avec 3 sacs poubelle superposés. Suzana me prévient que les Brits étant un peu cul serré que je risque d’avoir des ennuis en courant torse nu. Diner léger italien près de l’hôtel, je n’ai pas faim, mon estomac est encore plein. Coucher relativement tôt en étant assez stressé. Merde, demain je vais courir 42 bornes et je ne suis pas dans le mood. Je prends un bain chaud et je me coupe les ongles des pieds.
D DAY
Réveil à 6 heures pour avoir le temps de manger avant de partir. Salade de fruit avec yaourt, café au miel. Deux passages aux toilettes avant de prendre le bus. Je ne retrouve pas mes amis, m’assois à côté d’une coureuse dont c’est la première course. Toujours intéressant de comprendre ce qui pousse quelqu’un à se lancer là dedans. La c’est « pour reprendre le contrôle de mon corps après avoir eu trois enfants ». Je crois beaucoup à cette idée de réappropriation : j’ai fait la même chose. Le coureur dialogue avec lui même : « bataille » contre soi qui avec la maturité devient « écoute attentive » et dont on peut tirer les fils dans toutes les directions. Je la rassure et lui dit que l’important c’est de décider de le faire, après, même si on n’y arrive pas c’est pas grave. Mieux vaut un échec ambitieux qu’une réussite pusillanime. Elle y arrivera de toute façon.
Il tombe une bruine glaciale, avec petit vent en prime. Je retrouve Rémi et Greg qui descendent d’un autre bus. Il est 7heures 30, nous sommes sur une immense pelouse surmontée de mini zeppelin gonflables qui me font penser à … Led Zeppelin et à Pink Floyd avec Animals. WC et des urinoirs à perte de vue (chouette ! on va pouvoir encore faire caca), tentes pour déposer les fringues et pour boire du café. L’herbe n’est pas exactement le gazon de Buckingham Palace (traduction : elle est haute) et nos pompes sont trempées en quelques pas. Génial. On se demande si on s’apprête à courir un marathon ou si on est dans un camp de réfugiés improbable. Avec quand même un écran géant et une sono qui hurle des noms de champions. Ca va bastonner aujourd’hui chez les hommes et chez les femmes, Paula Radcliffe refait cette course sur laquelle a placé un record jamais battu depuis.
Vaillants nous sommes sous les éléments peu cléments… nous n’avons pas tellement le choix. On parle de course, on se raconte des histoires, selfies, café, toilettes pour la nième fois et sur la fin mini échauffement bondissant de 10 minutes avant de nous jeter dans le sas tout près de là.
« Bon alors les mecs, 5 au kilo ? » J’espère un peu que nous allons faire la course ensemble mais je les sens en mode « Roooh on va partir au feeling et on verra. De toute façon au début on va forcément aller un peu vite ». Aucun de nous trois n’est vraiment entrainé correctement, Remi fait son 5ème marathon et Greg son second, avec clairement quelques kilos en trop. Mais j’ai 15 ans de plus qu’eux, aussi. Et puis, chacun ses enjeux et sa (on son absence de) stratégie. J’enlève les sacs plastiques un par un, reste le t-shirt horrible de Thomas Cook qui fait genre tour de France made in Tati.
C’est parti !
Greg M m’avait prévenu : tu verras l’ambiance est incroyable, il y a des supporters partout. C’est un fait. Nous partons d’une banlieue typique, petites maisons avec le demi étage enterré et les bow windows, briques peintes ou nature … et il y a du monde partout. Ca crie, ça encourage et ça va aller crescendo pendant 42 bornes (et 800 mètres). Il y a des volontaires qui préviennent pour les dos d’âne (BUMP ! BUMP ! ) et les virages .
Rémi et Greg partent sur un 4 :40 voire 4 :30 ; je les suis un peu et je me laisse distancer, n’ayant aucune envie de tenter le diable. En mode « Virtual Partner » sur 5 au kilo, je sais que les secondes gagnées au début se payent en minutes à l’arrivée.
Un peu perturbé au début par l’absence de panneaux indiquant les kilomètres (Welcome to UK my friend) j’essaye de me demander ce que fait 5 au kilo en miles, commence à faire les laps sur les miles, et puis au troisième je vois que les kilomètres sont aussi indiqués et je me recale. J’ai pris une grosse minute d’avance sur le plan, et je décide de me caler entre 4 :55 et 5. Le Virtual Partner me permet à la fois d’avoir mon avance en valeur absolue et de voir si je suis calé à un instant t sur l’allure cible : c’est vraiment pratique.
Introspection
J’alterne entre conscience du geste (avant pied ! lève les genoux ! droit ! grand ! les bras ! les poings ! la respiration ! ) et l’écoute des signaux remontés :
Allô les mollets comme ça va ? « Un peu dur captain mais ça devrait tenir »
Allô les pieds ? « Un peu engourdis chef mais ça va passer après 10 ou 12 kils »
Allô les ampoules ? « Rien à signaler, patron, tout baigne, la lymphe sous cutanée est sous contrôle »
Allô la vessie ? « Si tu as envie de pisser c’est dans la tête, enfin vous me comprenez »
Allô le gros colon ? « Sphincter anal normalement contracté et sans besoin de délestage dans un horizon temporel de plusieurs heures»
J’ai peur d’avoir des crampes aux mollets sur la fin de la course et serai paradoxalement soulagé quand mes quadri commenceront à tirer autant que les mollets après le premier semi.
J’avance comme un métronome. Je m’enfile mes gels tous les 10 kils et pense bien à boire tous les 5 comme Jean me l’a conseillé. Je prends bien le temps de saliver pour diluer le gel avant de le balancer dans mon estomac, espérant maximiser l’effet placebo de mon détecteur de glucose sur-lingual et rassurer mon gouverneur central 😉 « pas de déficit de glucose à l’horizon, moussaillon, poussez les moteurs »
La foule est partout, applaudit, hurle, cherche le contact visuel. C’est prodigieux. A la fois ça génère des montées d’émotion énormes, on sent l’énergie que la foule envoie, d’ailleurs j’accélère involontairement à chaque fois qu’on m’applaudit. Keith Richards en train de faire l’intro de Jumping Jack Flash devant un stade de 100.000 personnes je suis. Bras levé ave index pointé en l’air pour déclencher des vagues de hurlements : je jouerai à ce petit jeu plus d’une fois pour me prendre un boost d’énergie. En comparaison la foule parisienne est coincée du cul et en mode « viens au zoo, on va voir passer des coureurs ». J’exagère à peine.
T shirt désormais noué à la ceinture qui contient les gels, les regards bienveillants des «marshalls» gardiens du parcours me rassurent quand à la décence de ma tenue par rapport aux us et coutumes locaux.
Il ne pleut pas, pas trop de vent, ni chaud ni froid. J’apprécie les brumisateurs, 4 ou 5 le long du parcours sous lesquels je passerai systématiquement et ressentant les bienfaits de cette petite baisse de température temporaire.
Au spectacle
Je n’ai pas regardé le parcours à l’avance donc suis en mode découverte touristique improvisée. Nous faisons le tour d’un énorme voilier, le Cutty Sark. Magnifique même si je ne ralentis pas pour l’admirer. On passe sur le pont de la London Tower qui nous avale. Au fur et à mesure où l’on avance, en faisant quand même des tours et des détours, on voit se rapprocher les grands buildings modernes du centre de Londres. Quelle différence avec Paris !!!
Brève rencontre avec des champions
Sur une zone d’environ un kilomètre, la suite du parcours passe sur l’autre partie de la route. Je vois passer les élites masculines : impressionnant. 4 mecs en train de se tirer la bourre, puis plus rien. Facilité, ampleur de la foulée mais souffrance aussi, ces mecs sont sur le fil, bien plus que moi mais nous n’avons pas les mêmes enjeux. Il y a peut être 300 mètres entre les 4 premiers et le suivant, et encore 200 mètres pour le suivant : ces mecs courent complètement seuls, je me demande comment ils font pour tenir leur allure. Je pense à Carmen qui est souvent en tête de course. J’aurai la sensation symétrique, toutes proportions gardées, en voyant passer la foule de l’autre côté quand je serai sur cette section du parcours. Sans doute des coureurs qui tournent en 4h30 et on en voit qui en chient grave. C’est intéressant parce qu’habitude on ne voit que les 100 mètres devant.
Et le timing dans tout ça ?
Toujours un peu indécis sur mon allure j’attrape à moment donné un meneur d’allure en 3 :30 avec son petit drapeau. Normal qu’il soit devant moi me dis-je, il n’est pas parti du même sas (il y a 3 zones de départ). Vaguement capable de faire quelques calculs je me dis que si je me colle dans sa roue je devrais faire au moins 3 :30. Alors je colle et là le Virtual Partner s’excite, je gratte les secondes puis les minutes : mon calcul était sans doute faux sur les 5 au kil mais l’arithmétique m’échappe à cet instant précis. La vie du coureur serait plus facile si une minute durait 100 secondes :-). La meilleure stratégie : coller au train sans me poser de questions ! Ce que je vais m’appliquer à faire pendant une dizaine de bornes. En fait c’est chiant: il n’est pas super régulier, accélère comme un taré dans les côtes, et puis il y a des masses de concurrents à doubler et il faut slalomer ou avoir des variation d’allure permanentes.
L’un dans l’autre ça le fait. Je sens que j’ai un peu tendance à décrocher entre 30 et 35 et je m’accroche, avec la satisfaction de voir les splits kilométriques dans la fourchette 4 :50 – 5 :00 même si je rate quelques kilomètres – au delà de 30 bornes les fonctions cognitives sont quand même sacrément émoussées ! Je reste donc dans une boucle de rétroaction personnelle positive et de confiance. Passé le 30ème j’utilise mes tours habituels pour découper le parcours en tranches. Il y a toujours la foule et puis …
Go Philippe Go
Vers le 35ème je vois par miracle Suzana sur la droite qui hurle mon nom. Ça me fait un effet bœuf. Les larmes me montent aux yeux. Difficile de savoir pourquoi mais avec l’effort je deviens très « émotionnel » et ce concentré d’amour envoyé est fort et précieux. La durée de la course et la durée de notre relation, le chemin parcouru réellement et métaphoriquement, et le petit pincement (au cœur évidemment) de cette mise en danger : Suzana a toujours peur que je meure d’un infarctus à l’arrivée de la course … ou au milieu. Ce qui serait une belle mort mais quand même un peu égoïste ! J’ai beau lui montrer stats et bilans médicaux, rien n’y fait. Et elle était inquiète de mon enchainement de deux marathons en 15 jours. Tout cela se mélange, j’inspire une grande goulée d’amour avec un zeste d’angoisse et continue à avancer en anticipant nos retrouvailles à la fin de la course.
Chrono maitre
Mon meneur d’allure est parti un peu devant. Je ne l’ai pas suivi. Au 38ème je réalise que je suis en fait limite pour les 3 :30. Je suis parti avec une petite minute de retard sur le temps officiel et je vois 3 :11 et quelques. 4 kils à 5 au kilo ça fait 20 minutes. Et 195 mètres en plus. Je suis fatigué et j’ai mal partout, mais rien d’insupportable alors je force un peu le pas. Mon Garmin indique 4 :55 au kil en moyenne depuis le départ. Philippe à la fin du Marathon de Paris me disait en boucle « on va chercher chaque kilomètre avec les dents ». Je mets tout en branle : les jambes, la tête (Gouverneur central : ta gueule !) et les dents. La foule devenue très compacte hurle à chaque levée de bras. Ces derniers kilomètres sont une libération. Je sais que c’est fini, je ne vais pas exploser, je suis encore capable de contrôler ma posture. C’est le meilleur moment de la course en fait, malgré la fatigue… et la sensation de ne plus avoir de cartilages dans mes articulations des jambes. Ou de pneus si j’étais une voiture. Je suis sur les jantes, les rotules, je cours avec mes dents mais c’est ça LA course, ces derniers kilomètres. On dit souvent qu’un marathon commence au 30ème kilo. C’est tellement vrai.
Au 40ème je vérifie que je suis toujours bon, juste bon, sur le fil, mon fil, il ne faut pas que je décroche ou que je raccroche (je dis ça parce que je suis en train d’écouter le best of de Téléphone dans mon siège d’avion, et que la rage adolescente de Jean-Louis Aubert et ses compères me touche toujours).
J’attrape la main d’un inconnu à 200 mètres de l’arrivée parce qu’un panneau propose de le faire et sprinte.
Je suis encore bon …
Je stoppe la Garmin juste après l’arrivée et elle indique moins de 3 :30. Done.
Enfin #done devrais-je écrire, histoire de hashtagger comme un jeune tweetos, hein @rémi ?
Un autre monde
Passée la ligne d’arrivée tout se grippe. Je ne peux plus marcher. Je sais plus qui a dit «je cours des marathons parce que ça me permet de sentir comment on se sent à 80 balais avec plein d’arthrose». Je confirme que d’un seul coup mettre juste un pied devant l’autre devient un effort surhumain. Mais j’ai ma médaille, les « well done » fusent, un petit sac avec plein de goodies alimentaires mais je n’ai pas faim, pas soif, pas pipi, pas caca. On se félicite entre inconnus, c’est toujours un grand moment. Une petite couverture de survie histoire de cacher ma nudité pour aller dans le métro retrouver tout le monde à l’hôtel. Une, deux photos où j’arbore fièrement mon trophée. Entre les dents 🙂
Je refais la course dans la tête en clopinant pour parcourir en ¼ d’heure les 500 mètres qui me séparent du métro.
Pas de negative split mais j’ai été régulier malgré un départ un peu rapide (après coup : positive split de 45 secondes sur le deuxième semi).
Pas de bobo, pas d’explosion. Ca ne m’est jamais arrivé depuis que j’ai recommencé à courir en 2010. Je n’ai pas les splits des courses faites dans les années 90 mais je me souviens des crampes de mollets qui m’avaient stoppé net à Berlin en 1997 vers le 35ème. Je me félicite de ma gestion de course et m’attribue un satisfecit. Maintenant, il faut arriver à faire la même chose en 4 :30 au kilo. Foin d’avance au début et d’en prendre plein la gueule à l’arrivée. Greg a fait Chicago sans coup de bambou, je viens de faire pareil (avec 10 minutes de plus) ici, c’est donc possible et c’est comme ça qu’il faut faire.
Return to the mean
Le métro londonien est plein d’escaliers. Mais comme on a tous du mal, ce n’est pas grave. Les contrôleurs félicitent les coureurs ; un facétieux me demande mon temps et me dit qu’il ne laisse passer que les coureurs qui on fait moins de 3 :28 avant de me taper dans le dos et me claquer un « well done mate » j’entame la conversation avec une Hollandaise qui vient de faire 3 :40 et qui a déjà fait Amsterdam. Je me traine jusqu’à l’hôtel où je retrouve tout le monde.
Rémi a fait 3 :16 (un 4 :35 bien tassé) Greg 3 :27 (4 :50) et ils ont tous les deux plus ou moins explosé, Greg ayant fait une hypoglycémie sur la fin. Mais ils sont contents, moi aussi, nos femmes aussi, et nous nous quittons rapidement parce que j’ai un train à prendre pour rentrer sur Paris. Un peu frustré de ne pas savourer l’après course entre potes mais je n’ai pas le choix, un train m’attend à 6h07 le Lundi matin pour aller à Nîmes.
La solitude du coureur de fond
On a souvent cette image du coureur solitaire qui enchaine les kilomètres en ravalant sa souffrance intérieure. La photo illustre bien cette concentration mâtinée d’une légère souffrance (tête penchée …)
C’est vrai que la course, surtout entre le 21ème et le 30ème, est, pour moi, un moment de solitude. Les entrainements aussi. Les sorties longues aussi. Mais il y a aussi toute cette camaraderie produite par la sueur (et la passion) collective. 2 ou 3 photos sur Facebook et les commentaires pleuvent et on sait qu’on va en reparler, que ça va alimenter des conversations, des recherches, des interrogations, et fabriquer de belles histoires d’amitié qui vont aller bien au delà de la discussion sur les temps et les stratégies de course. J’ai de plus en plus d’amis coureurs, avec lesquels la relation fonctionne hors de tout environnement sportif.
Quelques revues business on fait des articles sur les patrons coureurs à l’occasion du Marathon de Paris, une étude montrant que le cours de bourse moyen des société dirigées par des marathoniens était en moyenne 5% supérieur aux autres toutes choses égales par ailleurs . Je ne sais pas comment on peut faire ce calcul et corrélation n’est pas causalité, etc. Et puis je connais des coureurs qui sont des cons narcissiques.
Mais j’en subis beaucoup plus au quotidien hors des cercles de course à pied !!!
Panégyrique de conclusion
La course de fond, c’est une école de réalisme, d’humilité, d’écoute de soi et des autres, de concentration, de préparation, et aussi d’ambition et de dépassement : valeurs morales que j’essaye de faire miennes au quotidien, même et surtout quand je ne cours pas, et de transmettre à mon entourage.
Quand on est athée, on a les références qu’on peut hein 🙂 🙂
Ecouter son corps, comprendre qu’il a des besoins, des modes de fonctionnement prédéfinis il y a bien longtemps, et une plasticité, une résistance et une capacité d’adaptation qui permettent de l’emmener dans des territoires inconnus, bien loin de la gratification instantanée et des messages qu’on nous assène à longueur de journée pour nous piéger par rapport à nos instincts alimentaires et sexuels : C’est ça aussi la course à pied, formidable outil de réappropriation de notre corps aussi. Et du rapport à la nature et à l’extérieur : courir sous la pluie, le chaud, le froid et savoir que ça ne fait … ni chaud ni froid 🙂
Avoir une démarche rationnelle, essayer de démonter ses propres croyances, expérimenter et voir les résultats. Isoler les paramètres, les faire varier, apprendre : Ca n’est pas de la morale, c’est de la démarche scientifique appliquée. L’entrainement amène tout ça en plus avec les aléas et les embuches qui vont avec et la prise de recul par rapport à toutes ces certitudes factices qu’on invente pour se rassurer.
Tout le monde peut faire un marathon, il suffit d’en avoir envie et de s’y coller. Ce qui n’est pas la même chose que de dire « tout le monde peut faire un marathon en 2 :30 ».
En discutant avec le chauffeur de taxi qui m’emmenait à Roissy ce matin, on aborde le sujet, il a fait quelques 10 kils, mais il n’a pas le temps de s’entrainer trois fois par semaine.
- Vous avez le temps de manger à midi ?
- Ha ben oui évidemment !
- Et si vous allez courir au lieu de manger ?
- Vous êtes fou !
- Bin non, c’est ce que je fais depuis plus d’un an.
- Ah remarquez, je fais le ramadan, c’est vrai que je tiens la journée sans problème. Mais quand même c’est un plaisir de manger !
- Faire l’amour c’est aussi un plaisir. Vous ne le faites pas 3 fois par jour pourtant !
- Ah …oui. C’est vrai. Bon argument.
- Ben, à vous de jouer alors !
Je ne suis pas un télévangéliste. Juste un peu prosélyte sur les bords. Mais pour une bonne cause et je n’ai rien à y gagner 🙂
Billet comme d’habitude bien écrit et intéressant. Bravo pour ta course! Et tant mieux si tout s’est bien passé malgré les inconnues d’avant course.
Je pense qu’il s’agit d’un aspect les plus importants avant un marathon: pas d’improvisation, ne rien tester ou « réinventer »: tout l’équipement doit être validé, l’alimentation depuis S-1 est contrôlée (si il y a quelques jours dans l’année où on peut se priver voir frustrer, et encore on peut se faire plaisir en étant un peu imaginatif, c’est bien ceux-ci), et ne pas se taper de sortie longue le dimanche d’avant 😉
Enfin tu n’as pas eu d’effet négatif sur ce que tu considérais comme des points qui n’allaient pas avant la course, alors pas de problème!
Je me permet de rebondir sur le sujet de la distance GPS, sujet qui a tendance à m’irriter. Combien de fois j’ai vu des personnes se plaindre que leur 10km faisait en fait 10.3km selon leur montre et qu’ils valent ainsi mieux que le temps réalisé. Désolé mais une montre GPS n’est pas précise à 100% loin de là et c’est pas les quelques virages pas pris à la corde et 2-3 zig-zag qui te font faire 600 mètres de plus… Même la trace GPS d’un élite sur Strava (2h17), qui a ainsi suivi la ligne du début à la fin, est mesurée à 42.7km (sur ce marathon de Londres 2015). Tu as fais ton marathon en 3h29m37s, et non tu ne vaut pas 3 minutes de moins parce que ton GPS indique 42.8km…
Sinon apparemment point de vue dérive cardiaque c’est plutôt stable en étant « carbo-loadé » et ravitaillé ?
Bonne récupération et au plaisir de te lire.
je suis complètement d’accord avec toi sur le débat du GPS qui me gonfle aussi.
Mais ce que veut dire Phil, c’est que comme il se base sur les indications de son GPS en matière d’allure et de distance, on doit anticiper le pourcentage d’erreur de mesure en se donnant une marge sur l’allure cible que l’on regarde au fil de la course
Cheers
En effet cela fausse l’allure moyenne en cours affiché sur la montre, par contre c’est facile de vérifier les temps de passage selon le balisage du parcours et son chrono 🙂
Super billet Philippe ! Tu es au paroxysme de ton art 🙂
– la prochaine fois, je penserais à ce fameux décalage. c’est vrai que je pensais qu’il fallait un 4:55 pour passer sub 3:30 tout en sachant qu’on essaye toujours de faire un chouilla mieux pour avoir un peu de marge (ou l’art de calculer tout en laissant une part instinctive 😉
– c’est vrai que je peux être couillon et acheter un nouvel iPhone alors que le précédent fonctionne très bien mais en matière de chaussure, je ne perçois pas tellement de différences et je trouve que le plaisir de la nouveauté (le chausson, la semelle EVA) s’estompe au bout de quelques kilomètres
– nous avons bu une bonne bière pendant que tu mangeais brésilien, on a tous eu notre craquage 😉
– j’aime bien ton allure de Jack Nicholson sur la photo souvenir de finisher, moi j’ai l’air d’être bon pour la casse sur cette image
et puis je le redis : super billet, tu es au paroxysme de ton art 🙂
Ps Matthieu m’a fait passé ça ce matin, ça t’occupera dans l’avion du retour :
http://www.nature.com/scitable/topicpage/the-origin-of-mitochondria-14232356#
Ah le paroxysme de mon art, c’est un beau compliment. J’ai sans doute plus de talent pour l’écriture que pour la course … mais c’est vrai que je me suis un peu lâché pour l’écrire celui là, 12 heures dans un avion, coupé du temps, ça permet de ramifier la pensée quasiment à l’infini !
Je n’aime pas tellement la photo avec la médaille, mais c’est vrai que j’ai le regard barjo d’un Nicholson sous acide (easy rider …) et tout naturel, je le jure. Que de la molécule endogène, m’sieu l’agent :-). Et je te trouve très beau avec ta médaille :-). J’aime ma photo « concentré », qui en plus d’être prise avec la profondeur de champ qui va bien, symbolise bien l’intériorité de la course.
Bon, il y a plein de commentaires qui appellent une parole médicale et compétente sur l’autre post, alors va répondre et bosse un peu et travaille ta pédagogie et ta tolérance 🙂 comme moi 🙂
Moi je vais dormir. J’ai vu le futur de la pédagogie aujourd’hui, notamment médicale, ça s’appelle des lunettes holographiques made in microsoft et il va falloir que je fasse un post là dessus aussi bientôt !
Bonne journée !
au fait j’ai oublié de commenter l’histoire de l’état grippal, j’y vois une vraie recommandation… même si je ne sais pas qui la suit réellement…
1) la rupture de plaque coronaire aurait plus de possibilité de survenir lorsqu’un épisode infectieux te rend « inflammatoire » Comme l’infarctus et les troubles du rythmes qui en résultent sont la principale cause de décès sur marathon c’est logique de donner en ce message
2) ensuite certaines viroses peuvent attaquer le myocarde, c’est rare mais ça existe, quand on parle de 37 000 personnes à gérer il faut prendre en compte les évènements rares. La myocardite peut également décompenser avec un trouble du rythme… dans la même veine certains agents infectieux donnent une péricardite
cheers
encore un mot : la problématique poids/surface est un noeud du vivant pour des raisons thermodynamique. La coopération avec l’ancêtre de la mitochondrie nous a affranchi de ça pour devenir des eukaryotes avec de grandes cellules prêtes à remplir plein de nouvelles fonctions et à mieux se déplacer 🙂 love it !
faut que tu lises nick lane si tu ne l’as pas déjà fait …