Marathon de Londres Episode 1 : la blonde à forte protéine.

Un week-end riche de bons moments et de réflexions sur la course à pieds, la médecine, le rapport au corps et tout ça tout ça … y compris l’amour et l’amitié. Qui va donc donner lieu à deux posts pour le prix d’un histoire de ne pas trop de faire chauffer les neurones, ami lecteur.

On va commencer par ce qui est le plus périphérique, quoique de plain pied dans la problématique de l’image de corps et de la diététique.

Prenant le métro plusieurs fois pendant le week-end, je ne peux pas ne pas voir ces affiches de pub placardées partout :

ARE YOU BEACH BODY READY ?

ARE YOU BEACH BODY READY ?

Des fois que vous n’ayez pas bien entendu :

De plus près !

De plus près !

En bon mâle normalement constitué, même une veille de marathon, je percute devant cette image pour moi hyper sexuée et agressive. Je suis avec mon épouse mais j’arrive à rester discret :-). Ce corps offert, les yeux mi clos, dans cette posture « je n’ai rien à cacher» est une invitation au coït un peu trop explicite, me dis-je dans mon for intérieur préoccupé précédemment par l’ampoule que j’ai au gros orteil …

Courant dans Paris la semaine dernière j’avais aussi trouvé une pub pour je ne sais quel parfum, visage de femme langoureux et apaisé qui évoquait la détente post rapport sexuel, et trouvé que, décidément, les publicitaires jouent à donf sur l’impact visuel du corps féminin sur les émotions masculines, et que ça marche puisque ça continue.

Voir une image de corps ainsi est un phénomène très récent d’un point de vue évolutionnaire : en gros, c’est depuis l’invention de la photo. Narcisse se regardait dans la surface trouble d’un étang. A l’époque paléolithique, la vue du corps féminin plus ou moins dénudé était porteuse de signal sexuel, les seins devenant un symbole puissant avec l’invention de la bipédie, en faisant un substitut acceptable des fesses (et la position debout « cachant » plus les organes sexuels, bien plus exposés chez les primates et les quadrupèdes. Nous avons en un débat amusant l’autre soir sur le sens argotique de «miches» où la moitié de l’assistance pensait « fesses » et l’autre moitié « seins ». Il est un fait que nous sommes les seuls primates à « érogéniser » les seins. Notre vie sexuelle a beaucoup en commun avec celle des chimpanzés (lire à ce propos le passionnant et excellent livre de Pascal Picq), mais pas celle là.

L’homme que je suis réagit à cette belle femelle en bikini qui s’expose à moi, le passionné de nutrition au programme nutritionnel proposé, le philosophe du dimanche à « qu’est ce que ça veut dire avoir un beach ready body », le cogiteur narcissique à mon rapport à mon propre corps moi même personnellement … et le passionné de nouvelles technologies à la réaction sur les réseaux sociaux.

Ben oui, tout ça en voyant une affiche dans le métro et en flippant parce que je vais courir 42 bornes le lendemain.

La femelle en bikini

Y’a pas à dire … elle est canon. Vous me direz, on l’a choisie pour ça et c’est son métier. Plutôt sympa à la lecture de son site web, Renée Somerfield est australienne, végétarienne militante et sans doute sportive, et « en vrai » elle ressemble à ça :

Prête à se faire détourer !

Prête à se faire détourer !

Elle a 23 ans, ça aide aussi, et elle ne mesure pas 1m83 parce qu’elle bouffe des protéines en poudre, évidemment. Ca me rappelle une conversation que j’avais eue avec un producteur multimédia brésilien qui me disait que pour faire les « avant/après » des pubs de téléachat il prenait des jeunes femmes jolies pour faire le « après » et les photoshoppait pour les rendre quasi-obèses pour faire le « avant ». Même principe que les grands lycées parisiens qui envoient 98% des élèves à l’X : c’est pas parce que les profs sont bons, c’est parce qu’on a sélectionné la crème de la crème avant. Illusion d’optique à la Nassim Taleb courante, mais tellement efficace.

Les protéines

Rien de nouveau sous le soleil (pun intended) dans le programme nutritionnel. Une bonne vieille diète protéique, qui va faire perdre quelques kilos avant d’aller à la plage, sans miracles côté musculature et cellulite, qui génèrera peut-être un peu de confiance en soi qui sera engloutie la spirale d’échec classique des régimes.

Confiance en soi, la préoccupation du jour

La confiance en soi fonctionne plutôt comme un hystérésis que de manière linéaire. Vous mettez 10 ans à la construire et tout peut foutre le camp en 10 minutes. Un peu comme l’entrainement en course à pied, ou les cours de bourse. Si on arrête de s’entrainer 3 semaines on perd 50% de ce qu’on a acquis sur les 3 mois précédents. Si on perd 50% à la bourse il faut remonter de 100% pour retourner au même niveau. Les raisons ne sont pas les mêmes mais vous voyez l’idée.

Moins on a confiance en soi, plus on est dépendant de l’avis d’autrui pour prendre des décisions. A se demander si il n’y a pas une conspiration judéo-crypto-maçonnique 🙂 pour détruire l’estime de soi des femmes et les rendre dépendantes des marketeurs de régimes : plus une femme va faire des régimes qui ne marchent pas et plus elle va risquer plonger pour le dernier truc à la mode, surtout vu les infos contradictoires que l’on trouve sur internet aujourd’hui où il y a tout et le contraire de tout.

Tout le monde en profite – sauf elle : les magazines qui font une couv sur le régime truc ou machin qui permet de perdre 5 kilos en une semaine et qu’il est vachement bien parce que ***insérer nom de personne connue au corps attractif *** vient de le faire, la « celeb » qui fait la promo et qui prend un chèque, le mannequin qui fait son job, et le producteur de produits qui vend ses protéines et autres acides aminés magiques.

Et le boulot dans tout ça ?

La destruction de confiance est aussi une « technique » de management hélas assez répandue : dites systématiquement à un collaborateur que ce qu’il croit savoir bien faire, c’est en fait de la merde et au bout de 5 fois vous avez un zombie décérébré qui va même vous demander si c’est une bonne idée d’aller pisser et qui va vous remercier quand vous lui dite oui bien sur mais surtout tiens bien ta bite avec la main droite, hein. Syndrome de Stockholm quand tu nous tiens …

Si ça vous arrive, barrez vous en courant. Les gouvernements ne négocient pas avec les terroristes, on ne peut pas se faire aimer et retourner la vapeur d’un patron psychopathe sans dommages collatéraux. Je parle d’expérience :-). Le pire étant celui (ou celle) qui pourrit vos pairs en vous mettant au pinacle, flattant votre narcissisme et gonflant votre égo, puis qui va vous déglinguer sans que vous sachiez pourquoi, avec une nouvelle star dans le groupe qui vous remplace. Je l’ai vécu il y a longtemps, avec un patron qui en plus était une jolie femme qui savait bien en jouer et j’ai appris la leçon.

Dans ce type de contexte il est important de se rappeler que le bourreau est le plus mal loti, parce qu’il a besoin d’esclaves pour exister et que ces stratégies de massacre sont toujours la signature d’un profond manque de confiance en soi. Mais il faut se barrer quand même, à lui de trouver d’autres victimes !

Il y a une vidéo intéressante qui illustre ça ici, avec des enfants. Ca permet aussi de mieux comprendre pourquoi il faut autant féliciter les enfants quand ils sont petits.

Et l’acide linoléique conjugué dans tout ça ?

On ne maigrit pas en faisant un régime, on maigrit en changeant de mode de vie à travers un rapport à l’alimentation et à l’utilisation du corps différente, point, barre. Même si le producteur « Protein World » met l’accent sur le mode de vie, et que les témoignages clients sont très positifs. En creusant un peu je vois qu’ils proposent aussi de l’ «acide linoléique conjugué» qui est censé interférer avec les mécanismes de stockage (la lipoprotéine lipase) et qui a fait l’objet de papiers, sur les souris (ben oui), comme celui ci mais évidemment quand on regarde chez les humains c’est différent et nettement moins positif.

Bref : comme toujours à boire et à manger (pun intended), mais surtout du profit pour ceux qui vendent les produits et tout ce qui les entoure. Moi je garde mon l’idée du jeûne, finalement.

La diététique c’est comme un bon mix (de musique 🙂 ) plutôt que d’augmenter les fréquences qu’on veut mettre en valeur, il vaut mieux baisser toutes les autres. Une métaphore de compétition que je pourrai bien resservir dans d’autres contextes, tiens …

Beach body ready ?

Evidemment ça ne veut rien dire. Le corps « beach body ready » social, c’est le corps sexuellement attirant, tant dans le regard des hommes que celui des femmes (compétition intersexuelle). Canon universel dans les cultures, avec peut être plus ou moins de gras sous-cutané, mais toujours des proportions harmonieuses, qui ressort de l’esthétique de la statue grecque, avec peut-être une poitrine plus développée. J’ai déjà fait des posts sur les corps esthétiquement épouvantables vus à la plage au Brésil, et l’importance des seins – mais aussi sur la dictature de l’image et cette équation impossible débile et frustrante qui consiste à montrer des mannequins de 15 ans anorexiques et photoshoppés comme image idéale du corps féminin et je vais en remettre une louche.

Ces images impossibles ont des effets graves : explosion des opérations de chirurgie esthétique sur des personnes de plus en plus jeunes. Rapport au corps « machine » : j’ai trop de gras, je vais faire une lipo ; j’aime pas mon nez, je vais me le faire raboter ; je ne trouve pas de mec, je vais me faire agrandir les seins, etc. Evidemment ça ne peut pas fonctionner pour l’estime que soi : qu’est-ce qu’une estime de soi uniquement basée sur une image corporelle dont on sait qu’elle ne peut que se dégrader avec le temps ?. « la beauté cachée des laids des laids est qu’elle se voit sans délai délai » chantait Gainsbourg qui ajoutait qu’au moins lui n’avais pas peut de devenir plus laid en vieillissant, mais a quand même séduit les plus belles femmes de sa génération, pas les plus laides comme par hasard.

Le discours de Protein Word avec la pub et du mannequin, Renée Somerfield est plutôt «prenez vous en charge» ; Végétarienne, elle revendique que « la santé prime sur l’esthétique » qui est un discours  entendable. Corps en bonne santé plutôt que corps attirant. Même si je réalise à l’instant qu’une végétarienne qui fait de la pub pour des protéines … c’est sans doute un oxymore enfoui sous quelques liasses de billets de banque.

Il y a une ligne étroite, et qui demande pas mal de travail personnel, entre l’acceptation de soi en tant que préalable indispensable au bonheur (si je suis frustré parce que je mesure 1m60 j’ai intérêt à l’accepter ou a trouver des substituts parce que quoi que je fasse je ne mesurerai jamais 1m80) et le juste travail sur soi qu’on peut avoir envie de faire pour des raisons esthétiques ou de santé.

Moi mon corps et moi

Les lecteurs du blog savent que ma trajectoire sur le sujet a été assez compliquée. Frustrations de jeunesse (trop petit, trop jeune) qui aurait pu mener à de la muscu à donf pour compenser mais je me suis plutôt orienté vers le déni et le rejet massif du sport pendant des années. J’ai reçu sur LinkedIn un mail l’autre jour d’un pote d’école d’ingé qui lit le blog et qui résume bien le truc, je le cite «Quand nous nous sommes quittés (en 1983), tu cognais sur les sportifs; 30 ans plus tard, je te retrouve en train de promouvoir l’activité physique avec la ferveur d’un televangelist américain…en plus honnête quand même. »

La réappropriation de mon corps a été longue et assez compliquée. D’abord sur le mode «je suis comme je suis, toute personne a le droit d’être aimée et fière d’elle quelle que soit son apparence esthétique» des stages reichiens des années 80 – qui reste la posture fondamentale de l’estime de soi justement. Mais qui m’a aussi amené à plus de 80 kilos en 2000 et «c’est bien de s’en foutre, mais je n’ai pas envie de ressembler à ça, je ne veux pas projeter cette image de moi et je vais travailler pour avoir un corps différent et dans lequel je me sente bien» et la découverte du plaisir de l’exercice physique dont je parle à tire larigot sur le blog. Avec la pratique sportive vient le «comment gérer mon corps de manière optimale par rapport à ce que je veux en faire» et dans ce contexte l’esthétique ne compte plus tellement, le rapport est plus fonctionnel.

Et twitter dans tout ça ?

Les affiches ont fait réagir les femmes de manière brutale et a généré une tornade sur les réseaux sociaux, des articles dans les journaux et quelques détournements et piratages des affiches assez intéressantes.

Fuck off !

Fuck off !

standard of beauty

standard of beauty

Everyone

Everyone

C’est vrai que c’est plus rare de voir des mecs body buildés sur des affiches de métro. Quoique les beaux gosses à barbe de trois jours qui font de la pub pour des fringues, on en voit aussi des wagons. Mais ils ne sont pas en bikini.

En plus on s’en fout d’avoir un corps beach body ready. En tant que grands pourvoyeurs et consommateurs de symboles, nous avons tout un tas de trucs et astuces pour rendre le corps désirable et regardable indépendamment de notre taux de masse grasse, et là encore la corrélation entre «probabilité de trouver l’âme sœur ou un coup d’un soir» et «composition corporelle» est sans doute nulle.

fatty sympathy ?

fatty sympathy ?

Pour moi (et on le voit dans le tweet ci dessus) cette polémique pose aussi la question de l’acceptation sociale de l’obésité, typique du corps moche et dysfonctionnel. Est-ce qu’un corps beau n’est pas tout simplement un corps qui signifie qu’il est fonctionnel – c’est assez logique, non ? Il y a des groupes aux US et en UK, peut-être en France militant pour une « non discrimination des obèses » et je trouve ça complètement con. Oui pour montrer des mannequins avec 30% de masse grasse et pas des post ado décharnées, mais on ne me fera pas croire qu’un obèse morbide peut être bien dans sa peau, si j’ose dire. Le regard juste sur l’obésité, c’est un regard clinique et médical : les obèses sont des malades, tout comme les fumeurs (malades potentiels) et la bonne réponse c’est : « comment les aider à en sortir » plutôt que de les plaindre parce qu’ils ont les « mauvais gènes » ce qui est aussi une grosse connerie. Une fois qu’on a dit ça on n’a pas résolu grand chose mais il me semble que le regard « maladie » est à la bonne distance entre la compassion (ce ne sont pas des crétins gloutons sans volonté) et réalisme (ce n’est pas OK de peser 200 kilos et les gens qui te trouvent moche ne sont pas intolérants).

Bon … 2500 mots sur une affiche de pub. Je me suis laissé un peu emporter là. Il va falloir passer aux choses sérieuses là. C’est quand même un blog de coureur ici, merde, quoi.

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3 commentaires pour Marathon de Londres Episode 1 : la blonde à forte protéine.

  1. nfkb (@nfkb) dit :

    well well well

    je m’en fous de la blondasse, envoie le post sur le marathon !

  2. nfkb (@nfkb) dit :

    Je suis sûr que mon effet provoc’ est tombé à l’eau parce que tu verras cette vraie réponse en même temps que la fausse, mais bon…(et en plus je vois que mes super balises à blague ont été dégagées par wordpress, vilain !)

    Ce qui m’a surtout intéressé dans ce billet, c’est la polémique sur l’obésité. C’est un sujet difficile.

    En fait, une partie de moi adhère carrément à ce que tu dis, mais si je mets ma casquette de docteur, j’adhère moins. Je m’explique.

    Il y a clairement une frange de gens qui sont gravement obèses parce qu’il y a des trucs complètement cassés dans leur système physiologique (rare maladie de la régulation de la satiété comme le Prader-Wili, ou d’autres trucs rares) et puis il y a une majorité qui semble s’embourber dans le gras à cause d’une éducation et de revenus faibles. Et puis, des gens chez qui ça arrive petit à petit… la nourriture, la sédentarité s’installe, certaines hormones chutent…

    Le problème c’est qu’une fois que l’obésité est installée. C’est un peu comme une prison de laquelle on ne sort pas car la physiologie est complètement déréglée. Les quelques histoires de perte de poids drastiques (par la volonté) relèvent d’histoires d’évasion. (d’où le fait d’observer qu’il n’y a guère que la chirurgie qui transforme durablement les obèses morbides)

    Après, j’ai l’impression que tu essaies de trouver où mettre le curseur dans ta vision d’un obèse : un cauchemar éveillé, un malade ou un nullos.

    Moi j’ai envie de te dire un truc de bouddhiste de comptoir (à la fois classe et un peu suranné quand même, genre Buddha Bar, tu vois le style ? 😉 ) : laisse tomber le physique de l’obèse, c’est le sien et toi tu n’y peux rien. L’interaction que tu peux avoir avec ton prochain obèse c’est de papoter avec lui comme avec tout à chacun, c’est tout.

    Ni toi, ni moi ne sommes armés pour envisager l’obésité comme un problème de santé publique. C’est vraiment compliqué. L’obèse qui est bien, qui n’a pas de plainte, est-il malade ?

    Autre point, tu peux me retorquer l’obèse a trop mangé, y’a pas d’obèse au paléolithique, etc. Donc, il l’a bien cherché à un moment et puis merde la société paye pour ces gens lorsqu’ils tombent malades et moi je n’ai pas de réduction sur ma mutuelle alors que je fais gaffe à ce que je mange et que je fais du sport. Ok.

    Et ce matin, j’ai vu un gars amputé de la jambe en fémoral, qui a eu un cancer ORL qui lui a dézingué la tronche, et un cancer pulmonaire radiothérapé, il fume encore. On lui fait payer la suite des soins ?

    Et la gamine de l’autre jour qui est tombée, on fait payer les parents parce qu’ils l’ont mal surveillée ?

    Et l’accident de ski, on facture tout parce qu’il n’avait qu’à rester chez lui ?

    Et moi qui suis né avec un trou dans le coeur, on me laisse crever d’insuffisance cardiaque parce que je n’ai pas eu de bol et puis c’est tout ?

    Bref, tu vois le truc, c’est compliqué d’arbitrer entre une médecine sociale à la française et des soins issus d’un régime totalitaire où on déciderait je-ne-pas-comment de quelle pathologie serait digne de recevoir un support financier.

    Au final, je trouve donc ça dur de voir quelqu’un qui a une masse importante et de le résumer à cette masse en lui collant l’étiquette de malade. Si cette personne se sent mal, alors il devrait consulter pour qu’on l’aide.

    Cheers

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