Vitaliste ou pas ?

Quasiment un mois sans écrire. Argh. Je ne vais pas vous ennuyer avec mes atermoiements, j’ai juste … pas eu le temps.

Le mois est passé si vite … Ca vous fait ça vous aussi,  de voir les heures, les jours, les semaines défiler à une vitesse frénétique ? On dit que plus on vieillit, et plus ça va vite. Quelques calculs de pourcentage peuvent donner une base mathématique à cette perception : une heure en valeur absolue est toujours la même, mais en % de temps vécu vaut de moins en moins (puisqu’on a vécu de plus en plus longtemps, CQFD).

Les esprits pessimistes feront remarquer qu’il reste aussi de moins en moins de temps à vivre, et que chaque heure qui passe est de fait une partie de plus en plus importante du temps qui nous reste à vivre : la seconde juste avant la mort représente 100% du temps qui reste à vivre.

Pourquoi je vous embarque là dedans ?

Peut être parce qu’une personne proche de la famille attend un foie tout neuf pour continuer à vivre et qu’en attendant son état se dégrade de plus en plus : pour rester dans une métaphore mathématique, il faut qu’il tangente la mort pour avoir le droit d’avoir un foie tout neuf qui va lui sauver la vie …

Une situation pareille, au delà de la tension et de l’angoisse qu’elle représente pour les proches du malade, montre plusieurs choses intéressantes: la tentative d’avoir un système équitable avec des règles claire pour l’attribution de l’organe, sur la base du danger de mort bien sur. En France on ne peut pas tricher, aux US on peut s’inscrire dans plusieurs états pour maximiser ses chances, j’avais lu une histoire sur Jobs à ce propos, qui avait besoin de reins neufs. C’est dur (d’autant plus que le foie provient d’une personne qui vient de décéder) et en même temps on ne peut pas vraiment faire autrement, c’est la justice et le contrat social. On a beau dire et tempéter qu’on est dans une société à deux vitesses avec plein d’injustices,  là pour le coup il y a des règles qui fonctionnent et qui sont justes.

Ca fait aussi réfléchir sur les progrès incroyable de la médecine. Il est de bon ton de faire du « big pharma bashing », et sur ce blog je l’ai fait un paquet de fois. Oui fourguer des statines à tire larigot c’est pas top. Mais quand on voit l’appareillage mis en oeuvre pour une transplantation, et qu’on met ça en regard avec un article trouvé dans le nouvel économiste qui explique que l’homme le plus riche du monde en 1850 est mort d’une septicémie et qu’il aurait été traité en 5 minutes aujourd’hui même avec juste la CMU …

Ca renvoie aussi à tous les délires (dont les miens) sur les médecines alternatives, naturopathie etc. J’ai une une discussion houleuse avec un collègue de travail l’autre jour parce qu’il m’assénait vigoureusement que l’homéopathie, ça marchait, la preuve, c’est que ça donne des résultats sur les plantes, et les plantes, hein, elles ne fonctionnent pas au placebo. J’avais moi même « acheté » ce type d’argument il y a quelques années, pas avec des plantes, avec des animaux. Le clou dans le cercueil étant « les médecins traditionnels sont tellement obtus que les labos homéopathes ont arrêté de faire des études parce que ça ne convainc personne ». Vraiment ? Une petite recherche sur Internet avec l’aide de nfkb0 prouve évidemment le contraire, les études montrent justement que ça ne sert à rien.

J’ai trouvé un site sympa qui parle de tout cela ici, et un autre article qui montre que les règles sont toujours les mêmes pour toutes les médecines alternatives. C’est intéressant, ça fait penser à la religion, où les schémas mentaux sont toujours les mêmes et on peut les démonter. C’est  ici.  J’avais lu un autre article qui montrait que tout cela s’articule aussi sur un principe vitaliste mais ma maitrise d’Evernote est encore partielle. Ceci dit si vous googlez « vitalisme médecine » vous allez choper plein de sites de naturopathes. La définition du vitalisme est ici.

Je marche sur un chemin conceptuel assez étroit vis à vis de ça. Rationaliste, athée, l’idée d’un principe vivant qui anime la matière est quelque peu étrangère à mes schémas de pensée.

Pour avoir vu la vie s’échapper de mon chien en direct live en 20 secondes, le principe vital, c’est l’organisme qui fonctionne, point barre. Il a une  résilience certaine par rapport aux évènements extérieurs mais un choc direct sur le crâne est hors scope… Ou un foie qui ne marche plus, ou un rein, bref, principe vital, mon cul, si j’ose dire.

Alors bien sur on peut me rétorquer « mécanique quantique » ou « théorie des cordes » même en restant dans le rationnel, comme dans ce livre (dont le lien m’a été suggéré par Serge, fidèle lecteur :-)) mais entre ma lecture de l’article et la « peer review » par un ami nettement plus calé que moi en méca Q … il n’en reste pas grand chose. Ou alors il y a un truc qui nous a vraiment échappé. Le fait que les atomes qui constituent mon organisme soient recyclés depuis une dizaine de milliards d’années ne dit rien dans un sens ou dans l’autre sur la survie de ma conscience après ma mort (ou avant).

Pour autant, quand je claironne que je ne suis plus malade depuis que je m’expose au froid, ou que j’écoute ce qui dit Wim Hof (the iceman), est-ce que je suis en plein délire vitaliste ? Pareil pour l’alimentation paléo, ou le jeune intermittent, ou l’activité sportive …

Si l’organisme humain est un système, comme tout système, il a des conditions optimales de fonctionnement. Le truc compliqué c’est que c’est un système qui se modifie en permanence en fonction du contexte dans lequel il évolue, selon des règles qui sont un empilement historique d’optimisations dans des contextes qui ont massivement varié, mais qui continuent à marcher de concert. Et qui n’ont jamais eu pour « but » de nous permettre de courir des marathons à 80 balais et d’avoir autant de rapports sexuels qu’on veut sans fabriquer de progéniture. Ceci étant, certaines activités vont activer des processus biochimiques qui vont « régénérer » l’organisme, d’autres vont faire le contraire. Faites vos jeux. En sachant qu’on reste dans la statistique, et que nous tous l’exemple du mec qui a une vie super saine et qui attrape un cancer à 45 ans, et du fumeur alcoolique qui meurt à 90 ans.

C’est pas du vitalisme, ça, c’est de la chimie, des maths et des stats.

Me voilà rassuré.

Evidemment je n’avais pas du tout prévu de faire un billet là dessus, mais c’est mieux que de me lamenter sur mes deux minutes de trop au semi de Boulogne 🙂

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5 commentaires pour Vitaliste ou pas ?

  1. nfkb (@nfkb) dit :

    ah… enfin un nouveau billet ! Après le départ d’un pilier du blogging médical, je commençais à m’inquiéter d’une autre disparition !

    Je m’installe donc avec une bonne gueuze pour lire et relire cette note.
    Tu as décidément du talent pour écrire en peu de paragraphe sur des choses si importantes.
    Je reprends quelques points qui m’ont marqué.

    – tempus fugit, rien de neuf, d’où l’importance de hic et nunc 😉 Sinon c’est vrai que d’aller au coin de la rue avec une enfant de deux ans qui s’émerveille de la moindre tâche sur le trottoir nous démontre bien que le temps n’est pas le même pour tous. En ce moment je suis dans une période slow, c’est pas mal.
    – je ne sais pas si on *a le droit* à un foie quand on est malheureusement en insuffisance hépatique. Le récipiendaire du don est dans une situation ambigüe où il a besoin d’un autre (qui n’est plus) et une asymétrie se crée. C’est un sujet éthique passionnant et difficile.
    – cette petite remarque sur les mots passée, je trouve que tu mets le doigt sur un truc vachement important : on nous serine pour des conneries alors que la Médecine sauve des gens qui mourraient il y a 100 ans. L’hygiène, l’infectiologie, la cardiologie ont drastiquement augmenté notre espérance de vie. Alors on peut effectivement se palucher sur les gélules Boiron ou sur la dernière cure d’hydrothérapie du colon à la mode dans le seizième mais tout ça n’impacte pas très fort en matière de santé publique…
    – je n’ai pas compris le passage sur la mécanique quantique… la nature de la matière, tout ça, peu m’importe, dans le référentiel où je vis et où je pense il y a des êtres vivants, des gens, faits de matière et surtout d’une histoire et d’une culture. La nature nous relie et la culture nous identifie.
    – après il y a ton discours sur le façonnage d’un moi plus costaud, une envie d’optimisation de ce que l’on a. C’est vrai que c’est une sorte de ligne directrice que nous sommes quelques uns à partager. En même temps, je ne ressens pas (encore) chez moi l’envie de vivre très longtemps. Je crois que ça m’amuserait, une sorte de pied de nez final genre « je vous l’avais bien dit de ne pas reprendre ce croissant 😉 ! » mais je crois surtout que c’est le côté aventure qui me plait. Tester des trucs, pousser la machine, apprendre à aimer la douche froide (oui oui on aime ça à force) tout ça m’amuse, je crois que j’aime sortir des sentiers battus c’est tout.
    – à propos, t’en es où de tes habitudes paléos ?

  2. serge dit :

    Nous sommes composés de 60 000 milliards de cellules: la place au doute est permise…
    Exact pour le « fidèle lecteur… »

  3. serge dit :

    Ce qui ne fait que conforter le doute…
    Dédicasse pour Paléophil…
    « …Que celui qui mange de tout ne méprise pas celui qui ne fait pas comme lui, et que celui qui ne mange pas de viande ne condamne pas celui qui en mange.. »

    Bien avant nos lectures sur le modèle Paléo, et autres…

  4. Ping : Irrespect pour les morts et exhibitionnisme … | Paleo, Running, Bio (logie), Techno …

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