Comfort food …
Un autre diner en famille, à Campinas. Au menu : riz aux gambas, filet de boeuf (pour ceux qui n’aiment pas les gambas) et, pour une fois, une salade de légumes sautés, un genre de ratatouille locale, un régal. Evidemment difficile de résister à la bière. De toute façon, il n’y a pas d’eau (trouver de l’eau gazeuse dans un supermarché est assez délicat, ce n’est vraiment pas dans la culture brésilienne). Donc entre la Skol et le guarana light, je choisis mon camp.
La discussion avec mon futur beau-frère (entrepreneur, assez athlétique, 55 ans) est intéressante. Il bosse comme un fou, rentre chez lui tard le soir. Il a du mal à se motiver pour descendre dans la salle de gym de son immeuble à 11 heures du soir, tourne vite en rond chez lui et finit devant la télé ou un DVD avec un sac de chips, une pizza et quelques canettes. Pas parce qu’il a faim vraiment, plutôt parce qu’il est fatigué et que se remplir l’estomac de « comfort food » est la manière la plus simple qu’il aie trouvé de faire baisser son stress. Je ne vais pas rentrer dans la discussion biochimique (notamment les niveaux élevés de cortisol qui stimulent l’appétit …) mais on voit bien le cercle vicieux qui lui a fait prendre 8 kilos en quelques mois.
Nous concluons doctement que le vrai ennemi, ce n’est ni le sucre ni la bière, mais ce qui nous donne envie de nous en goinfrer à l’insu de notre plein gré : le stress. C’est sur que je peux remplir des pages et des pages sur le sujet.
Du coup la question qui émerge c’est : comment être moins stressé ? Comment prendre du recul par rapport à notre quotidien (sans forcément devenir moine bouddhiste ou trappiste) ? Il me parle d’un de ses amis qui est bouddhiste, qui médite 1/2 heure tous les jours, et qui est un modèle de jovialité et de joie de vivre.
Il y a sans doute un truc à creuser de ce côté. Et mes lectures parallèles et divergentes (quoi de commun entre Ben Greenfield et Josh Mitteldorf ???) m’enverront ce même signal dans les jours qui suivent. En attendant, je fais du paddle-board … et ça va faire partie des mes bonnes résolutions 2014 !
Paléo Brazil …
Un des jeunes cousins de ma femme qui commençait à prendre de l’embonpoint à l’aube de la trentaine a passé un mois à Paris cet été et passé plusieurs soirées avec nous, ce qui lui a permis de voir comment nous nous alimentions.
Il était reparti en disant « il faudra que j’essaye », mais ayant un peu l’habitude de la culture brésilienne, (enthousiaste, consensuelle et amicale, mais avec une mémoire à court terme qui se remet à zéro très facilement), j’avais entendu ça comme une sympathique formule de politesse.
De fait nous déjeunons ensemble la veille du réveillon et il a effectivement l’air en pleine forme. Ses parents le regardent d’un air attristé refuser les sempiternels feijones (haricots noirs) et arroz (riz blanc) et boire du coca light (personne n’est parfait). Il a eu beaucoup de mal au début à se déshabituer des doses massives de glucides (maux de tête notamment) mais tout est passé en une semaine.
Il fait un peu de prosélytisme dans son entreprise (développement et formation informatique, des métiers qui sont plutôt à l’opposé d’une alimentation et d’un mode de vie sans) et a convaincu quelques collègues qui obtiennent tous d’excellent résultats.
La difficulté est toujours un peu la même : intégrer cette modification comme un mode de vie et pas comme un régime.
J’aurai moi même quelques « retours de flamme » surprenants, par exemple en passant devant une boulangerie le matin.
Flash-back immédiat : je suis avec ma grand-mère à la boulangerie de Laroque des Albères, j’ai 6 ou 7 ans, et nous allons acheter le pain du petit déjeuner, le matin en Aout, avant que la chaleur ne s’installe. C’est la même odeur, et à l’époque j’avais droit à un croissant (pas toujours au beurre, ça dépendait). Je ne suis pas Proust donc je ne vais pas vous en faire 10 pages. Avec le filtre de l’évolution on peut voir comme comme réactiver une envie de manger sur une odeur « agréable » pouvait être utile dans des temps où les sources d’énergie comestibles étaient rares …
Donc l’autre jour, piégé par l’odeur, j’ai croqué dans une petit pain blanc (les brésiliens ne font pas de pain de bonne qualité, tout est à base de farine très très blanche et industrielle) pour me rendre compte que finalement l’odeur valait nettement mieux que le goût … un peu comme la cigarette.
Réveillon …
Mais la pièce de résistance alimentaire arrive, mesdames et messieurs : le réveillon de Noël. Qui dit réveillon dit débordement, outrance, trop-plein … Pourtant Joseph et Marie ne devaient pas rouler sur l’or ni manger à leur faim tous les jours (par contre ils devaient y aller fort sur les céréales, calorie bon marché du travailleur et de l’esclave).
Un OVNI alimentaire est présent cette année : un Jambon espagnol, avec son sabot, sa couenne, son présentoir et son couteau. Je vais passer une bonne partie de la soirée à le trancher, et à me faire des nouveau amis :-). Même si la réaction initiale est un peu suspicieuse : de la viande crue ? quelle étrange chose ? Je ne sais pas pourquoi mais le jambon cru ne fait pas du tout partie des traditions culinaires Brésiliennes. Question de climat peut-être, faire sécher de la viande dans un environnement chaud et humide est sans doute un challenge, et au brésil, il n’y a pas de montagnes.
Evidemment avec un apéro à base de jambon cru, de noix diverses (dont du brésil) qui dure plusieurs heures, quand les plats de résistance arrivent l’appétit n’est plus vraiment là mais la « communion » se fait bien à travers l’excès alimentaire. Dire qu’on n’a plus faim ou qu’on ne veut pas grossir serait d’une impolitesse totale.
Donc on s’offre des cadeaux, on mange, on prie, on mange, on discute, on mange, … un plat à base de légumes (une autre espèce de ratatouille)
et de la salade, et tous les glucides habituels,
des viandes marinées , de la morue, le « couscous » local qui est de la semoule avec du poisson … qui seront suivis par les desserts habituels, notamment le « brigadeiro », qui combine lait condensé, beurre, crème fraiche, farine et chocolat. Une espèce de cupcake radio-actif 🙂
Le lendemain midi nous aurons une vraie viande paléo pour le coup : des jarrets de cochon de lait au barbecue. et là on mange tout : la peau, les muscles, et tout le reste (sauf les os). Avec les restes de la veille, et encore une farandole de desserts !
Desserts moins paléo …
Conclusion …
Nourriture, nourriture … Sujet tellement central, tellement culturel. D’ailleurs quand on ne mange pas, on se demande ce qu’on va manger, on commente ce qu’on a mangé. Et passant un peu de temps à réviser des cours de médecine de P2, quand on regarde comment tout cela fonctionne, la mécanique est hautement sophistiquée, pour extraire toute l’énergie disponible dans les aliments. On commence à sécréter de l’insuline et de la salive juste en pensant qu’on va manger …
Bon j’ai un peu l’impression de faire des tartes à la crème, là. Pour l’analyse plus sérieuse, on va attendre le post suivant. J’espère que la ballade vous aura plu.
Moi, elle m’aura fait prendre quelques kilos que je vais mettre maintenant à l’épreuve du froid …
Mais quand même : joyeuses fêtes et plein de bonnes choses pour 2014 !!!
« Avec le filtre de l’évolution on peut voir comme comme réactiver une envie de manger sur une odeur « agréable » pouvait être utile dans des temps où les sources d’énergie comestibles étaient rares … »
C’est sur, les mecs étaient tellement morts de faim qu’ils n’avaient même plus faim, alors l’évolution Proustienne les a doté de ce petit dispositif pour leur rappeler comme il est parfois bon de manger un peu 😉
Bonne année à toi et à tes proches… et j’espère que t’as vraiment pris quelques kilos de réserve, si tu comptes rentrer en paddle board !
Salut Renaud et bonne année à toi aussi : je vois que ma candeur un peu niaise ne passe pas inaperçue même un lendemain de réveillon ! Donc continue à affuter ton esprit critique, j’ai quelques trucs dans ma besace qui vont te plaire je sens ! J’ai d’autres choses dont je voudrais te parler mais c’est hors blog … Excellente année à toi aussi. Rentrer en paddle, c’est encore au dessus des mes forces, j’ai pris un bon vieux A380 et laissé la planche au Brésil (mais je caresse l’idée d’en faire sur la seine, et d’apprendre à slalomer entre les péniches 🙂
Hé, hé ! Tu sais comme je suis taquin, je peux pas résister 😉
Sinon, je suis tout ouïe… et si les péniches te gênent trop tu pourras toujours t’essayer à ça :