Les 10 règles de vie des chasseurs-cueilleurs d’élite !

On a tous vu les « 7 habitudes des gens qui réussissent », « 5 règles pour se faire des amis », et autres listes de courses pour nous aider à gérer nos vies et à avoir des points de repère, ou au moins des éléments de réflexion.

Mark Sisson est sorti un peu de son pré carré diétético-sportif, avec The Primal Connection, qui renvoie plus à des questions d’attitude face à la vie que de quantité de glucides à consommer.  Comme le bouquin n’est pas prêt d’être traduit et qu’il vient de publier sur son bloc son ossature,  10 règles qui résument bien le propos, je vais vous en faire une petite synthèse vite fait, parce que je trouve ça intéressant.

Il  y a évidemment une dimension fantasmatique forte vis-à-vis de l’idée qu’on se fait de la manière dont se comportaient nos ancêtres : on en a quand même assez peu de traces. Au risque d’irriter Renaud, fidèle lecteur et contradicteur, je dirai que c’est toujours intéressant de savoir (ou d’imaginer) quels étaient les comportements optimaux à l’époque paléolithique, et de voir si ça nous interpelle et si on peut en tirer quelque chose.

Avec l’idée que le bonheur (qui est aussi un sous-produit de l’évolution, quoi qu’on en dise) est plus facile à atteindre si on se cale sur ces comportements, ou au moins qu’on essaye des les intégrer dans notre quotidien.

Allons-y donc pour les « 10 règles de vie des meilleurs chasseurs-cueilleurs ».

Traduction et interprétation assez libre…

Bon déjà, il fallait avoir une bonne vue, la patate, savoir viser, courir, sauter, mais ça c’est plus le registre MovNat.. Mais il  avait aussi des choses plus intellectuelles et comportementales, comme …

1. Assumer

Au paléolithique, on ne pouvait pas rejeter sa mauvaise fortune sur la sécu, le gouvernement, la couche d’ozone, ou la tribu d’en face. Ni se dire qu’on appellera les secours en montagne si on est mal équipé ou le samu si on se tord une cheville.  Les enjeux étaient trop importants (vie ou mort, littéralement) et il n’y avait pas d’infrastructure de support autre que la tribu.  Faire le martyr et accuser les autres de ses propres difficultés n’amenait nulle part.  Donc pas de place pour la lamentation sur son propre sort et l’accusation de tiers à propos de ces maux.

Nous le faisons combien de fois par jour aujourd’hui ? Sur les parents, la société, les politiciens, le patron ?

2. S’occuper de soi, ici et maintenant.

Pour nos ancêtres, il y avait sans doute un sens de responsabilité collective, mais aussi beaucoup de temps libre et une répartition des responsabilités qui devait être assez souple et homogène, puisqu’il n’y avait pas vraiment de spécialisation des tâches. Et donc ils passaient du temps pour eux, et dans le présent. Et ils avaient intérêt à être capables de se démerder, et donc à maintenir une capacité de fonctionnement correcte.

Nous passons une grande partie du temps à nous projeter dans l’avenir (hypothétique par construction), oublier l’ici et maintenant, notamment notre santé, nos proches. Et à nous dire que ce n’est pas grave si nous ne dormons pas assez, sommes trop gros, consommons trop d’alcool … et qu’on s’en occupera demain, parce qu’on sait qu’il y a un filet de sécurité ou qu’on ne considère pas que le fait de dysfonctionner physiquement soit un réel problème. 

3. Construire une tribu

Nos ancêtres fonctionnaient dans un groupe assez serré (entre 25 et 50 personnes) qui était leur assurance pour la survie, dans lequel il devait forcément y avoir des conflits, mas nécessairement un sens d’appartenance fort et des échanges intenses et réguliers.

Aujourd’hui nous avons des centaines d’amis sur Facebook, mais souvent très peu de relations réelles et intimes. Et sans doute pas assez de temps pour s’en occuper, ce qui génère en réalité un sentiment de solitude.  Je peux compter mes amis sur les doigts de la main.  Il faut passer du temps avec eux, et être dans une logique de réciprocité.

4.  Être à ce qu’on fait

Nous avons l’habitude de faire du multi-tâche, par souci de perdre du temps sans doute, par peur du vide, et les outils technologiques récents nous précipitent dedans encore plus. Mail qui bipe, message sur le téléphone, tout arrive en même temps, doit être répondu immédiatement, et le présent se dissout dans ces urgences qui n’en sont pas. Et quand le téléphone ne sonne pas on se demande ce qu’on va faire ce soir, si on a dit ce qu’il fallait à la réunion de travail, et on dine en regardant la télé pour ne pas perdre de temps… ou on se sent abandonné.

Dans la savane, il y avait plutôt intérêt à être concentré sur la tache en cours, parce que sinon ou pouvait vite être transformé en chair à pâté.

Cette capacité est toujours en nous, et nous avons besoin de la cultiver. C’est  à mon sens un peu la même chose que le principe Zen de faire une chose à la fois, en pleine conscience de le faire. Ce qui est en fait assez difficile.

5.  Etre curieux

La curiosité, l’imagination et la créativité, la capacité à expérimenter et à extrapoler sont des caractéristiques fortes de l’espèce humaine. Et c’est ce qui nous a amené là où nous sommes aujourd’hui, pour le meilleur ou pour le pire.

Mais pour autant nos vies sont souvent remplies d’activités inutiles et chronophages, qui nous font oublier ce qui nous intéresse et nous passionne. Nous avons tous la capacité à nous passionner, mais est-ce que nous l’utilisons vraiment ?

6. Redécouvrir son instinct

Les américains parlent du « gut feel », en français on  dit plutôt « faire confiance à son intuition »  qu’à ses tripes, mais c’est la même idée. D’une part, nous avons une sacrée quantité de neurones autour de l’estomac (à peu près autant que dans le cerveau d’un chat …) et d’autre part nous savons maintenant que beaucoup de décisions sont prises inconsciemment, sur une analyse rapide et pas rationnelle sans passer par le pré-cortex, qui va ensuite rationaliser.

Pour autant, nous sommes dans une civilisation qui célèbre la rationalité et l’analyse même si ce qui nous attire dans les médias renvoie l’image contraire.

C’est important de se reconnecter avec ce cerveau primitif, de l’accepter, et de se mettre dans des situations où il peut s’exprimer pleinement, par exemple dans la nature ou en pratiquant la méditation, histoire de faire un peu de silence dans notre néo-cortex qui déborde !

7.  Choisissez vos batailles

Dans un monde dangereux avec un accès à l’énergie restreint, tout était affaire d’analyse de risque et de bénéfices potentiels.  Et toute erreur d’analyse pouvait être fatale (voir le post sur les erreurs).

Aujourd’hui, bombardés d’informations et de demandes en tous genres, il est facile de se perdre dans des batailles inutiles, qui consomment de l’énergie sans rien rapporter.

8.  Faites la paix

La capacité à pardonner a sans doute été aussi importante dans l’évolution de l’espèce que l’esprit de vengeance.  Pardonner permet de continuer à coopérer et évite le cercle vicieux de « tu m’as fait du mal, je vais te faire du mal » comme on le voit aujourd’hui dans des conflits de groupe rassis, avec tellement d’allers- retours qu’on ne sait plus qui a commencé et la violence s’auto-entretient ad nauseam.

Un homme préhistorique trop revanchard ou vengeur risquait sans doute de se mettre à dos sa tribu et se retrouver en piteuse posture.

Combien de temps passons nous aujourd’hui à ressasser des haines inutiles et improductives, qui n’ont au final d’autre fonction que de nous immobiliser ?

9.  Affutez votre lance

Nous vivons aujourd’hui des vies cloisonnées, fruit de la division du travail et de la spécialisation inventée avec l’agriculture.  Nos ancètres devaient être assez polyvalents, n’ayant pas le luxe d’appeler un chasseur de têtes (ou alors d’un autre genre :-)) quand il fallait remplacer une fonction essentielle dans la tribu.

Travaillez votre excellence à ce qui vous intéresse, mais aussi votre polyvalence.  Et décidez vous mêmes des atouts et compétences que vous voulez cultiver, pour vous faire plaisir à vous, et à personne d’autre.

10. Cultivez l’abondance

Pour nos ancètres, l’abondance était sans doute très différente de l’idée que nous en avons aujourd’hui. Ils devaient «travailler» environ 6 heures par jour et le reste du temps profiter de leur temps libre. C’était donc un bien précieux !

Ca l’est toujours – mais plus précieux encore sont le statut social et notamment ce que nous possédons.  C’est dommage, parce que souvent nous troquons le matériel (objets divers,  temps passé au travail pour les acquérir) contre des choses plus importantes, comme le temps libre qu’on peut passer avec sa tribu, par exemple.

La véritable abondance, c’est quand on a le temps de jouer et de bien dormir, et qu’on est heureux d’être ce qu’on est. 

Alors, votre avis ? Qu’est-ce qui vous parait pertinent ? Moi je voulais en choisir une ou deux, mais finalement … je trouve que tout est important. Même si pas toujours facile à mettre en oeuvre.

Le post original de Sisson est

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8 commentaires pour Les 10 règles de vie des chasseurs-cueilleurs d’élite !

  1. Renaud dit :

    Ah ben voilà, je suis tout irrité maintenant ! Grrrrr…
    Sinon les conseils me paraissent globalement bons. J’en prendrai bien de la graine, mais c’est pas paléo 😉

  2. Serge dit :

    « Le modèle paléo » de Mark Sisson était vraiment un très bon livre..
    Mais j’avoue que les lignes qu’il a publié en avant première de:  » The Primal connection » me laissent perplexe…

    Il prend le train des coachs et autres (y compris les télé évangélistes) qui nous promettent le bonheur si nous respectons certaines règles.
    Surfer sur le paléo a ses limites.
    Tout était dit dans son premier livre.
    Néanmoins, les affaires doivent continuer, on ne peut pas le lui reprocher: « il faut bien que tout le monde mange »…
    J’aurai préféré voir son film…

    • paleophil dit :

      Je te trouve un peu dur … l’alimentation et l’exercice c’est déjà un premier pas dans une démarche d’hygiène de vie, et ç’est assez logique ensuite d’aller dans le comportemental. Il ne promet pas le bonheur, mais pose quelques questions pertinentes. Je suis plus gêné par le fait qu’il vende des compléments alimentaires, sans doute inutiles, que par « The primal connection ». Il n’y aucune règle que tu trouves intéressante et/ou pertinente ?

      • serge dit :

         » Qui aime bien châtie bien ».

        Cela me rappelle étrangement les stages de « management ».
        « Vous êtes le responsable de l’équipe, du service, etc. Vous devez assumer, ne pas vous dissimuler… ». (règle numéro 1)
        « L’importance du réseau, il faut le cultiver… » ( régle numéro 3)

        J’en passe et des meilleures…

  3. paleophil dit :

    Bon : je te trouve toujours injuste :-).
    L’importance du fait d’assumer n’est pas à mon avis à reléguer aux stages de management qui sont souvent effectivement dans le « yakafaucon ». Eviter de faire des conneries et/ou de s’appuyer trop sur la superstructure sociale me parait personnellement une bonne règle de vie, souvent oubliée actuellement.
    Par exemple les gens qui vont chez le généraliste pour un oui ou un non et se font faire des tas d’examens parce que « ça ne coute rien » (cf l’express de cette semaine) ou qui attendent toujours une prise en charge sous une forme ou une autre.
    La vie en société est une dialectique où on troque de sa liberté individuelle contre du confort et moins de risque, mais se sentir responsable de sa propre existence me parait plutôt sain (bon après on peut discuter du libre arbitre mais c’est un autre débat).
    Et pour le réseau, il dit justement de ne pas le cultiver et de se recentrer sur un petit groupe (même si il fait un business avec une mailing list !)

  4. Julien dit :

    je ne suis pas du tout « paléo », même si le peu que je connais me semble plutôt censé 😉
    En tout cas cette petite règle de bonne conduite me parle beaucoup. Je pense que c’est intéressant de se la rapeller de temps en temps…

  5. Serge dit :

    Mais je suis injuste et je le revendique!!
    Ma critique principale à son encontre est la façon très « marketing » avec laquelle il nous vend un autre aspect de sa vision paléo. Et cet aspect prend toute la place…
    Je m’imagine déjà:
    j’ai payé 500 dollars pour assister à sa journée de conférences.
    Il n’accepte pas les euros, il n’a pas confiance…
    Et je « communie » avec lui, en répétant avec d’autres:  » oui je veux faire la paix! » « Oui je veux gagner des batailles »…
    J’arrête là mes « âneries ».

    Pour en revenir au réseau, il n’est nul besoin d’en avoir un très développé, il suffit juste qu’il soit efficace!

    Bien entendu que certains abusent et se reposent sur le bien collectif sans en mesurer conséquences. Mais cela fait aussi la rente de certaines professions.
    Demande aux médecins, biologistes, et autres s’ils ne sont pas heureux de faire leur beurre…

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