J’ai regardé « The Perfect Runner », de Niobe Thompson, passé sur Arte il y a quelques semaines en DVD. Rien de révolutionnaire, les idées exposées sont quasi-identiques à celles de « Born to Run » de Christopher Mc Dougall (traduit en français, je le rappelle) mais quand il est question de course, l’image apporte un sacré plus.
Qu’est-ce que je savais déjà ?
L’adaptation à l’effort d’endurance et à la course est ce qui nous différencie des autres mammifères et de nos proches cousins les chimpanzés. Pour la bipédie, ça paraît évident, mais pour la course ?
- Perte des poils, accroissement du nombre de glandes sudoripares permettant l’évacuation de la chaleur sur une longue durée : quand on fait un effort d’endurance 75% de l’énergie chimique est transformée en chaleur.
- Augmentation de la taille des muscles des cuisses et des fesses : le Gluteus Maximus, muscle de la fesse et le quadriceps sont les muscles les plus puissants du corps humain. Il n’y a pas que du gras dans les fesses ! C’est tout un système de ressort qui permet le stockage et la restitution de l’énergie élastique entre la plante du pied, le tendon d’Achille, les mollets , les cuisses et les fesses qui va nous permettre de courir pendant des heures.
- Raccourcissement des bras et renforcement des muscles du cou permettant d’avoir le tronc et la tête quasi-immobiles lorsqu’on court.
- Système de régulation de l’effort qui nous arrête lors d’un effort trop long. Un peu primitif, j’en conviens : sortie plus ou moins rapide du contenu du tube digestif par l’une ou l’autre de ses extrémités. Celui qui n’a jamais eu envie de gerber après une séance de VMA ou qui ne s’est pas caché dans les fourrés au 35eme km d’un marathon est surement un menteur :-). Ca peut faire marrer, mais le chien ou le cheval n’ont pas ces systèmes de défense : un marathonien qui va faire un sortie un peu rude avec son chien va tout bonnement le tuer.
- Enfin la bipédie nous amène un avantage énorme par rapport aux quadrupèdes : la décorrélation des rythmes respiratoires et cardiaques. Une antilope qui court vite contracte son diaphragme au rythme de sa course, un humain non.
Cette adaptation a été facteur de survie et aussi de progrès exponentiels.
La survie, ça paraît évident : l’hominidé de 80 cm de haut qui sort de la forêt tropicale et qui va dans la savane pleine de lions et de tigres n’est pas vraiment outillé pour la survie. Bonne chance pour gagner une course contre un guépard. Mais la capacité à suivre un herbivore sur une longue, voire très longue distance, jusqu’à l ‘épuisement et l’achever à coup de lances, a permis une alimentation garantie, et très riche en protéines et en graisses animales (j’y reviendrai). C’est une des hypothèse pour le développement considérable de notre cerveau par rapport à un régime végétarien et pauvre en gras (notre corps est fait majoritairement de gras, de protéines et d’eau, est il utile de le rappeler ?). et je passe sur les capacités d’interaction sociale dans le groupe, et et le développement du langage, la chasse étant plutôt une activité collective.
Le bon geste de course est d’atterrir sur le milieu du pied, pas sur le talon. L’expérience avec le calcul de l’onde de choc sur le tapis est sans appel.
Bref, nous sommes l’animal le plus adapté à la course en endurance. Cela nous a permis de survivre et de nous adapter dans tous les coins de la planète. Notre corps est « conçu » pour ça, entre autres, mais on peut aussi ajouter : quelques sprints (au cas où un autre prédateur se pointe, ou pour finir d’épuiser la proie) et un peu de « levage d’objets lourds » (essayez donc de trainer 50 kilos de viande sur votre dos).
On comprend mieux qu’un mode de vie sédentaire nous tue, indépendamment de notre alimentation. Et on retrouve les principes de Mark Sisson : faites par semaine 3 à 5 heures d’exercices aérobie tranquille (et une chasse à l’antilope, une), une séance de sprint fractionné anaérobie (merde, un lion !) et une ou deux séances de muscu (bon c’est pas tout, maintenant il faut ramener le steak à la maison).
Et ce que je ne savais pas ?
Les reportages dans les tribus d’Afrique et de Sibérie sont assez sidérants. Pour l’Afrique, c’est un peu l’image d’Epinal des racines de l’humanité … mais la violence du milieu est frappante : chaque espèce animale passe son temps à manger, éviter d’être mangée, et se reproduire de temps en temps, et sinon se repose en étant toujours sur le qui-vive. Bon c’est une lapalissade, mais quand on passe notre temps à se plaindre du stress au boulot ou des conditions de vie inhumaines … on a juste oublié de là d’où on vient. Non, je ne suis pas un libertaire forcené, je suis quand même content de payer des impôts.
Quand à la vie en Sibérie …. Les nomades qui suivent leur troupeau de rennes, en attrapent un régulièrement au lasso, en courant dans un marécage 8 heures par jour avec des bottes en caoutchouc et le dépècent en direct live : là c’est moi qui suis une chochotte et qui ai oublié là d’où je viens. Et en étant bien incapable de faire pareil – je réalise que l’état normal de l’humain, c’est la restriction calorique, l’alimentation irrégulière, et je me demande bien où ils trouvent leurs glucides, en Sibérie.
Plus supportable mais toujours brutal, la fabrique d’athlètes en Ethiopie. Voir les jeunes faire des éducatifs comme moi sur mon stade le Samedi matin au milieu de la forêt, mais avec plus de tonus, avec des survets de récup, et courir avec cette foulée ample et rapide, pieds nus quand ils sont enfants à surveiller des troupeaux, et avec des chaussures quand ils intègrent un club, c’est magique et triste à la fois. Magique parce que quand on voit ces images on sent bien qu’on touche à quelque chose d’universel, une fondation, et c’est ça que je retrouve quand je cours dans la nature. Et triste parce que c’est leur seule chance de sortir leurs familles de la pauvreté, comme la boxe ou le rap pour les noirs américains, ou le foot pour les brésiliens. On voit ce jeune gars dont les parents vivent dans une hutte qui foire un 10.000 de sélection pour une épreuve internationale, il a tout donné mais ça ne suffit pas.
Un autre enjeu que de vouloir gratter 20 minutes au marathon pour se rapprocher des performances de sa jeunesse.
Le bonus ce sont les coureurs d’ultra. Un 120 miles au Canada, réputé un des plus difficiles du monde ; l’ultra c’est pas trop mon truc, peut être trop proche de notre animalité justement … On voit cette femme de 50 – 55 ans, arrivant un ravito vers le 80eme mile, expliquer qu’elle a des grosses crampes voire une déchirure à la cuisse. Elle chope un rouleau de « duct tape », ce gros ruban adhésif qu’on vend dans les magasins de bricolage, se fait un strapping maison avec trois tours, et repart.
Dans les bonus du DVD elle est interviewée et explique qu’elle est épileptique. Un jour sentant arriver une crise elle a pris ses chaussures et est partie courir et elle n’a pas eu de crise. Alors elle s’est mise à courir pour contrôler son épilepsie. Est-ce l’effort, l’oxygénation du cerveau, on ne sait pas mais maintenant elle est championne d’ultra, et à mon avis pas prête de s’arrêter !
even not being a big fan of running after watching this documentatry I really udnerstood the importance of daily walk/run…..they way we live today is really not healthy, too much time in our desks, cars, plain, trains etc. I was amased to see how the SIberians still hunther and gather!
How can see it ?