Movanatation …

Un petit post dans la continuation de ma réflexion sur Movnat. Qui décidément me fait plus gamberger que je ne l’aurai cru. Ca arrive parfois, et c’est le signe que la chose vient titiller quelque chose d’assez profond, une autre pièce de mon puzzle personnel qui se met en place, ou en tous cas, qui bouge.

Toujours bien les pieds dans l'eau :-)

Toujours bien les pieds dans l’eau 🙂

Création

J’ai donc continué à faire quelques mouvements dans mon jardin, et puis à penser à ma posture. Commencé à sentir la dimension créative de la chose qui me correspond bien : on peut inventer ses mouvements, ses propres mini chorégraphies. Les gestes sont utiles.  Se lever, bouger, attraper quelque chose … Ca change des “trois séries de 15 répétitions”, et ça met en contraste cette (re)prise de possession de son propre corps, et l’intégration dans la réalité quotidienne et corporelle. Un corps, c’est fait pour bouger avec efficacité, parce que jusqu’à il n’y a pas longtemps c’était une question de vie ou de mort. Si vous trouvez que je suis dans un délire paléo : actuellement tout près des plages du débarquement, il y a 61 ans  pour les gars qui couraient entre les obus, l’efficacité du déplacement était effectivement une question de vie ou de mort. Bon, la chance aussi, mais il n’empêche.

Du sang et des larmes, oubliés, il n'y a pas si longtemps ...

Du sang et des larmes, oubliés, il n’y a pas si longtemps …

Integration

C’est sans doute la première leçon que j’apprends de MovNat : la séparation entre le sport, l’entrainement et le quotidien est factice. Ce n’est pas une découverte absolue : je ne prends plus l’ascenseur depuis longtemps, je ne rechigne pas à faire 10 fois les volées d’escalier dans la maison et je m’étire discrètement dans les réunions où je m’emmerde. Mais là ça va plus loin : le corps efficace se travaille et peut servir en permanence, hors objectif de performance. Et le corps qui fonctionne bien est une source de plaisir, aussi, naturellement.

Et du coup, tout devient entrainement, et tout objet devient potentiellement outil d’entrainement. Et toute posture est potentiellement entrainement ou étirement.

Rapprochement (du plancher des vaches)

Pensons à  la diversité des positions assises, à partir du moment où on se passe de chaise, évidemment. Je travaille souvent debout quand je suis à la maison, et là je suis en train de passer au ras du sol. En ce moment je suis assis par terre avec le mac sur une table de salon. Certaines postures sont plus inconfortables que d’autres, révèlent des raideurs et des tensions, alors on peut bouger, passer d’un genou sur l’autre, avoir le pied flex ou étiré (aie, ça fait mal ça) et on sent toutes les articulations, et on change de position souvent.

Hier j’ai passé la journée à bosser assis, comme ça. Un micro changement de position et tout change.

Télétravail médiéval (wifi included) au ras du sol

Télétravail médiéval (wifi included) au ras du sol

Partage

Mes expériences ne sont pas qu’introspectives et solitaires.

Dimanche dernier je suis allé avec Guillaume, un autre participant au stage et déjà instructeur faire une petite séance dans le parc de Saint Cloud. Guillaume est un ancien “trailer” et il est taillé comme tel, fin, sec, avec un haut du corps d’alpiniste. Après 20 minutes de course relativement rapide, en 5 fingers évidemment, nous trouvons un spot avec un bel arbre aux branches basses, une petite pièce d’eau et une pelouse accueillante. Un camarade de jeu nous rejoint.

Nous allons faire nos gammes, puis tester de nouvelles postures, manières de s’asseoir et de se relever : paraissant toutes faciles quand on les voit exécuter, mais visiblement mon cul pèse nettement plus lourd que celui de mes camarades. Essayez donc de vous relever en étant assis avec un genou fléchi, pied près du corps et l’autre jambe tendue. En gros c’est un squat à une jambe (on appelle ça un pistol aussi en langage muscu) et c’est pas de la tarte. Comme pour tous les mouvements MovNat, on retrouve  force, explosivité, capacité à maitriser le déplacement de son centre de gravité. N’empêche que je n’y arrive pas. Pas encore.

Ensuite nous allons explorer l’arbre. Être près du sol est une chose, en être éloigné pose d’autres challenges : la peur. Se suspendre, attraper la branche avec les jambes puis lâcher un bras et une jambe, ça rape et ça frotte, ça fait un peu peur aussi. Je sent la tension induite par la peur qu’il faut essayer de maitriser aussi. Je n’arrive pas à me balancer correctement, je triche en m’aidant du tronc mais ce n’est pas grave. S’ensuit un “combo” où nous allons effectuer un petit circuit entre quelques branches, en sautant carrément d’une branche à l’autre au dessus de la flotte. Quelques pensées assez négatives me traversent “tu vas vraiment avoir l’air con si tu te rates et tu te retrouves à la flotte” et puis s’en vont. Si le ridicule tuait, je serais mort depuis longtemps, et puis, c’est celui qui n’essaye pas qui est le plus ridicule, non, prisonnier du regard des autres, prison invisible et tellement puissante.

Finalement je vais arriver à le faire mon saut de branche en branche et je serai évidemment fier comme un pou d’avoir réussi !

Zoo

Le regard de l’autre réapparait sous la forme d’une mamie peinturlurée comme un camion volé, au postérieur volumineux, qui vient nous faire la leçon et nous menacer “j’ai pris des photos, j’ai appelé la police, vous n’avez pas le droit de grimper aux arbres ni d’être sur la pelouse”. J’essaye de lui expliquer que l’arbre, on l’aime autant qu’elle et qu’il doit apprécier les calins qu’on lui fait. Peine perdue. Tristesse de voir la colère de la personne enfermée qui ne supporte pas de voir ses congénères en liberté. Il a peut-être raison quand il parle du zoo humain, Erwann Le Corre.

Comme on veut tous éviter les emmerdes, on se casse en courant comme des galopins en lui souhaitant une bon Dimanche. On s’est bien marrés et j’ai appris encore quelques élements de mouvement.

L’après midi je sors mon épouse dans le jardin et je lui montre quelques trucs; ironique au début “mais ça sert à quoi de marcher à quatre pattes ?” puis incrédule par rapport à ses propres difficultés à se mouvoir, elle appréciera la séance et m’avouera le lendemain avoir eu quelques courbatures inattendues. Et avoir envie de recommencer.

On bûche maintenant !

D’autres effets secondaires commencent à se manifester. Mardi en allant faire un 3.000 sur piste pour m’étalonner je réalise que les barrières qui entourent la liste peuvent faire des barres de suspension parfaites, et je commence à penser à installer une barre haute dans mon jardin. Il va falloir négocier dur :-).

Ce week-end je suis donc dans la maisons d’amis dans le Cotentin. J’avais envie d’emmener une kettlebell et puis j’ai oublié. Mais dans la grange il y a des buches de taille et de forme variées. Qu’à cela ne tienne ! Ma petite séance hier après des 30 30 sous une pluie battante avec mon pote Nono se fera avec des buches.

On buche nos postures !

On buche nos postures !

N(oublions pas les bonnes habitudes quand même !

N(oublions pas les bonnes habitudes quand même !

Des vraies, pleines de poussière.  Incrédulité de mes amis, qui se transformera en franche rigolade le soir, certes après l’ingestion d’une quantité assez significative d’alcool, où nous nous ferons des passes de buches par dessus les canapés, sur lesquels nous ferons ensuite des concours d’équilibre. Rassurez vous, personne n’a été blessé.

Who needs kettlebells ?

Who needs kettlebells ?

Ce matin, pendant que mes amis et ma femme jouent au tennis, je vais passer une heure à enchainer diverses mouvements, toujours près du sol, et me ballader en portant à bout de bras une buche de 15 kilos.

une vraie buche ce mec !

une vraie buche ce mec !

Les vaches du champ voisin n’en sont pas revenues 🙂

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3 commentaires pour Movanatation …

  1. nfkb0 dit :

    je me suis rassis correctement en lisant ton billet 🙂

  2. Gui Eb dit :

    « mamie peinturlurée comme un camion volé » …mort de rire, je partage ton diagnostic, malheureusement il est souvent vain de tenter de dialoguer avec ce genre de personne tellement le fossé générationnel et culturel est grand. Ravi que ça t’es plu, que tu mettes en pratique. Encore un bon billet phil !

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